3.2.2. Les conséquences sur l'environnement externe
de la retenue
Les activités de pêche sont responsables de la
rupture des ouvrages géotechniques qui soutiennent la retenue, les
établissements des pêcheurs se développent aux
dépens de la végétation côtière et les
emballages plastiques rejetés envahissent les zones de
débarquements.
3.2.2.1. La dégradation de l'environnement du lac et
de la végétation côtière
La pression que subissent les zones d'usage de pêche,
mieux les sites de débarquements des pêcheurs se traduit par une
rupture des infrastructures annexes de la retenue. Parmi celles-ci, la
digue-barrage de Pouss-Maga-Guirvidig est la plus menacée. Elle sert
d'espace marchand pour les produits halieutiques capturés de part et
d'autre dans le Lac. Les mareyeurs et transformateurs se tiennent là,
chaque jour debout ou assis pendant de
129
longues heures pour attendre l'arrivée des
pêcheurs (planche 9 à gauche). Dans leur va-et-vient, ils
font détacher en bloc les morceaux de terre qui soutiennent le barrage
(planche 11 à droite).
a
b
Coordonnées des prises de vues :
X=10.832842 - y= 14.950482 date : le 18/10/15 à 09 :
51 : 39 Planche 9 : Destruction de la digue barrage de
Maga
Les détachements en blocs des morceaux de terre qui
constituent la digue (b) sont une conséquence directe du stationnement
inadéquat des marchands le long de ce barrage (a) qui, fatigué
par le poids de l'âge, cède facilement. Aucun aménagement
de bord n'a été fait pour permettre aux mareyeurs d'attendre dans
la plus grande quiétude, les pêcheurs une fois sortis de l'eau.
C'est aujourd'hui un sérieux handicap pour l'organisation et la gestion
de l'activité de pêche à Maga.
3.2.2.2. La pollution des zones de débarquements par
les emballages plastiques et les objets divers
L'enquête réalisée auprès de 100
pêcheurs a mené au constat selon lequel, les zones
fréquentées par les pêcheurs dans la retenue sont
infestées par plusieurs polluants qui vont des emballages plastiques (10
%) aux objets divers (18%) en passant par les pirogues usées (3%),
130
mais surtout, par les engins rejetés (69%) dont les
conséquences sur l'écosystème sont de
notoriété publique (figure 32).
Autres
18%
Emballages plastiques
10% Pirogues usées
3%
Rejets des filets
69%
Source : Enquête de
terrain, Mars 2016.
Figure 32: Types de polluants
identifiés dans les zones de pêche du lac de Maga
D'autre part, les emballages plastiques non
biodégradables rejetés tout autour des nourriceries (photo
22) ont pour conséquences de saturer et de défaire la
fixation des oeufs de poisson. Ce qui contribue à accroitre la carence
en alevin et justifie la baisse de la production. En fait, ceux-ci ne
permettent pas cette opération à cause de leur texture poreuse et
artificielle. Ils sont rejetés après usage dans le lac par les
pêcheurs, mais aussi dans tous les sites de débarquement autour de
la digue.
131
Coordonnées de prise de vue : x=10° 47'
35» - y= 14° 55' 52»
Photo 22 : Dispersion d'emballages plastiques
au tour de la digue à Maga
Aucun bac à ordure ne s'y trouve et aucune mesure n'a
été prise pour pallier à ce problème. Ces
emballages se retrouvent partout dans les zones de débarquements proches
de la digue. Cependant, la zone de frayère s'étend de la digue
jusqu'à 200 m vers l'intérieur. Ces zones qui constituent les
nourriceries et les réserves biologiques accueillent de ce fait une
quantité importante de ces polluants qui ne leur permettent plus de
jouer leur rôle efficacement.
S'il est admis que l'échec de la gestion des
pêches se traduit par des conséquences à quatre niveaux :
biologique, écologique, économique et sociale (Cochrane,
2000), Cury et Cayré (2001) ajoutent une cinquième dimension
relative à la perception négative de l'activité de
pêche pouvant exister aujourd'hui. Ces aspects constituent les centres
d'intérêts de la troisième partie qui suit.
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