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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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CHAPITRE II : LANGUE(S) ET POUVOIR

Les parties précédentes ont traité du rapport entre langue(s) et didactique, ce qui m'a permis d'évoquer le français sous différentes formes d'enseignement mais aussi de relativiser ces questions là. Aussi, j'ai pu traiter de la question de l'omniprésence de la norme linguistique au sein des sphères de la didactique du FLE/FLS et de la recherche en linguistique ou en sociolinguistique. Ces éléments m'ont permis de positionner ma démarche méthodologique d'approche de la langue en tant qu'enseignant de FLE/FLS mais aussi en tant qu'enquêtrice. Dans les parties qui suivent, il sera question de la langue en tant qu'enjeu de pouvoir tant linguistique (II-1) qu'identitaire (II-2).

6 Issu du site officiel de Claude Hagège http://claude.hagege.free.fr/, consulté le 15/06/2017

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I-3 Enjeux liés à la connaissance du français

La connaissance du français est souvent perçue comme élément majeur d'intégration. Parler au quotidien, n'est pas anodin. Il révèle beaucoup de nos intentions sous-jacentes et offre un pouvoir à qui sait l'utiliser. Le migrant en apprentissage peut se sentir très vite écarté du fait de ces fonctions sous-jacentes de la langue. Je traiterai dans un premier temps de ces fonctions du langage puis, il sera question dans un second temps des enjeux liés à la (re)connaissance du français.

1.1 Parler c'est agir

J'ai pu montrer que les langues génèrent des divergences parmi les chercheurs qui tentent de les définir et de les encadrer. Si l'approche saussurienne écarte la parole au profit de la langue comme objet idéal, ce n'est pas le cas des approches interactionnistes qui s'intéressent elles à la parole et à son contexte de production : « le concept interactionniste, en revanche et à l'inverse, s'attache exclusivement à la parole et à son contexte (sont-ils dissociables ?) » (Biichlé, 2007 : 30). La parole du locuteur lui confère ainsi un pouvoir, celui d'agir sur autrui et sa réalité : « il est convenu de considérer que la parole a le pouvoir de faire des chose » (Ambroise, 2009 : 1). Ce pouvoir se formalise dans un concept qui est celui de « performativité » ou « d'acte de parole » (Ibid., : 1). C'est au sein de cette approche que l'accent est enfin mis sur la parole du locuteur que l'on retrouve impliqué dans des actes dits « performatifs », désormais « le langage fait autre chose que décrire, même par des phrases d'allure grammaticalement « normale » (Laugier, 2004 : 284).

Toute l'attention est ainsi portée sur le locuteur dont le sens de ses propos dépasse la simple description de faits. Notons encore une fois qu'établir une phrase grammaticalement correcte ne permettra pas forcément à un interlocuteur d'appréhender le sens correct de cet énoncé.

Un énoncé analysé hors de son contexte aura bien souvent peu ou pas de lien avec le sens réel de cet énoncé pris dans son contexte, ce qui m'amène encore une fois à ne pas me focaliser seulement sur la forme de l'énoncé en lui-même des discours rapportés par mes enquêtés mais plutôt à rassembler l'ensemble des éléments entourant ces discours et à les analyser tous ensemble car :

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« l'analyse des actes de langage a montré que la détermination du sens d'un énoncé par des auditeurs a souvent peu ou même pas du tout de rapport direct avec ce que serait le contenu propositionnel de ce même énoncé lorsqu'on l'appréhende en dehors de son contexte » (Gumperz, 1989 : 130).

Les approches interactionnistes rejoignent l'idée selon laquelle les langues en tant qu'outils de communication agissent sur autrui « Sans doute communiquer, c'est toujours une certaine manière d'agir sur l'autre » (Foucault, 2001 : 1052-1053) et représentent un instrument de pouvoir « Les rapports de communication impliquent des activités finalisées [...] et, sur le seul fait qu'ils modifient le champ informatif des partenaires, ils induisent des effets de pouvoir » (Ibid. : 1052-1053). Parler et donc par le même mouvement interagir, renvoie à différents actes performatifs.

Je précise ainsi que les paroles qu'un individu profère, ont un poids et sont interprétables comme des actes de parole7 : le simple fait de parler permet à un locuteur d'exercer une influence sur son interlocuteur et son environnement et suggère des actions. Ces actes de langage n'ont de sens que si l'on prend en compte leur contexte social de production car ils « se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s'inscrivent elles-mêmes à l'intérieur d'actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification » (CECR, 2001 : 15).

Maintenant, j'aimerais approfondir et expliciter ce sur quoi les approches qui ont été précédemment abordées se sont opposées : la conception de la langue. J'ai pu constater que la langue pouvait se concevoir comme singulière d'un côté écartant ainsi la parole de l'individu (approche structuraliste) ou plurielle d'un autre côté en prenant en compte les variations de celle-ci (approche interactionniste). J'aimerais maintenant m'arrêter sur la représentation textuelle de la langue dans les discours. Cette représentation réveille des tensions qui me ramène encore et toujours à la représentation que l'on se fait d'une langue et soulève pour mon étude toute la difficulté et la naïveté de considérer la langue comme un simple outil de communication.

7 Speech acts. Théorie des actes de langage développée par John L. Austin (1962)

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand