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Normes IFRS, une décennie après: Bilan et état des lieux du projet d'harmonisation comptable internationale

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par Kouassi Sinan MOUMINI
Université Paris Dauphine - Master II / DSCG 2016
  

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II. L'EFFORT D'HARMONISATION : EXIGENCE OU URGENCE

POUR L'ATTRACTIVITE DE L'AFRIQUE

II.1 l'harmonisation comptable, une réponse aux besoins de développement de l'Afrique

L'instabilité politique qui prévaut dans de nombreux pays africains a terni l'image du continent et fragilisé les perspectives de développement économique et financier à long terme de l'Afrique.

La nécessité de reconstruction de l'Afrique ainsi que la relance du développement économique du continent constituent sans doute les défis majeurs imposés aux générations actuelles et à venir. Cela suggère la redynamisation de la création d'entreprises, nécessitant donc un recours massif aux capitaux.

La mise en place du SYSCOHADA fut un catalyseur au développement des marchés boursiers dans l'espace OHADA ainsi que de l'amélioration de leur attractivité.

Ceci étant, le rôle des investisseurs locaux et internationaux dans le processus de développement du continent est indiscutable. Cependant, la question de la confiance des investisseurs sur le marché financier africain reste posée. Ce problème sera d'autant plus facilement résolu si l'Afrique en général et l'espace OHADA en particulier procède à la convergence de son système de normalisation comptable aux normes internationales IAS/IFRS. Ainsi, les investisseurs pourront mieux apprécier les opportunités de projets et de la situation des entreprises dans lesquelles ceux-ci souhaitent s'engager.

C'est ainsi que pour certains experts comptables africains tels que Souleymane SERE, « adopter purement et simplement les normes de l'IASB comme référence (...) est l'hypothèse la plus crédible à moyen terme, surtout avec la perspective de l'Union africaine »27.

II.2 Obstacles à l'harmonisation du SYSCOHADA aux normes IFRS

Le tissu économique africain est constitué de plusieurs TPE (Très petites entreprises) et de PME (petites et moyennes entreprises) ayant du mal à assurer l'établissement de documents comptable et financiers corrects.

Cependant, dans leur élaboration, les IAS/IFRS se présentent comme étant complexes et dédiées plutôt aux grandes entreprises. Aussi, bien au-delà du contexte africain cette complexité

27 Souleymane Sere, décembre 2006, « Session de formation de l'Association africaine des hautes juridictions francophones », Ecole régionale supérieure de la magistrature de Cotonou.

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des IFRS est même décriée par Caroline Weber, directrice générale de Middlenext, l'association qui regroupe les entreprises de taille moyenne cotées, qui affirme que « Les IFRS sont instables et incompréhensibles, sauf pour une microcaste de superexperts. C'est la vision de technocrates éloignés de la réalité des entreprises »28.

Le passage des normes SYSCOHADA aux normes comptables internationales présente des couts considérables. Il s'avère donc difficile voire même impossible pour ces entreprises de supporter des frais supplémentaires relatifs à la mise aux normes de la comptabilité des entreprises. En effet, celles-ci ont depuis l'adoption de l'acte uniforme portant harmonisation et organisation de la comptabilité des entreprises de l'OHADA en 2000, procédé à la mise aux normes (syscohada) de leur comptabilité et procédé à la formation de leurs agents.

Critiqué d'être essentiellement adapté aux grandes entreprises, l'IASB a mis en sur pied des normes internationales destinés aux petites et moyennes entreprises : les « IFRS PME » qui peinent à être adoptées.

Cependant, l'idée de mise en oeuvre d'un état et d'un espace économique africain commun à travers l'Union Africaine (UA) nécessitera à terme l'application d'un système de normalisation comptable unique au sein de l'UA.

A l'heure de la convergence mondiale vers les normes IAS/IFRS, serait-il judicieux pour les états africains de prévoir l'application du SYSCOHADA qui traduit clairement les réalités africaines ou les normes IAS/IFRS comme référentiel comptable et financier du continent ?

L'hypothèse d'application des normes internationales IAS/IFRS s'avère plus crédible dans un environnement de plus en plus influencé par la mondialisation et la vulgarisation des échanges à l'échelle internationale. Adopter le langage comptable et financier international répondrait ainsi au double défi de réunification de l'Afrique au sein de l'UA et d'ouverture de l'UA aux capitaux étrangers.

28 Cécile Desjardins - Les Echos Business : Comptabilité : les normes IFRS sur la sellette - 16/01/2013

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon