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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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CHAPITRE III : LANGUE(S) ET INTEGRATION

Cette partie entre dans le coeur de ma problématique en exposant le lien qu'il est possible d'effectuer entre langue(s) et intégration. Les représentations sociales ont été précédemment définies comme permettant à un individu de se représenter une réalité complexe. Je montrerai dans cette partie que le phénomène migratoire, en tant que processus complexe à appréhender, est particulièrement touché par un amas de représentations souvent péjoratives. Entre représentation et réalité, il semble difficile de comprendre pourquoi ce lien s'opère automatiquement. La part du réel dans cette représentation semble d'autant plus difficile à percevoir car il faut : « inclure dans le réel la représentation du réel » (Bourdieu, 1982 : 136). Je ferai en sorte d'aborder dans les parties suivantes, l'immigration sous l'aspect des RS mais aussi au travers des motifs réels d'arrivée de mes enquêtés (III-1) puis je tenterai de finir ma partie théorique avec les notions d'intégration, de sentiment d'intégration et j'associerai maitrise de la langue et intégration (III-2).

III-1 L'immigration : de la représentation à la réalité

1.1 Le « problème » de l'immigration

Mon corpus comprend majoritairement des femmes et un homme provenant du Maroc mais aussi une femme provenant du Liban et une du Brésil. Ces personnes ont immigré en France pour des raisons diverses (travail, regroupement familial, droit d'asile, etc.). Ces profils parcellaires d'immigrés sont avant tout et simplement des parcours de personnes ayant quitté leur pays. J'entrerai plus en détail dans les profils de mes enquêtés dans la méthodologie. Il ne s'agit pas dans cette partie de reprendre l'histoire de la migration en France ni même d'insister sur le pays d'origine de mes enquêtés et de faire des correspondances de type : pays d'origine équivaut à tel profil d'enquêté, car mon but n'est pas de prendre en compte ces données trop générales pour en faire des liens incongrus avec le sentiment d'intégration de mes enquêtés. Par contre, je prendrai en compte les éléments liés à leur propre apprentissage du français dans le pays d'origine. Aussi, je rappelle que l'objet de ce mémoire reste l'étude des phénomènes linguistiques en lien avec des paramètres sociologiques et qu'il est donc important de soulever quelques aspects de cette discipline.

Le problème que j'aimerais ici mettre en avant n'est pas celui de l'immigration mais plutôt celui de la problématisation de ce phénomène en France. En effet, depuis quelques

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années, « la société, les institutions, les individus, prêtent une attention préoccupée au phénomène migratoire. Celui-ci revêt en ce moment des allures d'urgence » (Mahieu & Reca, 2007 : 733). Lorsqu'il est question d'aborder l'immigration et l'immigré, de manière systématique ils sont associés à une série de problèmes :

« Produit, le plus souvent, d'une problématique imposée de l'extérieur, et à laquelle il n'est pas toujours facile d'échapper le discours (scientifique ou non) tenu sur l'immigré et sur l'immigration se condamne, pour pouvoir parler de son objet, à le coupler avec toute une série d'autres objets ou d'autres problèmes. Est-il d'ailleurs possible d'en parler autrement ? (Sayad, 2006 : 16).

Bien que l'immigration puisse être approchée et définie d'une manière neutre et simple : « Le terme « immigration », tel que nous l'employons aujourd'hui désigne non seulement le déplacement des individus d'un endroit à un autre, mais aussi le franchissement d'une frontière » (Noiriel, 2007 : 22) avec un raisonnement logique prenant en compte des faits, des personnes et des parcours : « cette immigration ordinaire relève [...] de principes de justification qui lui donnent son sens et sa raison d'être : travail, regroupement familial, recours à des soins, formation professionnelle ou poursuite d'études universitaires » (Laacher, 2005 : 102), elle est souvent détournée et réduite à la personne de l'immigré : L'immigré, c'est avant tout l'étranger qui vient s'installer « chez nous » (Ibid. : 22). Ces discours, contribuent selon moi, à placer les immigrés dans une situation de culpabilité intrinsèque, ils sont ainsi perçus d'emblée comme coupables : « Et comme l'immigré justement, parce qu'il est immigré, est toujours coupable d'une culpabilité qui excède l'infraction qu'il peut avoir commise » (Pallida et al., 2011 : 66). Ainsi, leur seule présence sur le territoire d'accueil suffit à les rendre fautifs : « La présence immigrée est toujours une présence marquée d'incomplétude, présence fautive et coupable en elle-même » (Sayad, 1999 : 401). Je constate que cette position de culpabilité attribuée aux immigrés renvoie à une situation où celui qui attribue est en position de supériorité et le schéma suivant se dessine : « Dominants - les citoyens du pays d'immigration - et dominés - les immigrés » (Pallida, et al., 2011 : 66).

Après avoir abordé le « problème » de l'immigration, je vais maintenant m'intéresser aux sources qui ont généré de telles représentations et essayer d'en comprendre les raisons ainsi que les conséquences.

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