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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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1.3 Parler français : un facteur d'inclusion et d'exclusion

Si les langues possèdent un pouvoir symbolique permettant à un individu de se positionner et qu'elles agissent ainsi sur sa façon d'être, je peux alors clairement faire un lien entre les langues qu'il parle et son identité: « La langue fait partie intégrante de notre identité et elle constitue un élément majeur lors de tout échange culturel et linguistique » (Tsokalidou, 2009 : 195). Ainsi, je peux considérer que ses actes de parole sont des « acts of identity » (Tabouret Keller, 1985). Il semble aujourd'hui important de s'interroger sur ce parallèle récurrent effectué entre la connaissance du français et l'intégration car en plus d'être un enjeu didactique pour les formateurs, la connaissance du français est devenue un enjeu sociétal et politique, critère d'intégration pour les populations immigrées :

« de plus en plus souvent, c'est au nom de ce critère de la connaissance du français que notre société se propose de déterminer qui est apte à émigrer en France, à y résider et à en adopter la nationalité » (Biichlé, 2007 : 2).

Les langues dont dispose un locuteur ont une valeur différente selon où il se trouve (géographiquement, socialement, etc.) et selon comment il les utilise. Ainsi la valeur d'une langue dépendrait de la compétence du locuteur à l'utiliser, de son statut social et de l'endroit où il se trouve/provient : « les linguistes ont raison de dire que toutes les langues se valent linguistiquement ; ils ont tort de croire qu'elles se valent socialement » (Bourdieu, 1977 : 23). C'est ainsi le locuteur qui ferait de ses langues soit un outil d'inclusion soit un outil d'exclusion selon sa compétence mais aussi selon le regard de ses interlocuteurs sur cette utilisation effective :

« Les langues protègent ceux qui font appartenance. Très vite, les autres, les hors sein, les étrangers, les différents, sont mis en position d'exclusion, quand ils ne doivent pas être détruits. La loi des plus forts par la sélection naturelle a ici toute sa place » (Thiberge, 2012 : 75).

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La façon dont s'exprime un locuteur le positionne vis-à-vis d'autrui et lui permet d'intégrer une identité, une posture plus ou moins légitime qui l'intègre où l'exclut d'un système dominé par des normes. Tout cela fonctionnerait comme un marché où la parole aurait une valeur prédéfinie :

« Toute situation linguistique fonctionne comme un marché sur lequel le locuteur place ses produits et le produit qu'il produit pour ce marché dépend de l'anticipation qu'il a des prix que vont recevoir ses produits... » (Bourdieu, 1980 : 98).

Je remarque ici, la comparaison effectuée entre une situation linguistique et le marché au sein duquel les discours seraient des produits ayant une valeur plus ou moins différente selon l'acception qu'un individu en fera et celle qu'autrui estimera. La solution que je pourrais proposer à un apprenant en situation de migration serait alors de lui permettre de comprendre la valeur de ses dires afin qu'il puisse ainsi s'adapter en fonction de la situation. Tout cela implique, qu'apprendre une langue passe alors aussi forcément et simultanément par l'apprentissage de savoirs nous permettant de comprendre : « les conditions d'acceptabilité de ce langage (Ibid. : 98) et d'« apprendre en même temps que ce langage sera payant dans telle ou telle situation » (Ibid. : 98). Ce travail constituerait ainsi l'objet d'un apprentissage prenant en compte le contexte de production des langues ce qui confirme qu'apprendre une langue est avant tout un acte social.

La connaissance du français convoque un locuteur mais aussi son interlocuteur à des places définies. Ces places sont déterminées en fonction de leur niveau de français qui sera synonyme d'inclusion ou d'exclusion au sein de la société française. Ces notions que j'ai abordé dans cette partie, me permette de mieux comprendre les positions de mes enquêtés sur leur sentiment d'intégration en France et le lien qu'ils en font avec leur niveau de français. Désormais, je vais m'intéresser aux langues et à leur traitement au niveau institutionnel. J'approcherai ainsi la notion de diglossie, et ce que cela implique pour l'apprenant de FLE/FLS.

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