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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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1.3 Hiérarchiser les langues et leurs usages

Mes enquêtés proviennent pour la majorité de pays où la situation sociolinguistique ramène au phénomène de diglossie (Maroc et Liban). En effet, le concept de diglossie (Ferguson, 1959), a été largement inspiré par la situation sociolinguistique des pays du

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Maghreb (Biichlé, 2007 : 65) et le Liban offre « une situation de diglossie, voire de triglossie entre l'arabe littéraire, l'arabe moderne et l'arabe dialectal libanais » (Habib, 2009 : 7). Ce phénomène correspond à la cohabitation au sein d'un même espace géographique de deux variétés éloignées d'une même langue : une variété haute (« High ») qui correspond dans le cas de mes enquêtés, à l'arabe classique/fusha et une variété basse (« Low ») qui se réfère pour eux à l'arabe dialectal marocain ou libanais.

Ce qui m'interpelle dans ce phénomène de diglossie, c'est la séparation fonctionnelle des variétés : la variété basse correspond à la langue utilisée quotidiennement (famille, travail, amis) par les locuteurs issus de ces pays et la variété haute n'est jamais utilisée dans les conversations ordinaires, quel que soit le secteur de la communauté (Grosjean, 1982 : 131), elle est réservée aux discours politiques, sermons, cours universitaires, journaux, poésie, etc. (Ferguson, 1959 : 431).

En ce qui concerne la situation du français en France, je me suis interrogée sur la légitimité d'un tel phénomène car ce pays reste « un cas paradigmatique des tensions entre monolinguisme et plurilinguisme, entre la langue et le pouvoir » (Harguindeguy & Cole, 2009 : 939). Néanmoins, il me semble que de telles interrogations se justifient du fait que la situation sociolinguistique de la France soit ambiguë envers la reconnaissance de ses langues : « dans une France qui a (plus ou moins) reconnu ses « langues régionales » et s'interroge sur sa diversité culturelle, les conflits de langues ont-ils pour autant disparu » (Ottavi, 2013 : 111). Dans mon analyse, je m'interrogerai à situer la situation sociolinguistique de la France et de celle des parlers de mes enquêtés et mettrai en lien ces éléments avec la notion de diglossie que je définis comme la cohabitation de deux variétés parentes en usage dans un même espace géographique :

« l'une symbole de prestige, généralement associé aux fonctions nobles de la forme écrite d'une langue, variété haute, l'autre symbole des fonctions terre à terre de la vie quotidienne, variété basse chacune remplissant ainsi une part bien à elle dans la société et dans la vie des personnes » (Tabouret-Keller, 2006 : 114)

Si je souhaite comprendre le rôle que joue l'apprentissage du français dans l'intégration de mes enquêtés, il me parait important de comprendre la situation sociolinguistique dans laquelle ils se trouvent. Les rapports de force engendrés par une situation de diglossie peuvent avoir des répercussions sur la reconnaissance de l'identité des

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individus. En France, les dénominations des langues ont une importance car elles permettent de situer les pratiques des locuteurs et de déceler une hiérarchie entre elles :

« La solution la plus communément adoptée, en français du moins, est l'attribution du nom de langue à la langue normalisée, de dialecte à la forme orale, ou d'un autre nom tel que parler, patois, idiome, parler étant le terme le plus général qui désigne l'ensemble des moyens d'expression employés par un groupe ou au sein d'un groupe » (Tabouret-Keller, 2006 : 110).

Cette partie a été l'occasion pour moi de développer les enjeux liés à la connaissance du français, particulièrement pour des migrants en situation d'apprentissage. La partie suivante se situe dans la continuité de cette réflexion et permettra de développer les enjeux identitaires liés à la connaissance du français.

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