II. L'EFFORT D'HARMONISATION : EXIGENCE OU URGENCE
POUR L'ATTRACTIVITE DE L'AFRIQUE
II.1 l'harmonisation comptable, une réponse aux
besoins de développement de l'Afrique
L'instabilité politique qui prévaut dans de
nombreux pays africains a terni l'image du continent et fragilisé les
perspectives de développement économique et financier à
long terme de l'Afrique.
La nécessité de reconstruction de l'Afrique
ainsi que la relance du développement économique du continent
constituent sans doute les défis majeurs imposés aux
générations actuelles et à venir. Cela suggère la
redynamisation de la création d'entreprises, nécessitant donc un
recours massif aux capitaux.
La mise en place du SYSCOHADA fut un catalyseur au
développement des marchés boursiers dans l'espace OHADA ainsi que
de l'amélioration de leur attractivité.
Ceci étant, le rôle des investisseurs locaux et
internationaux dans le processus de développement du continent est
indiscutable. Cependant, la question de la confiance des investisseurs sur le
marché financier africain reste posée. Ce problème sera
d'autant plus facilement résolu si l'Afrique en général et
l'espace OHADA en particulier procède à la convergence de son
système de normalisation comptable aux normes internationales IAS/IFRS.
Ainsi, les investisseurs pourront mieux apprécier les
opportunités de projets et de la situation des entreprises dans
lesquelles ceux-ci souhaitent s'engager.
C'est ainsi que pour certains experts comptables africains
tels que Souleymane SERE, « adopter purement et simplement les normes
de l'IASB comme référence (...) est l'hypothèse la plus
crédible à moyen terme, surtout avec la perspective de l'Union
africaine »27.
II.2 Obstacles à l'harmonisation du SYSCOHADA
aux normes IFRS
Le tissu économique africain est constitué de
plusieurs TPE (Très petites entreprises) et de PME (petites et moyennes
entreprises) ayant du mal à assurer l'établissement de documents
comptable et financiers corrects.
Cependant, dans leur élaboration, les IAS/IFRS se
présentent comme étant complexes et dédiées
plutôt aux grandes entreprises. Aussi, bien au-delà du contexte
africain cette complexité
27 Souleymane Sere, décembre 2006, «
Session de formation de l'Association africaine des hautes juridictions
francophones », Ecole régionale supérieure de la
magistrature de Cotonou.
29
des IFRS est même décriée par Caroline
Weber, directrice générale de Middlenext, l'association qui
regroupe les entreprises de taille moyenne cotées, qui affirme que
« Les IFRS sont instables et incompréhensibles, sauf pour une
microcaste de superexperts. C'est la vision de technocrates
éloignés de la réalité des entreprises
»28.
Le passage des normes SYSCOHADA aux normes comptables
internationales présente des couts considérables. Il
s'avère donc difficile voire même impossible pour ces entreprises
de supporter des frais supplémentaires relatifs à la mise aux
normes de la comptabilité des entreprises. En effet, celles-ci ont
depuis l'adoption de l'acte uniforme portant harmonisation et organisation de
la comptabilité des entreprises de l'OHADA en 2000,
procédé à la mise aux normes (syscohada) de leur
comptabilité et procédé à la formation de leurs
agents.
Critiqué d'être essentiellement adapté aux
grandes entreprises, l'IASB a mis en sur pied des normes internationales
destinés aux petites et moyennes entreprises : les « IFRS PME
» qui peinent à être adoptées.
Cependant, l'idée de mise en oeuvre d'un état et
d'un espace économique africain commun à travers l'Union
Africaine (UA) nécessitera à terme l'application d'un
système de normalisation comptable unique au sein de l'UA.
A l'heure de la convergence mondiale vers les normes IAS/IFRS,
serait-il judicieux pour les états africains de prévoir
l'application du SYSCOHADA qui traduit clairement les réalités
africaines ou les normes IAS/IFRS comme référentiel comptable et
financier du continent ?
L'hypothèse d'application des normes internationales
IAS/IFRS s'avère plus crédible dans un environnement de plus en
plus influencé par la mondialisation et la vulgarisation des
échanges à l'échelle internationale. Adopter le langage
comptable et financier international répondrait ainsi au double
défi de réunification de l'Afrique au sein de l'UA et d'ouverture
de l'UA aux capitaux étrangers.
28 Cécile Desjardins - Les Echos Business :
Comptabilité : les normes IFRS sur la sellette - 16/01/2013
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