Performance et evaluation du cocontractant de l'administration, approche managériale de la commande publique( Télécharger le fichier original )par Arthur MALANDIN Université d'Aix-Marseille - Master II Droit des contrats publics et droit public des affaires 2016 |
Chapitre second - Une constante évaluation des offres, de la réception des offres à la conclusion du contratcontrat132.
Si nous venons d'étudier très largement l'évaluation des candidats à un contrat public et la performance qui peut s'y raccrocher il nous reste désormais à étudier l'évaluation en tant que telle du cocontractant de l'Administration. 70 132 Idem point 24. 71 Seconde partie - Une évaluation permanente du cocontractant dès la conclusion du contrat SECONDE PARTIE - UNE EVALUATION PERMANENTE DU 89. Introduction. Si nous avons pu démontrer que l'évaluation des candidats à un contrat public pouvait être un facteur de performance pour les services de commande publique, l'évaluation du cocontractant en lui même durant l'exécution du contrat reste primordiale. S'il est nécessaire dans un premier chapitre d'évoquer l'intérêt de cette évaluation (Chapitre premier), non seulement au regard de l'exécution actuelle du contrat mais également au regard d'une dimension pluriannuelle de l'achat public, nous consacrerons notre second chapitre aux modalités de cette évaluation et aux outils susceptibles d'être mis en place (Chapitre second). L'objectif de cette deuxième partie de notre mémoire va être de faire prendre conscience aux acheteurs que non seulement l'évaluation du cocontractant est vitale pour le service qu'ils dirigent et les contrats qu'ils concluent mais également qu'ils possèdent en leur sein un catalogue d'outils en apparence simples d'utilisation qui les épauleront dans cette démarche d'évaluation du cocontractant tout au long du contrat. 73 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration CHAPITRE PREMIER - L'INTERET D'UNE EVALUATION
DU 90. Introduction. Il sera question dans ce chapitre de démontrer que l'Administration a tout intérêt à s'inclure dans une logique d'évaluation du cocontractant, tant au regard de l'exécution en elle même (I) , qu'au regard des intérêts futurs (II). I - L'intérêt immédiat de l'évaluation du cocontractant lors de l'exécution du marché
A. L'évaluation au coeur du recours aux prérogatives de puissance publique
74 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration 1. Une bonne utilisation des pouvoirs de modification, de direction et de contrôle subordonnée à une bonne évaluation du cocontractant
133 JurisClasseur Administratif fascicule 638 Exécution du marché, pouvoirs de l'Administration en date du 12 novembre 2008 par Catherine Presbissy-Schnall, point 31. 134 Idem point 35. 135 Idem point 37. 136 Idem point 45. 75 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration des tarifs qu'il pratique. On ne peut penser qu'une bonne modification d'un contrat public interviendrait sans évaluation préalable et constante.
Le premier type de résiliation permet de mettre fin au contrat avant l'exécution complète des prestations pour motif d'intérêt général139. Le deuxième est prononcé comme une sanction dès lors que le cocontractant à adopter un 137 Idem point 69. 138 Idem point 73. 139 Idem point 10. 76 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration comportement gênant pour la bonne exécution du marché et conduit à la fin des rapports contractuels tout en entrainant des incidences financières particulières140. Ces deux résiliations se rejoignent sur le fait qu'aucune clause à un contrat public ne peut prévoir le renoncement de l'administration à ce pouvoir. La résiliation est la prérogative de puissance publique ultime de l'administration et de ce fait, elle est soumise au respect de conditions strictes. Il apparaitrait alors fantaisiste de la part de l'acheteur de se livrer à une résiliation sans avoir pu évaluer son cocontractant. Sans se livrer à une bonne évaluation tout au long du contrat l'Administration n'aura aucunement la possibilité d'exercer cette prérogative et si toutefois elle se le permettait nul doute que le juge entacherait cette décision de nullité puisque, par nature, elle serait sans fondement. 98. Évaluation et pouvoir de sanction. Le pouvoir de sanction de l'administration se distingue du pouvoir de résiliation en ce qu'il concerne des manquements insuffisamment graves pour justifier une résiliation. Ce pouvoir permet donc à l'Administration d'infliger des sanctions de façon proportionnée face à un manquement ou une faute du cocontractant141. Certaines de ces sanctions ne peuvent être prononcées en l'absence de clauses contractuelles, c'est par exemple le cas des pénalités de retard142. Toujours est il que pour s'exercer ce pouvoir nécessite une faute ou un manquement que l'Administration devra relever. Or, comment relever une telle faute ou manquement si l'Administration n'use pas de son droit de regard et d'évaluation sur le cocontractant ? Une fois de plus l'utilisation de cette prérogative de puissance publique reste subordonnée à une évaluation concrète du cocontractant. Nous venons de le démontrer l'Administration possède en son sein un arsenal d'outils lui permettant d'exercer ces prérogatives de puissance publique. Or l'évaluation du cocontractant reste au coeur de l'utilisation de ces prérogatives puisque, sans évaluation, soit l'Administration ne sera pas en mesure des les utiliser, soit elle les utilisera de façon erronée, risquant ainsi une condamnation par le juge. 140 Idem point 121. 141 Idem point 101. 142 Idem point 101. 77 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration Mais l'évaluation du cocontractant ne se limite pas à l'utilisation de ces prérogatives, elle peut également être un facteur d'efficacité de la commande publique. B. Une exécution efficace du contrat par l'évaluation du cocontractant
Si dans un premier temps l'évaluation peut conduire à la vérification du service fait, le cocontractant qui est au courant de cette évaluation ne peut qu'adopter une conduite plus efficace, plus performante. En effet l'Administration devient de fait l'employeur du cocontractant ce qui le contraint, comme n'importe quel employé, à travailler bien, et travailler mieux. L'évaluation en ce sens permet de faire prendre conscience aux titulaires qu'ils sont réellement surveillés et que pèsent sur eux des risques en cas de défaut d'exécution. Ce premier constat est donc au service de l'Administration qui, en menant une politique d'évaluation complète, s'assurera d'une exécution optimale du contrat de la part de son cocontractant. Toujours dans un objectif d'efficacité cette évaluation couplée de clauses incitatives de performance, qui permettent « d'améliorer les délais d'exécution, de rechercher une meilleure qualité des prestations et de réduire les coûts de production »143 permettra au cocontractant de tenter par tout moyen de se distinguer et d'être plus performant. Cette alliance récompense-évaluation est donc un facteur de performance bien plus avantageux que l'alliance contrôle-sanction. 143 Décret n°2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics, article 17. 78 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration 101. Évaluation et gestion de l'exécution. Dans un second temps l'évaluation va permettre de rectifier et de corriger les écarts constatés. Dans l'hypothèse où l'évaluation conclue à un constat négatif, il sera toujours possible pour l'acheteur de faire pression sur le titulaire par ses prérogatives de puissances publiques, ou tout du moins corriger mécaniquement ces écarts. Nous l'avons démontré, ces prérogatives ne sont possibles que par une évaluation correcte du cocontractant. Mais cette évaluation va également permettre de gérer les accidents d'exécution144. Effectivement en cas d'accident d'exécution deux choix s'offrent à l'acheteur : soit il applique à la lettre les pénalités qu'il a prévu et que le cocontractant a accepté, soit il fait en sorte d'agir dans l'intérêt général. Les pénalités, si elles sont trop lourdes et trop importantes auront pour conséquences que le cocontractant gonflera ses prix en fonction, pour s'assurer de ne pas se retrouver dans le rouge. De même leur utilisation à tout va pourrait entrainer de grave conséquences pour le titulaire qui, ne l'oublions pas, joue également la survie de son entreprise par l'exécution d'un contrat public. Ce que permet une excellente évaluation tout au long du contrat va être de prévenir et de gérer ces accidents, de sorte qu'au lieu d'appliquer bêtement des pénalités l'acheteur sera sans cesse dans l'anticipation, la recherche de solution, en gardant à l'esprit la continuité du service public, l'intérêt général, l'efficacité et la performance de son achat145. En ce sens nous ne conseillons évidemment pas aux acheteurs de supprimer les pénalités ou de ne pas les appliquer, mais au contraire de jongler habilement entre tous ces éléments pour trouver l'issue la plus favorable. Enfin l'évaluation, lorsqu'elle aboutie à un constat positif permet de mesurer l'étendue de la qualité de l'achat. Cette qualité évaluée et réelle permet non seulement de justifier cet achat, que ce soit au regard des supérieurs, des politiques, 144 Pour un management performant de l'exécution des marchés, rapport présenté par Alain Buat le 06 mars 2014, CCI de Paris page 18 http://www.cci-paris-idf.fr/sites/default/files/etudes/pdf/documents/marches-publics-management-performant.pdf 145 Idem. 79 Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration et aussi des contribuables, mais permet également une valorisation du service commande publique dans son ensemble. S'il est nécessaire de féliciter et récompenser le titulaire lorsqu'il adopte une exécution performante, il convient aussi de féliciter et récompenser le service en charge du suivi de ce marché. Cette recherche de performance par la récompense -et non par la sanction- ne peut se faire que par une évaluation complète du cocontractant. 2. L'évaluation du cocontractant au service du titulaire lui même
Chapitre premier - L'intérêt d'une évaluation du cocontractant lors de l'exécution du contrat public, un bénéfice brut pour l'Administration adoptant cette démarche le cocontractant s'assure deux choses : premièrement un avantage financier prévu par les clauses, et secondement une estimation positive de son travail par l'acheteur. Ainsi en travaillant mieux et en étant mieux évalué le cocontractant s'assure que l'Administration gardera une image positive de sa prestation globale, ce qui pourrait le conduire à l'obtention de la reconduction du marché ou de tout autre marché similaire.
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