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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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II-2 Enjeux liés à l'identité

La partie suivante vise à exemplifier le lien fort de la langue envers l'identité et le positionnement qui s'opère à la suite des interactions d'un locuteur. Cette partie démontrera également les effets de ces divisions identitaires sur les représentations d'une personne envers une langue et plus précisément sur la pratique du français.

1.1 Interagir : un moyen de définir à la fois notre identité et notre altérité

Comme je l'ai précédemment évoqué, la langue constitue un facteur d'exclusion tout comme d'intégration selon l'acception admise par un groupe (la norme dominante) et selon le rapport d'un individu vis-à-vis de cette acception (son niveau de langue face à la norme). Si je m'intéresse à l'identité d'un locuteur, que j'entends plurielle par essence car elle se situe dans une « multi-appartenance » (Charaudeau, 2009 : 3) du fait de son âge, de son sexe, de sa profession, de sa classe sociale, etc. (Ibid. 3) mais aussi du fait de la situation actuelle de mon étude qui s'intéresse au phénomène migratoire et positionne donc dans: « une société qui se diversifie suite à des flux migratoires, l'identité montre différentes facettes notamment celle d'identité plurielle » (Reboul-Touré, 2011 : 17), je peux alors construire un lien fort entre langues et identité. Une identité que j'inscris comme le résultat d'un ensemble d'appartenances et de facettes :

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« vous vous prétendez français, espagnol, japonais ; non, vous n'êtes pas identiquement, tel ou tel, mais [...] vous appartenez à l'un ou l'autre de ces groupes, de ces nations, de ces langues, de ces cultures » (Serres, 2003 : 114).

Cette panoplie d'appartenances implique de manière plus ou moins explicite un ensemble de non-appartenances et c'est à travers les langues que ces appartenances et non-appartenances sont perceptibles car : « Notre langue structure notre identité, en ce qu'elle nous différencie de ceux qui parlent d'autres langues et en ce qu'elle spécifie notre mode d'appartenance » (Lamizet, 2002 : 5-6). Les langues de par leur implication identitaire positionnent un individu qu'il le veuille ou non dans un rapport hiérarchique vis-à-vis d'autrui, elles l'impliquent dans certains groupes et le poussent à en rejeter d'autres, ce qui le place ainsi paradoxalement :

« entre « attirance » et « répulsion », entre identité et altérité [...] c'est « l'équilibre » entre ces deux pôles qui lui donne sa substance. On pressent, en outre, que l'obligation de se situer conduit l'individu à adhérer à des agglomérats sociaux et à en rejeter d'autres » (Biichlé, 2007 : 84).

Ce rapport à autrui souligne la dualité de l'identité : l'autre est moi et je suis l'autre, l'autre étant mon semblable tout en étant différent de moi, ce qui rend l'identité : « au niveau même de sa définition, dans le paradoxe d'être à la fois ce qui rend semblable et différent, unique et pareil aux autres. Elle oscille donc entre l'altérité radicale et la similarité totale » (Lipiansky, 1992 : 7). En conséquence, pour mieux comprendre son identité, c'est à travers l'altérité et la relation qui s'installe avec autrui qu'il est possible d'y arriver et de mieux se situer : « Chacun accède à son identité à partir et à l'intérieur d'un système de places qui le dépasse (Flahault, 1978 : 58). C'est donc bien à travers les interactions avec autrui, et donc à travers la parole, que le phénomène identitaire prend forme. Cette relation qui s'établit avec et à partir de la parole permet à un individu non seulement de se situer mais aussi de situer l'autre : « il n'est pas de parole qui ne soit émise d'une place et convoque l'interlocuteur à une place corrélative » (Ibid. : 58).

J'aimerais insister sur le fait que ces deux notions (identité et altérité) sont consubstantielles : on ne peut définir l'identité sans approcher l'altérité. L'identité implique ainsi une relation d'interdépendance entre la conscience de soi qui se construit à travers l'autre « on ne peut être soi-même seul. La conscience de soi ne se construit que dans une relation d'identification et d'opposition à autrui » (Lipiansky, 1993 : 35). Je peux aussi

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ajouter que l'altérité découle du simple fait de notre existence en société « exister socialement c'est être perçu comme distinct » (Bourdieu, 1980 : 67). Enfin, je précise que l'identité se décline aussi bien de par son versant individuel (« je ») que de par son versant collectif (« nous »), les deux étant imbriqués et indissociables. Pour conclure, je peux dire qu'il est impossible de s'arrêter sur une définition de l'identité tant ce concept est dynamique, pluriel et polysémique « la dynamique identitaire ne peut plus être théorisée uniquement en termes de construction, fut-elle définie comme un processus continu et inachevé » (Demazière, 2007 : 17). Cette difficulté à définir la notion d'identité, je le rappelle, est similaire à celle que j'ai eu face à la notion de langue car toutes les deux sont bien souvent abordées dans leur singularité ce qui efface les autres langues et les autres identités possibles d'une personne.

J'ai pu montrer que parler c'est interagir avec autrui mais aussi pouvoir se définir en tant qu'individu. Toute l'importance de comprendre pour l'apprenant que parler c'est agir sur ses interlocuteurs réside dans le fait qu'il pourra ainsi mieux appréhender son environnement et avoir un rôle actif dans son processus d'intégration. Je vais dorénavant me pencher sur une forme de pouvoir plus ou moins implicite qui imprègne chacun de nous et qui amène un individu à déterminer le bon du mauvais, à prendre parti, à juger, à évaluer, à analyser, etc. le monde qui l'entoure : il s'agit des représentations sociales (RS), que je vais définir dans la partie qui suit.

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