3.3.2. Des difficultés sociales dues à la
surpêche
Les ressources devenues rares, le rendement insignifiant
malgré l'usage d'engins performants, les pêcheurs,
décontenancés, s'emparent des ressources de la retenue aussi bien
par voie légale que par l'inverse. Deux scénarios s'observent
à savoir : déploiement insaisissable de la pêche illicite
et la naissance des conflits variés.
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3.3.2.1. L'implacable déploiement de la pêche
illicite
La pêche illégale, non déclarée et
non réglementée (PINDNR) est considérée comme l'un
des principaux facteurs mettant la durabilité des pêcheries
à rude épreuve (Ekouala, 2013). À en croire un
rapport publié en fin mars 2014 par la DAEPIA/Maga, le lac de Maga est
devenu, ces dernières années, une cible privilégiée
des « braconniers de mer » du fait des pêcheurs qui
ont maille à partir avec la réglementation des pêches en
vigueur. La pêche illicite est différente de la violation des
textes de base sur la pêche. Elle va de l'infraction à la
réglementation (pêche en dehors de la saison ou de la zone
autorisée, utilisation de techniques de pêche destructrices...) au
pillage pur et simple pratiqué par les pêcheurs sans permis. Le
butin est souvent transbordé sur des pirogues, mélangé
à des prises légales puis débarqué et vendu dans
des lieux légaux comme Gamack, Pont II, Pont Vrick.
Selon les chefs des services de contrôle des
pêches, les hors-la-loi ciblent essentiellement des espèces
à forte valeur ajoutée (Lates, Gymnarchus, Bagrus etc. voir
annexe 1) et emploient des techniques particulièrement
destructrices, comme les palangres de fond, la pêche à
l'épervier, les taros. La pêche pirate prive de ce fait, les
pêcheurs locaux de leurs ressources en raclant tout sur leur passage et
compromet le renouvellement des ressources. La pêche illégale est
une menace pour la biodiversité lacustre, surtout à Maga
où se trouve la totalité de la zone de frayère dont
l'accès est interdit aux pêcheurs. Dans les deux arrondissements
qui jouxtent le lac, cette pêche illégale concerne aussi bien les
autochtones que les étrangers. Pendant la période de repos
biologique (juillet-septembre), 74 % des pêcheurs autochtones
résidants au tour du lac continuent aisément de pêcher dans
la nuit (70%) au centre du lac (90%) et parfois même proche de la digue
(03%) comme l'indique la figue 35.
pêcheurs non actifs
24%
non declaré
2%
pêcheurs actifs
74%
140
Source : Enquête de terrain,
Mars 2016.
Figure 35: Activités des pêcheurs
autochtones pendant le repos biologique
Ainsi, si la pêche illicite, inhérente à
la pression démographique participe d'une manière ou d'une autre
non seulement à accroitre la pression de pêche mais, elle tend
déjà à faire de la retenue, un environnement
crisogène où des personnes s'affrontent quotidiennement.
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