L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Camerounpar Winnie Patricia Etonde Njayou Université de Douala - Doctorat 2023 |
2. RéappropriationFigure N° 10 : El Hadj MBOMBO NJOYA sur le trône de son ancêtre, photographié par Rainer WOLFSBERGER, en 2008 à Zurich.
Source :Courtesy Rietberg Museum. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021. Cette photo montre l'actuel Sultan, Sa Majesté le Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA pendant un vernissage au « RietbergMuseum » de Zurich. A la demande des journalistes, le Sultan avait pris place sur le trône de son grand-père NSANGU. Bien conscient de la transgression de l'étiquette muséale européenne, le Sultan a profité de cette opportunité pour faire un acte de réappropriation spontané. Ici, le geste d'obéissance du serviteur ne se dirige plus vers le maître, mais directement vers la caméra.Plus tard, le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA a souligné le rôle important du trône comme messager de l'histoire du pays BamounBamun et de créativité. Cette exposition met en exergue d'une certaine façon l'inclusion de l'exercice de la politique à travers les arts. Sur une photo datant de l'année 1912, le commerçant autrichien RudolfOLDENBURG pose son pied sur le piédestal du trône. NJOYA a dû empêcher ses fidèles de punir Oldenburg pour cette désacralisation du trône puisqu'il s'agit d'un symbole de pouvoir. Les critiques du colonialisme interprètent cette scène également comme un affront.Cette scène prise par un photographe de l'époque a été moulée en bronze à Foumban dans le style typique de l'artisanat local. Figure N° 11 :Groupe de figures en cuivre présenté par le Sultan Ibrahim MBOMBO NJOYA à l'Ethnologisches Museum, photo prise par Michaela OBERHOFER, Foumban, 21ème siècle. Source : Courtesy Ethnologisches Museum, Staatliche Museum zu Berlin. Photo disponible dans l'ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndjikman.com et consulté le 13 avril 2021. En 2009, le Sultan El Hadj Ibrahim MBOMBO NJOYA a présenté cet objet accompagné de la photo de 1912 à l'EthnologischesMuseum. En se servant de la même stratégie que son grand-père et notamment de l'échange des cadeaux, l'actuel souverain des BamounBamun cherchait à rappeler les relations particulières entre les Allemands et son peuple. Ce nouveau cadeau devait renforcer l'engagement politique et culturel de l'Allemagne pour le BamounBamun en évoquant en même temps l'ambivalente histoire du trône de NJOYA1374(*). De plus, le Roi NJOYA en tant qu'homme habile et rusé sut également jouer de la photographie pour atteindre ses objectifs. A cette époque, le Roi NJOYA utilisait la photographie à des fins POLITIQUES : il n'était pas seulement conscient de la manière dont il souhaitait être présenté, il faisait aussi lui-même des expériences avec cette nouvelle technique. L'ingénieux souverain s'intéressait aux technologies modernes telles que la photographie pour s'en servir comme instrument visuel au service de l'histoire et de la mémoire des aspects qui occupent une place de très grande importance dans l'art royal du BamounBamun.Mais la brève période du style militaire européen s'est achevée en 1909 lorsque, NJOYA était de plus en plus déçu par la politique coloniale allemande et a ainsi renoué avec ses alliés islamiques. Toutefois, la personnalité du RoiNJOYA fut appréciée et même valorisée par ses amis « allemands » qui à leurs yeux, était un monarque visionnaire et qui se souciait du bien-être de son peuple. * 1374Ibid., p. 20. |
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