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L'usage et l'appropriation des réseaux sociaux par les jeunes: Le cas de FACEBOOK

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par Julia Denat
Institut de la communication - Université de Lyon 2  - Master 1 Communication des Organisations  2016
  

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II.1.2. Deux grandes catégories d'usage sur Facebook

Au sein de mon échantillon, 7 interviewés sur 8 sont des utilisateurs modérés voir passifs de Facebook. Le dernier n'étant pas un utilisateur de Facebook, j'ai axé mon entretien sur un autre réseau social très similaire

La majorité ont des pratiques similaires sur ce réseaux social par rapport à ceux qui restent très passifs. L'un des interviewés n'est pas utilisateur de Facebook. Toutefois, de son âge, (15 ans) j'ai pris la décision de l'interroger sur d'autres réseaux sociaux reprenant plus ou moins les fonctionnalités de Facebook.

Les grands usages de Facebook restent le partage et la communication via l'application Messenger qui est rattachée à Facebook pour communiquer instantanément. Lorsque j'ai interrogé mes interlocuteurs sur cette pratique, tous sauf un, m'ont répondu qu'ils utilisaient Messenger quotidiennement pour communiquer avec leur entourage.

Messenger leur permet essentiellement de communiquer avec des personnes proches, côtoyées dans le réel, plus rarement, avec des personnes qu'ils n'ont pas l'occasion de voir souvent.

« Dans ma liste d'amis j'écris qu'à mon entourage, après il y a des gens que je ne vois jamais dans ma liste, mais c'est cool pour recontacter des gens que je vois pas souvent ou à qui je ne parle que très rarement, c'est pratique. »

Facebook, leur permet donc de garder le lien avec des personnes qu'ils ne côtoient pas régulièrement. A cet usage, s'ajoute le partage de contenus, les `'likes `' et les identifications d'amis sous certaines publications. Les identifications se retrouvent plutôt dans le cadre du divertissement pour les sept usagers.

« Je commente toujours pour identifier quelqu'un de ma liste d'amis sur des trucs pas très sérieux et rigolos pour partager. »

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C'est donc majoritairement dans ce cas que les usagers commentent une publication. Sept des interviewés pratiquent plus ou moins ces trois usages techniques que leur propose le réseau social.

En plus, de ces pratiques l'une des interviewés étant voyageuse de 23 ans, évoque qu'elle partage aussi beaucoup de photos. C'est l'une des rares (2 sur 8 interrogés) qui publie des photos sur le réseau social. Cette action rejoint la motivation des autres dans le but de partager et communiquer avec ses proches. Cela lui permet de garder un lien avec son entourage quand elle est loin ainsi que de témoigner de ses activités à travers des photos.

Cette première réponse, de la part de sept individus interviewés, me permet de mettre en lien l'analyse de Monique Dagnaud1 qui met en lumière l'utilisation de Facebook par les jeunes de la Génération Y, comme un outil de partage permettant de converser avec son entourage instantanément.

Pour eux, Facebook est donc une sorte de chat comme l'évoquait Dominique Cardon dans l'article du Monde concernant l'étude Algopol. Dans cet article, les chercheurs sociologues définissent que la catégorie dont les jeunes font majoritairement partie est celle `' des gens qui ne publient rien mais qui regardent `'. 2

En effet, pour tous les individus interrogés ces trois principales pratiques de Facebook sont omniprésentes.

De plus, trois des individus ont évoqué la pratique de l'espionnage avec un peu de gêne :

« Je pratique aussi dans le sens de... (hésitation) beh... l'espionnage (en souriant puis rire). Tout le monde a Facebook donc c'est un moyen simple de communiquer et de voir la vie des gens en vrai, puis il faut arrêter, on sait très bien que tout le monde fait ça. »

1 DAGNAUD Monique, op.cit., p8

2 Projet Algopol, op.cit., p.23

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Ce n'est jamais au début de l'entretien que cette réponse a surgi. Lorsque je demandais leur usage sur Facebook ce n'était pas l'espionnage qu'ils mentionnaient en premier lieu mais les autres pratiques énoncées précédemment.

En plus, d'évoquer cet usage plus tard dans l'entretien, tous les interviewés l'ayant affirmé, ont présenté une certaine gêne représentée par un sourire, une hésitation ou un rire.

Par ce comportement, nous pouvons analyser une certaine anticipation au jugement que j'aurai pu laisser paraitre, peut-être, par mon profil d'étudiante en master et le fait que la plupart des interrogés soient plus jeunes que moi. J'ai donc fait l'effort de ne pas laisser voir de jugement en allant dans leur sens en légitiment cet usage quand j'ai avoué pratiquer le même comportement sur le réseau social.

En plus, de cette gêne qu'ils ont manifestée à mon égard, une des interviewés a senti le besoin de se justifier par l'évocation de généralités dans le but de se déculpabiliser. Il généralise son comportement en l'étendant à tous les internautes, en considérant qu'ils font comme lui, comme pour se rassurer voire minimiser des faits qui finalement semble le mettre mal à l'aise :

« ...Il faut arrêter, on sait très bien que tout le monde fait ça. »

Ceci, me laisse penser qu'ils ont une certaine honte de cet usage de Facebook, car nous savons que l'espionnage est connoté péjorativement. Avec la position que j'ai prise avec les interviewés, j'ai toutefois, réussi à dissimuler mon jugement à plusieurs reprises, ce qui m'a permis de recueillir des données pertinentes et plus approfondies sur ce genre de réponses.

Une des jeunes lycéennes de 18 ans va même plus loin dans cette pratique de l'espionnage. Elle admet essayer de voir la vie des gens et surtout la vie de ceux qu'elle n'aime pas, même s'ils ne sont pas dans sa liste d'amis et qu'ils ont bloqué la visibilité de leur profil. Je lui ai donc demandé comment elle faisait puisqu'elle n'avait pas accès à plus d'informations que leur nom, leur photo de profil et leur photo de couverture.

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Sa stratégie est donc de demander le portable d'un proche qui aurait le profil concerné dans sa liste d'amis Facebook pour pouvoir aller le consulter. Si personne ne peut lui donner cet accès alors l'usager admet se connecter sur Twitter pour essayer d'avoir des informations.

Paradoxalement, la majorité des interrogés m'ont affirmé qu'ils ne publiaient presque rien sur Facebook (1 à 2 photos par an et aucun statut). Ayant conscience qu'aucune ou presque pas de publications ne proviennent de leurs actions, nous pourrions penser qu'il n'y a rien d'intéressant à analyser sur leurs profils. Leur principal intérêt dans cette pratique est de pouvoir voir les photos des autres usagers. Ce premier élément sur l'usage des jeunes interrogés me permet d'émettre l'interprétation suivante.

L'importance de l'apparence physique et les activités de la vie de chacun témoignées par des photos est l'un des premiers éléments à prendre en compte pour ces usagers afin de se faire une opinion sur la personne concernée. Cette quête d'informations sur autrui se traduit par de la veille passive afin de pouvoir émettre un premier jugement subjectif sur la personne qui les intéresse. A cela s'ajoute le fait qu'ils aient une certaine gêne de cet usage et m'ont tous précisé aller sur Facebook lorsqu'ils s'ennuyaient.

Pour eux, c'est un divertissement dont l'un des principaux intérêts au-delà du partage et de la communication, est de recueillir des informations sur les autres utilisateurs.

Nous pouvons donc définir deux principales activités sur Facebook. L'une étant connue et à la vue de tous car elle fait partie des fonctions principales revendiquées par le réseau social : le partage et la communication.

Puis, une autre activité moins explicite mais qui apparait être pratiquée par l'unanimité des usagers de mon échantillon : l'espionnage.

Cette quête d'informations sur autrui se traduit par la quête de photos, ceci peut nous renvoyer à la réflexion d'un premier élément sur l'importance de l'identité virtuelle sur Facebook que j'approfondirai dans une autre partie.

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Pour faire un résumé de cette première analyse, je peux affirmer que cet usage de l'espionnage, qui est plus ou moins pratiqué par les interrogés aurait pour principale motivation la recherche de photos mais aussi d'autres éléments subjectifs.

Lors des entretiens à plusieurs reprises les interviewés ont mentionné d'autres stratégies d'espionnage par rapport à ce qui les intéresse sur autrui comme la mention de participation à un évènement ou la géolocalisation qui peut informer sur l'endroit où l'on se trouve et à quel moment. Toute cette quête de l'information sur autrui s'avère être toute une stratégie bien réfléchie. Néanmoins, celle-ci demande une certaine conscience du fonctionnement de ce réseau social.

Par cette première analyse de comportement, nous pouvons définir que l'usage de Facebook parait être un usage personnel autour de la fonction divertissante que Facebook propose. Le fait qu'ils utilisent tous ce réseau social lorsqu'ils s'ennuient appuie le divertissement via la plateforme.

En outre, ce réseau social ne semble pas être pris au sérieux et permet de rire ou d'échanger entre amis à tout moment de la journée, où que l'on se trouve, toujours dans un but distractif et très souvent peu sérieux ou professionnel mais personnel. En adéquation avec le divertissement, entre en compte un usage pris plus au sérieux par les individus lorsqu'il s'agit de l'image qu'ils renvoient vis-à-vis de leur liste d'amis.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery