A. Discussion sur la méthode
1. Méthode de travail et rédaction
Avant de nous attarder en détail sur les
résultats globaux de cette étude, il nous semblait important de
revenir sur la méthode utilisée et afficher une posture critique
face au travail réalisé au cours de ce mémoire.
La rédaction de ce mémoire s'est
accompagnée de recherche en méthodologie du mémoire
universitaire et du mémoire de recherche, mais d'évidentes
discordances sont présentes entre les méthodologies
proposées et les habitus de travail des rédacteurs. Nous voulions
finir de rédiger intégralement notre cadre théorique et le
faire corriger avant de débuter la phase de recherche afin d'avoir la
certitude de la cohérence générale de notre travail, mais
également de notre connaissance du sujet.
Or, les impératifs méthodologiques et des
impératifs extérieurs ont chamboulé grandement nos
souhaits de rédaction, ayant engendré la création d'une
partie supplémentaire à une période bien trop proche de la
date de rendu du présent document pour notre confort.
Parmi les impératifs méthodologiques, nous
noterons la difficultés à comprendre la différence entre
hypothèses de recherches et items, mais également les
différents types de recherches possibles qui ont engendrés un
soucis de cohérence entre les différentes étapes de notre
protocole, rendant notamment l'utilisation des questionnaires (rendus
inadéquats) délicate.
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Parmi les impératifs extérieurs, nous pouvons
noter en premier lieu la discordance entre l'emploi du temps des sondés
(étudiants de M1) et l'emploi du temps du chercheur, ainsi que les
obligations institutionnelles (mémoire à faire en un an, voire
moins).
En conséquence, la présente recherche souffre de
soucis d'articulation des différents éléments du protocole
de recherche, mais également de la précipitation du chercheur
à la réalisation de certaines étapes.
Nous avons également éprouvé des
difficultés à trouver le «juste milieu» en terme de
présentation de données pour le cadre théorique : est-il
trop descriptif ? Pas assez critique ? Ne présentent-ils pas assez de
travaux réalisés dans les domaines présentés ?
Force nous a été de constater que nous ne possédions pas
nécessairement les outils pour lire des documents de recherche et y
poser un oeil critique concernant la validité des données
proposées ou des conclusions faites. L'une des plus grosses
difficultés de ce mémoire a été de savoir quand
s'arrêter de lire : quelle quantité de lecture, de savoir,
est-elle suffisante ? En luttant toujours contre la peur de «manquer»
le document important ou le nom d'auteur fondamental. Il s'avère que
c'est également un piège dans lequel nous sommes
tombés.
2. Menée de la recherche
Nous nous sommes également rendus compte en fin de
recherche de la possibilité d'inclure un autre type de public, notamment
des étudiants en didactique de l'anglais ou de l'allemand, pour lesquels
nous pensons que cette étude aurait également pu être
pertinente. Nos habitus de conceptualisation et d'articulation de nos
recherches autour du public «étudiants de FLE» ne nous a pas
permi de réaliser cela plus tôt. Ce mémoire aura donc
également été l'occasion pour nous de faire évoluer
nos représentations.
En ce qui concerne la recherche en elle-même, nous avons
noté une grande disparité entre les étudiants ayant
débutés la recherche et les étudiants l'ayant menés
jusqu'au bout. Ce facteur est lié à la discordance d'emploi du
temps dont nous faisions état dans la partie
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précédente : une grande partie des
étudiants de didactique du FLE de l'université ne sont pas
français. A la date de présentation du module, la plupart
était rentré chez eux.
Nous souhaitons également évoquer notre
inexpérience dans la menée des entretiens comme facteur pouvant
nuir aux résultats de la présente recherche : il nous est apparu
clair lors de la retranscription et de l'analyse verbale que nous étions
passés à côté d'éléments importants et
très intéressants pour notre étude. Il nous est
également apparu clair que notre formulation de certaines questions
était maladroite ou trop directe. Un soin plus poussé aurait
dû être accordé aux entretiens et à leur
menée.
Enfin, nous avons abordé la difficulté à
vérifier l'un de nos items de recherche, à savoir la
cohérence, sans observation in situ des étudiants en situation
d'enseignement. Il nous semble évident, avec du recul, que notre
recherche aurait dû posséder une étape observation.
B. Discussion sur les résultats 1.
Présentation des résultats
Suite aux éléments mis en avant dans notre
partie «discussion sur la méthode», il semble évident
que les résultats de la présente recherche doivent être
interprétés avec prudence. Pourtant, à la question :
de quelle façon une initiation au concept de la communication
non-verbale, de la gestuelle et de la gestion de l'espace influence-t-elle la
pratique des enseignants débutants de Français Langue
Etrangère ? Nous pouvons tout d'abord de noter que cette
initiation a bel et bien un impact dans la représentation des
étudiants. Notre étude ne nous a pas permis de mesurer un impact
sur la pratique.
Nous avons également pu vérifier notre
hypothèse nécessaire de travail, c'est à dire : est-ce
qu'une telle formation est manquante à la formation initiale des futurs
enseignants. A partir de là, nous avons pu, au travers une analyse
textuelle du corpus des entretiens, mettre en avant quatre catégories
générales d'évolution.
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En premier lieu, nous avons mis en avant des modifications
dans le domaine de la communication : suite à la formation, les
étudiants semblent plus attentif à la distance qu'ils prennent
avec les apprenants. Ils comprennent que cette distance est importante pour la
transmission et l'efficacité des méthodes d'enseignement. Ils
accordent généralement un soin renouvelé aux gestes de
transmission. Au niveau de la communication verbale, ils font visiblement plus
attention aux éléments paraverbaux (posture, ton, qualité
de la langue).
En second lieu, nous avons mis en avant des changements dans
les éléments de gestion de l'espace : les étudiants font
plus attention à se déplacer dans l'environnement de travail. Ils
comprennent que les agencements didactiques dictent les déplacements, et
que ceux-ci sont fondamentaux pour interagir avec les apprenants et encourager
les échanges entre apprenants.
Enfin, nous avons également noté deux domaines
d'évolution que nous n'avions pas prévu : tout d'abord, un
changement dans la perception des interactions entre les apprenants. Les
apprenants sont considérés comme des êtres sociaux dont les
interactions dépassent uniquement le contexte de la salle de classe.
Enfin, nous avons cru souligner un besoin, ou une envie d'illustration des
pratiques dans la formation, qu'elle passe par une observation obligatoire en
classe de langue ou par l'utilisation de vidéos de pratique comme
support pédagogique au cours de la formation.
Comme précisé plus tôt dans le
présent document, la présente étude ne nous a pas permis
de mesurer une évolution dans les pratiques effectives, faute
d'observation en salle.
2. Propositions
L'une des ambitions premières du présent travail
résidant dans une proposition de module de formation pour les
étudiants de FLE de l'Université du Mans. Suite au présent
travail, notre ambition s'est vue grandement réduite. Pourtant, nous
estimons que les concepts abordés et les études citées
sont d'une certaine importance et font écho aux souhaits et
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besoins des apprenants. Pour la plupart, le stage de formation
en M1 est la première expérience de l'enseignement, et pour peu
que ce stage soit mal ou pas encadré, cette première
expérience ne laisse pas forcément l'occasion de fleurir ou
évoluer positivement.
Nous ferons ainsi deux propositions dans cette partie.
En premier lieu, nous proposons d'encourager l'utilisation de
vidéos de pratique de classe au cours de la formation des futurs
enseignant de français Langue Etrangère, afin de leur permettre
une illustration de la pratique enseignante du FLE. Ces vidéos
permettent également d'illustrer des nombreux publics que les
étudiants ne connaissent pas forcément : leur formation semble
les prédisposer à la pédagogie, or nombreux sont ceux qui
enseignerons à des adultes. De plus, l'utilisation de vidéos
comme supports pédagogiques permettraient d'offrir des premières
bases d'analyse pour l'observation effective en classe réalisée
au cours de leur formation, et fournir des éléments d'analyse de
pratique réflexive..
Enfin, nous proposons également la mise en place d'un
module de formation, qui pourrait être articulé autour de
l'analyse de vidéo de pratique de classe. Il n'est pas question ici
d'établir «les bons gestes» ou «les mauvais gestes»,
mais de s'appuyer sur la recherche-action en science de l'éducation pour
former au mieu les futurs enseignants en langue, notamment en leur exposant des
travaux réalisés articulant enseignement et organisation
spatiale, communication non verbale, interactions....
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VII. Bibliographie
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