A. Le principe de la communication
1. Communication « primitive
»: émetteur, récepteur, canal,
code
La classe - qui est le lieu de notre étude et sur
laquelle nous nous arrêterons plus loin -, en temps que lieu
d'interaction, induit un environnement social : nous supposons que toute
interaction réalisée dans un environnement social implique une
situation de communication dont plusieurs modèles de description
existent : nous nous efforcerons de décrire ici ces modèles et
retenir celui qui me paraît le plus pertinent avec notre sujet, mais
également le plus complet.
Le sujet de cette étude nous a permis de nous rappeler
nos études de linguistique, suivies au cours de notre formation, et de
la proposition faite dans les travaux de Benveniste (1966) sur la situation de
communication où celle-ci suppose trois éléments
(variables, en fonction du contexte, du type de communication...) : un
émetteur, un interlocuteur et un message. L'émetteur et le
récepteur, dans ce cas, sont des êtres vivants, acteurs dans un
environnement social et culturel.
Notre objectif ici n'est pas de définir la
communication comme sujet d'étude en science du langage : nous en
garderons la définition du Dictionnaire de Linguistique et des Sciences
du Langages de Dubois & Mathée (2001) qui la définissent en
« le fait qu'une information [soit] transmise d'un point à un autre
(lieu ou personne). Le transfert de cette information est fait au moyen d'un
message qui a reçu une certaine forme, qui a été
codé [...] la transformation de message sensible et concret en un
système de signes ou de code, dont la caractéristique essentielle
est d'être une convention préétablie, systématique
et catégorique. »
Afin de mieux appréhender ce concept de l'interaction,
il convient peut-être en premier lieu d'adopter une approche historique
de la communication comme sujet d'étude, et les premiers travaux (qui
nous intéressent car ils définissent de quelle manière
nous échangeons,
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interagissons avec « l'autre ») en la matière
remontent à la moitié du XXième siècle avec Claude
Shannon (1948, 1949) et Warren Weaver. Considéré comme le
père du binaire, Shannon met en lumière, dans ces travaux en
informatique, l'importance de la communication dans un système. Il tente
de théoriser le processus de communication lors de ses recherches en
informatique, ce qui induit la réduction du processus de communication
de la manière suivante :
Figure 1 : Modèle de Shannon et Weaver (1948). Ce
schéma propose une explication de la communication dans un
système
informatique (réalisé depuis le texte).
Ainsi, dans la situation proposée par Shannon (fig. 1),
la source émet un message qui est transmis à l'émetteur.
Celui-ci le code et le transmet au récepteur par un canal. Le canal peut
être codé. Le récepteur décode, interprète le
message, et le transmet au destinataire, phénomène
également observé dans la salle de classe entre les apprenants et
les enseignants. On peut néanmoins noter, hors du cadre de ce
mémoire, l'effort qu'a eu le chercheur, au long de sa vie, de
détacher la création de ce modèle de toute autre
volonté que celle de théoriser le renseignement militaire.
Pourtant, son analyse est juste, et peut être considérée,
dans l'entreprise qu'est la définition d'un processus aussi complexe que
la communication, comme une première pierre nécessaire aux
études menées par la suite, ou tout du moins comme une
étape importante pour notre compréhension dans le présent
document.
Des chercheurs tels que Jakobson (1963) ont repris le
même type de schéma en l'adaptant aux interactions humaines, ce
qui nous intéresse grandement dans le contexte de la salle de classe :
destinateur, destinataire, message, canal et code.
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Figure 2 : Modèle de Jakobson (1960), qui
représente le processus de communication.
Dans ce modèle, l'émetteur transmet un message
au récepteur, via un canal particulier. Ce message est, tout comme dans
le modèle de Shannon, codé. L'ensemble dépend d'un
référent qui permet une attache sémantique.
De fait, ce modèle bien que rudimentaire - ou primitif
dans le sens où il a été l'un des premiers modèles
- reste pertinent. On peut rebaptiser l'émetteur, ou le
récepteur, ou le
1
message, cette composante triple reste intuitivement
pertinente, et les éléments de codification ou de médium
de communication trouvent également leur place.
Pourtant, on ne peut nier une certaine approche
mécanique, rigide, de la communication, et une mise en avant partielle
de la composante linguistique. Or, nous concevons ici la communication comme un
processus qui n'est pas l'apanage exclusif du verbal. Pour revenir aux
définitions présentées, la facilité - ou
peut-être l'ignorance - nous feraient oublier que la communication entre
les deux « sujets » sociaux que sont l'émetteur et le
récepteur n'est pas toujours verbale, vocalisée : elle s'effectue
également par les gestes, la posture... éléments que nous
étudierons plus loin dans ce mémoire.
Outre le contrat didactique (Brousseau, 1990 ; Brousseau et
Warfield, 2001) parfois implicite, les gestes, les mouvements, les expressions
du visage... sont autant d'éléments de
1 Si Benveniste a une approche similaire, ces
travaux ne datent que des années 60. Ceux de Shannon datent des
années 50. Mais les travaux de Shannon n'ont été
démilitarisés que dans les années 80, les travaux de
Benveniste, abordés en ouverture de cette partie, bien que
postérieurs, ont été connu « du grand public »
plus tôt que ceux de Shannon.
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communication qui sont, pour le coup, non verbaux. Mais
qu'est-ce exactement que la communication non-verbale ? Nous tenterons de
présenter dans ce présent dossier des éléments qui
la composent et diverses définitions afin de permettre au lecteur une
vue d'ensemble cohérente.
2. La communication non-verbale
Jean-Marc Colletta (2005: 32) précise que « la
langue ne se présente jamais nue mais au contraire habillée du
costume de la voix du locuteur, et du pardessus de ses attitudes, gestes,
mimiques et regards » et les premiers travaux réalisés en ce
sens peuvent être liés à Paul Watzlawick (1967),
théoricien connu entre autres pour ses travaux sur la théorie de
la communication.
En collaboration avec d'autres chercheurs, Beavin et Jackson,
est publiée en 1967 Une logique de la communication qui
s'efforce alors de proposer une axiomatique de la communication, c'est à
dire un ensemble de règles pour la plupart indémontrables, en se
concentrant sur les relations interpersonnelles de la communication.
L'équipe avait à l'esprit également de mettre en
lumière les troubles pathologiques que peuvent impliquer des
problèmes dans cette communication interpersonnelle et parvient à
formuler cinq axiomes de la communication, que je tenterai d'expliquer ici.
a) Les axiomes de la communication non
verbale
- Tout comportement est communication :
Le comportement possède un principe fondamental : il ne
possède pas de contraire. Par conséquent, la non communication
n'existe pas, et donc tout comportement est communication. Le silence,
l'immobilisme, l'inactivité... tout cela a valeur de message. Ce message
peut certes avoir plus de valeur dans des situations particulières, mais
il reste un message pour autant.
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La communication n'est pas un phénomène toujours
conscient : un geste, un mot ou un regard non-intentionnel sont porteur de
sens, que le sens soit compris ou non par le récepteur. Cet axiome pose
très probablement le problème du malentendu, mais ce
problème n'eclipse en aucun cas la valeur de l'axiome proposé par
Watzlawick.
- Contenu et relation :
Le message, dans la communication humaine, transmet
également un contenu, dont l'ordre de présentation est important.
Nous pouvons ici prendre l'exemple d'une recette de cuisine afin de simplifier
notre explication : une étape d'une recette de cuisine repose
(généralement) sur l'étape précédente. Dans
une recette de type : mettez de la farine dans une jatte. Ajouter des oeufs
à votre farine, on ne peut pas ajouter les oeufs sans avoir au
préalable mis la farine dans la jatte. L'ordre est important. Une
nouvelle fois, nous écartons volontairement l'idée du malentendu,
qui n'empêche pas l'échange d'information. Ce type de
hiérarchie (ou « ordre ») se retrouve également en
informatique, où l'ordre des ordres donnés à la machine
est fondamental pour que la machine réalise la commande
exigée.
La relation, quant à elle, peut dépendre du
contexte, comme ce peut être le cas avec une phrase du type « cela
te convient-il » ou « ce n'est pas rouge ! », mais peut
également dépendre d'éléments de communication non
verbale, comme l'expression du visage ou l'accentuation de tel ou tel mot,
aussi appelés paraverbal.
- Ponctuation des séquences de fait :
Une autre des propriétés fondamentales de la
communication est l'interaction entre les partenaires. La communication est un
système circulaire où l'interlocuteur A va s'approprier,
reprendre, reformuler, le message de l'interlocuteur B, qui fera de même
de son côté. En reprenant l'expression de Whorf (1969),
Watzlawick, pour définir ces « moments » où les
interlocuteurs « empruntent » des éléments l'un
à l'autre, utilise le terme de « ponctuation des séquences
de fait » (p.50). Cette ponctuation, qu'elle soit verbale ou non verbale,
peut suivre, selon la psychologie comportementaliste , une séquence
« stimulus-réponse-renforcement » et
2
peut être source de nombreux conflits relationnels.
2 Notamment Watson et Skinner
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- Analogique et digital
Il existe deux types de communication : analogique et
digitale.
La communication digitale passe par le langage verbal. Elle
possède une structure logique, complexe et précise. Dans la
communication verbale, les mots sont des signes abstraits qui obéissent
à la syntaxe et dont le sens est fruit d'une convention
sémantique. En dehors du contexte de communication, les signes ne sont
donc plus porteurs de sens. La communication digitale représente le
contenu du propos.
Par complémentarité, la communication analogique
comprend tous les éléments appartenant à la sphère
du non-verbal, parmi lesquels on recense alors : les mouvements, la voix ainsi
que les autres manifestations non verbales de la communication. C'est dans la
communication analogique que s'expriment les relations entre les individus.
- Symétrique ou complémentaire
Watzlawick donne également des précisions
concernant la nature des échanges communicatifs : la communication est
soit symétrique, soit complémentaire. La relation
symétrique présente une relation d'égalité entre
les participants à la communication. A l'inverse, une relation
complémentaire exprime une différence qui peut être de deux
types : une position haute ou une position basse.
b) Les types de communication non verbale
Lorsque l'on met de côté l'apparat de la voix
dans la communication, que reste-t-il ? Nous avons évoqué dans la
présentation des axiomes de la communication non verbale quelques
éléments de réponses à cette question. Nous pouvons
notamment commencer par évoquer la posture du corps : s'il existe des
informations accessibles pour une « bonne » posture, une posture
d'ouverture, de contact, d'échange, un enseignant assis derrière
son bureau semblera moins dans l'interaction qu'un enseignant debout, en
posture de travail.
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Par ailleurs, cette partie de notre mémoire se
contentera de présenter ce que Guy Barrier (2010 : 81) nomme « les
expressions émotionnelles et les gestes de contact », les deux
ensembles de classification des éléments de la communication non
verbale. Les gestes seront détaillés plus
préciséments dans notre seconde partie car leur richesse nous
intéresse tout particulièrement.
Ainsi, à la posture, nous pouvons ajouter les
expressions du visage, qui sont également des éléments de
la communication non verbale : s'il ne semble pas que les expressions du visage
soient universelles (par exemple les gestes de visage pour répondre oui
ou non diffèrent selon les cultures), Ekman (1971) évoque
quelques universaux, notamment en matière d'émotions
élémentaires (peur, joie, surprise, tristesse, colère et
dégoût).
Parmi les gestes de contact, parfois appelés gestes de
réconfort, on peut nommer le fait de se toucher les cheveux, de se
gratter, manipuler le même objet, les petits tics de nervosité de
certaines personnes... Ces gestes donnent des informations
générales sur l'état d'esprit de la personne et peuvent
être, dans le contexte de la salle de classe, autant
d'éléments à prendre en compte, que ce soit de la part de
l'enseignant ou des apprenants.
Notre précision sur les axiomes de la communication non
verbale nous a également permis d'affirmer que le ton est un
élément de la communication non-verbal : s'il accompagne
généralement un élément verbal, le ton peut rentrer
dans la catégorie du non verbal en cela qu'il ne traduit pas per se
un élément verbal, mais accompagne celui-ci et donne des
indications paraverbales. Son caractère sonore permet de le
repérer facilement.
Pourtant, tous les éléments de la communication
ne sont pas «aussi faciles» à repérer que le ton, ou
les expressions du visage, ou la posture. Des indices plus subtiles existent :
il y a les micro expressions (évoquées également par
Barrier et Ekman), mais leur discrétion ne les rend pas pertinentes pour
notre étude : notre objectif n'est pas de former nos enseignants
à repérer les micro expressions des apprenants, mais simplement
à prendre en compte le paraverbal et le non verbal dans une certaine
mesure, ou au moins avoir conscience de son importance.
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La facilité de repérage des autres
éléments de communication non verbale n'empêche pas pour
autant de possibles problèmes de communication. La partie suivante
veillera à expliquer ce paradoxe majeur.
3. Le paradoxe de la communication
Les travaux réalisés par l'équipe de
Watzlawick émergent en même temps que naissent des courants de
recherche interdisciplinaire qui permettent le développement des
sciences cognitives. Nous nous concentrerons ici sur l'oeuvre de Bateson,
Steps to an Ecology of Mind (1972), notamment en matière de
cybernétique.
La cybernétique, courant de recherche ayant
émergé peu à peu aux alentours des années 50, se
présente comme la théorie de la commande et de la communication,
chez les animaux et les machines. Mais Bateson, dans son ouvrage, applique la
théorie de la cybernétique à un ensemble de concepts,
liés à une problématique psychiatrique. La
cybernétique propose une approche systémique des
éléments en présence : les éléments font
partie d'un ensemble d'organes, regroupés en « types » ou
« fonction élémentaire », obéissant à des
règles d'arrangement particulier.
Elle permet, en outre, de se détacher de l'explication
causale, c'est à dire de l'explication qui suit un enchaînement
logique, linéaire, de cause-conséquence et dont le
résultat peut donc être complètement prédictible en
raison des indices en présence, pour préférer une
explication cybernétique, qui elle se concentre plutôt sur la
question du pourquoi quelque chose d'autre ne s'est pas produit, pourquoi
est-ce cela et pas autre chose. En cybernétique, les
éléments présents ne sont pas des indices mais des
restrictions.
La prise en compte de la cybernétique est
intéressante pour notre présent travail car elle propose une
approche systémique de l'objet d'étude, ce qui est l'un des
objectifs du présent document : en étudiant la salle de classe,
de nombreuses variables apparemment aléatoires doivent être prises
en compte pour le sujet de la communication non-verbale, éléments
que
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nous détaillerons dans la présentation de notre
protocole. Par ailleurs, l'explication cybernétique - c'est à
dire, une explication non causale dans un système - couplée
à une approche stochastique - c'est à dire la quantification de
phénomènes aléatoires - peut être
intéressante et pertinente lorsque l'on étudie la communication
non-verbale dans la salle de classe, en permettant de se concentrer sur une
variable aléatoire (un geste par exemple, que nous détaillerons
plus loin dans notre cadre théorique) et en observer les effets, les
causes... dans la salle de classe, auprès des apprenants.
Au delà d'une aide à l'émergence de la
cybernétique, les travaux de Bateson ont également permis de
donner naissance aux chercheurs dit de l'Ecole de Palo Alto, dont la reprise
des fondements de la cybernétique a permis des études
complètes sur le comportement, et notamment la verbalisation du paradoxe
de la communication. Il obtient en 1952 des fonds pour la mise en place d'une
étude sur le paradoxe de l'abstraction dans la communication, en se
focalisant principalement sur des patients atteints de troubles psychiatriques,
notamment schizophréniques.
Si cette étude se concentre en effet sur des patients
atteints de pathologies psychologiques, les concepts qui y sont
révélés peuvent également s'appliquer à la
salle de classe. : l'école de Palo Alto, s'appuyant sur les travaux de
Watzlawick, sur les travaux d'étudiants en communication et sur la
cybernétique, s'oppose à l'approche trop rigide de la
définition de la communication telle qu'elle peut être
perçue par l'opposition verbal / non verbal (analogique et digitale).
Bateson, et les autres chercheurs, notent une dissonance entre l'expression
verbale des malades et leur « communication corporelle », mettant
ainsi en valeur la notion de « double contrainte » (pp.276-262).
Le principe de la double contrainte s'exprime notamment
lorsque le message verbal et le message non-verbal s'opposent ou ne sont pas
compatibles, ce qui peut arriver dans le contexte de la salle de classe. Cette
opposition peut être de plusieurs ordres différents, notamment par
message direct : « soyez spontanés ! ». Difficile d'être
spontané lorsqu'on nous le demande ! Mais également d'ordre
pictural (opposition message iconographique / message textuel : un panneau de
sens interdit qui précise qu'on peut avancer). Le point sur lequel la
double contrainte prend son intérêt en salle de classe est par le
mutisme qu'elle peut
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être amenée à provoquer, qui clôt
alors la situation de communication. La double contrainte peut aussi s'exprimer
dans d'autres éléments du paraverbal, notamment le ton :
encourager d'une voix trop forte, ou crier des compliments... Elle peut
être également de l'ordre d'un geste utilisé dans un
contexte très différent que son usage habituel, ce qui peut
amener un trouble de compréhension pour l'apprenant.
4. Le non verbal dans l'enseignement
Dans la situation de la salle de classe la posture, les gestes
et le paraverbal sont autant d'éléments du non-verbal que
l'enseignant utilise pour communiquer une information, donner des indications,
exprimer sa satisfaction, transmettre concepts et idées... Être
conscient de la double contrainte, et être conscient de l'importance du
non-verbal dans la salle de classe, semblent être des
éléments importants pour la pratique enseignante.
La question que l'on peut alors se poser est quelle est
exactement l'importance de ce non-verbal dans la salle de classe ? L'article de
Jean-François Moulin (2004 : 33) propose une théorie
intéressante : « les comportements non verbaux du maître
participent à l'instauration de son autorité dans la classe et
correspondent à des compétences qui peuvent s'acquérir
». De prime abord, cette hypothèse me semble porter un fond de
vérité : un enseignant confiant, ouvert, conscient de son corps
et maîtrisant les éléments du paraverbal donnera une
impression générale de maîtrise de sa salle de classe et
laissera peu de latence à ses apprenants pour le perturber ou perturber
la classe.
L'hypothèse de Moulin s'appuie sur un constat des
comportements qui « font la différences » dans la «
réussite scolaire », notamment entre les enseignants
débutants et les enseignants expérimentés (qu'il nomme
« experts ») (p.33). Le présent mémoire s'accorde
à penser que cette hypothèse est véridique. Nous pouvons
également poser l'hypothèse que le comportement non verbal de
l'enseignant a une influence sur la qualité de la formation.
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5. Conclusion
Il convient de faire le point sur les concepts ayant
été abordés précédemment et de revenir sur
les définitions établies de manière résumée.
Nous nous accordons ainsi ici à considérer la communication comme
le fait qu'un émetteur transmette à un récepteur un
message codé, par un canal précis. Cette communication se met en
place dans l'environnement de la salle de classe, que nous décrirons
plus précisément plus loin dans notre document.
Ensuite, tout comportement est communication, et cette
communication n'est pas uniquement verbale ; elle peut être non verbale
ou paraverbale. De plus, la communication non verbale obéit à des
lois, ou axiomes, au nombre de cinq. Les médiums de la communication non
verbale sont pluriels et seront détaillés dans la partie suivante
de ce mémoire, notamment la gestuelle : nous pouvons préciser ici
que le ton, les expressions du visage, la posture du corps, sont autant
d'éléments du paraverbal.
Néanmoins, même si tout comportement est
communication, il existe un paradoxe dans cette communication, mis en avant par
les chercheurs de l'Ecole de Palo Alto : il s'agit du principe de la double
contrainte où, pour schématiser, le message transmis peut en
plusieurs points de la « transmission » être mal
interprété (discordance signifiant/compris, ton/geste...)
En ce qui concerne l'importance de la communication non
verbale dans la pratique enseignante, nous garderons à l'esprit
l'hypothèse de Moulin concernant l'importance de la communication non
verbale, notamment concernant les « comportements faisant la
différence, concernant la réussite pédagogique, entre des
enseignants débutants et des enseignants experts » (p.33).
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