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Le rôle que joue l'apprentissage du français dans le processus d'intégration des migrants en structures associatives

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par Shazia Nazir
Université d'Avignon - Master didactique du FLE/FLS et éducation interculturelle 2017
  

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INTRODUCTION

Ce travail vise à prendre en compte de manière générale, l'enseignement et l'apprentissage du FLE/FLS auprès d'un public d'adultes migrants dans les structures sociales françaises. C'est particulièrement envers ce public d'apprenants que je mènerai ma réflexion pour ce mémoire parce que : « les caractéristiques de ces adultes migrants interrogent bien évidemment la didactique de notre discipline » (Barthélémy et al., 2011 : 111) et qu'à la différence des apprenants qui choisissent d'apprendre le français à l'étranger : « pour des raisons intellectuelles, professionnelles ou touristiques, les migrants arrivent le plus généralement contraints ou forcés (raisons familiales, économiques, politiques...) »(Ibid. : 112).

Il s'agit de se demander au préalable comment est envisagé aujourd'hui la formation linguistique envers ce type de public particulier dont les motivations et attentes diffèrent d'un public FLE que l'on retrouve dans les écoles et centres de formations de type Alliances Françaises, Instituts Français, etc. Il est notamment important j'estime, d'essayer de comprendre comment en tant qu'enseignants de FLE/FLS nous sommes censés faire face à ces besoins d'apprentissage spécifiques. Ce terrain particulier sera l'objet de mon étude car il m'a paru important en tant qu'enseignante de FLE débutante de me préparer aussi à enseigner dans ce type de contexte.

Mon travail prendra plus précisément en compte les apprenants des cours de FLE/FLS prodigués au sein d'une association avignonnaise nommée Office de Gestion et d'Animation (OGA). L'objectif de ce travail est de faire ressortir les représentations des apprenants sur l'articulation entre langue(s) et intégration. Cette relation quasiment automatique, est bien souvent guidée par une logique politique. Elle sera ici envisagée directement du point de vue des personnes concernées. Mon hypothèse est que la « maîtrise » de la langue du pays d'immigration facilite l'intégration d'un migrant mais qu'elle ne peut reposer que sur ce seul facteur comme on le prétend souvent en politique :

« la question de l'intégration - notamment linguistique - des migrants est devenue dans un très grand nombre de pays européens un enjeu des politiques publiques - il serait plus juste de dire : un enjeu politique tout court » (Lochak, 2013 : 3).

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En effet, l'apprentissage de la langue du pays d'immigration est souvent l'unique solution proposée pour l'intégration des populations immigrées, ce qui semble par ailleurs soulever un paradoxe entre la volonté de reconnaissance de la diversité culturelle et le choix d'une langue commune : « le partage de la langue commune et la reconnaissance de la diversité culturelle ont l'air de s'opposer » (Archibald & Chiss, 2007 : 7). C'est ainsi que très vite, nous basculons sur la question périlleuse et inévitable de l' « identité française » et de ce qu'elle implique pour les immigrés en termes de langue(s), de culture(s), etc. à adopter :

« Dès lors, toutes les questions liées à l'immigration retentissent sur la définition de l' « identité française » en général. En ce sens, un travail sur les dimensions linguistiques, culturelles et éducatives de l'intégration des immigrés [...] participe d'un intérêt de connaissance qui importe au fonctionnement global de la société française » (Ibid. : 9).

Il m'a alors semblé pertinent d'envisager au sein de la didactique du FLE/FLS, une démarche de réflexion dans ce sens. En termes d'approche méthodologique, je pense qu'il est important de s'interroger directement du point de vue des apprenants en situation de migration en leur demandant ce que représente les langues qu'ils pratiquent au quotidien pour eux ? Quelle relation entretiennent-ils avec le français ?, s'agit-il de la seule clé d'intégration pour eux ou existe-t-il d'autres moyens ? Si les réponses obtenues convergent dans ce sens, alors qu'en est-il des apprenants migrants ayant un niveau de maîtrise conséquent du français mais qui ne se sentent pas intégrés ? Pourquoi ne se sentent-ils pas intégrés malgré un niveau de français parfois équivalent à celui d'un natif ? Que leur manque-t-il pour y arriver ? Si la question de l'intégration est si présente dans ce mémoire, c'est tout simplement que j'y ai été confrontée dès mon arrivée sur le terrain. Ma problématique a été guidée par le thème de l'intégration car il m'a semblé être une préoccupation auprès des associations offrant des cours de français.

J'ai constaté que l'objectif des acteurs au sein de ces espaces associatifs (formateurs et apprenants) vise principalement à permettre aux apprenants une intégration sociale (parfois d'urgence pour les demandeurs d'asile et réfugiés) à travers la langue. C'est pourquoi il m'a paru pertinent de m'intéresser à l'enseignement du FLE/FLS dans cette perspective intégrationnelle. Ce sera là l'occasion d'alimenter une didactique du français orientée vers ces structures sociales françaises.

On oublie bien souvent qu'apprendre une langue, c'est aussi apprendre à se construire et à s'identifier dans une langue, dans une culture autre et à y trouver des repères en se

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questionnant sur sa propre identité, mais aussi inévitablement sur celle de l'autre : « Quelle place idéale, aurais-je avec cette langue autre ? On voit immédiatement que cette question touche à l'identité mais inévitablement à la constitution de l'altérité » (Ibid.). Je souligne par là, tout l'intérêt de m'intéresser à ces deux perspectives car la réussite du processus d'intégration se fonde sur deux éléments « deux acteurs, la société et le migrant, le système et l'élément » (Biichlé, 2009).

Pour conclure cette introduction, justifier ma démarche et la positionner au sein de la didactique du FLE/FLS, j'aimerais rappeler que l'enseignement d'une langue passe inévitablement par la confrontation avec la culture de l'autre : « car il n'est pas possible de communiquer dans la vie quotidienne sans mettre en oeuvre la compétence culturelle » (Kandeel, 2013 : 76), il n'est donc pas envisageable d'évoquer la didactique d'une langue étrangère sans aborder la didactique de sa culture (Zarate 1986). En parallèle de l'aspect linguistique, je traiterai également de la représentation de cette culture chez l'apprenant migrant. Cette prise en compte de l'altérité nous amène à soulever la démarche interculturelle préconisée par le CECR qui précise que l'objectif essentiel de l'enseignement des langues consiste à favoriser :

« le développement harmonieux de la personnalité de l'apprenant et de son identité en réponse à l'expérience enrichissante de l'altérité en matière de langue et de culture. Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mêmes de construire une personnalité saine et équilibrée « (Conseil de l'Europe, 2001 : 9).

L'enseignement/apprentissage du FLE/FLS parait ainsi étroitement lié aux notions d'identité et d`altérité d'après les recommandations du CECRL, nous pouvons alors aisément permettre un travail d'analyse de ce rapport à soi et à l'autre que sous-tend l'intégration, au sein de la didactique du FLE car « dualism exists in the construction of personal identity : the comparison of the Self to the Other, including both friends and enemies »1 (Tap, 2001 : 2). J'envisagerai ainsi un travail sur les représentations selon deux perspectives : le migrant vis-à-vis de lui-même et le migrant vis-à-vis de sa société d'accueil. Enfin, ce sont toutes ces considérations qui m'ont amenée à m'interroger sur le rôle que joue l'apprentissage du FLE/FLS dans le processus d'intégration des apprenants adultes en situation de migration.

1 Un dualisme existe dans la construction de l'identité personnelle : la comparaison de soi à l'autre qui inclut à la fois les amis et les ennemis (Tap, 2001 : 2)

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I- PARTIE THÉORIQUE

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon