Nouvelle vocation et identité d'un édifice patrimonial - la reconversion de la synagogue de Sétif( Télécharger le fichier original )par Abdelkrim LENEGUER Université Ferhat Abbas - Sétif 1 - Master en patrimoine architectural et urbain 2017 |
2.4.1 L'appropriation du patrimoineSi initialement, le patrimoine désigne un bien transmis de génération en génération, ? c'est par une généralisation du terme de patrimoine que nous en sommes venus à y inscrire la notion de propriété commune, née de la conscience d'une collectivité39(*)?. Mais on assiste de plus en plus, à la dilution de cette notion dans celles de culture et de civilisation pour englober tout ce qu'un groupe social peut construire, acquérir et transmettre. Cela suppose un processus d'adoption qui s'appelle l'appropriation. Théoriquement, toute appropriation suppose la mise en oeuvre d'une règle, qui est l'expression d'un choix collectif lui-même issue d'une volonté individuelle libre. Elle constitue donc un système, relevant à la fois de l'individuel et du collectif.Mais la construction d'un choix collectif est plus complexe qu'une simple agrégation de décisions individuelles. La notion d'appropriationest un processus d'activation, de gestion, de renouvellement et, en définitive, et plus précisément d'appropriation collective,qui est une capacité à identifier les ressources collectives, à lesdéfinir, à en faire usage, à les transformer, à les aménager, à en tirer bénéfice et à les transmettre. Elle se distingue de l'appropriation individuelle par la diversité de ses formes et modalités, et repose comme l'appropriation individuelle sur le principe de l'exclusion. C'est l'importance de cette appropriation individuelle qui explique le succès de l'appropriation dans une connotation collective40(*). Mais comme il n'y a pas d'appropriation collective sans exclusion, le patrimoine est aussi ? ce dont la préservation demande des sacrifices et ce dont la perte constitue un sacrifice41(*) 2.4.2 Les différents types d'appropriation42(*)· L'appropriation affective : qui peut être aussi qualifiée d'existentielle. Ce sentiment d'attachement se dessine par le ? le simple fait de s'être mobilisé pour sauver un édifice de la démolition ou de la dégradation créant un rapport affectif à cet objet. ? Cet appropriation naitra aussi du sentiment d'être à sa place voire chez soi quelque part, induisant de ce fait un sentiment d'appartenance. Le rapport aux lieux est alors vécu dans une réciprocité. ? Un lieu est à nous parce qu'on est à lui, il fait partie de nous parce que nous faisons partie de lui. ? · L'appropriation cognitive : le développement d'une connaissance approfondie théoriques et pratiques, des savoirs et des savoir-faire qui entourent l'élément patrimonial permet de devenir un initié et de s'approprier les lieux de manière symbolique mais aussi d'en user de façon pertinente ou stratégique. Cette démarche sera concrètement accomplie à travers la recherche documentaire, historique et l'établissement de cartographies et d'inventaires. · L'appropriation identitaire : Ce mode d'appropriation décrit au mieux le rapport que les citoyens ont avec leur patrimoine. Ce dernier sera ?associé à un groupe social ou une catégorie au point de devenir l'un de ses attributs, c'est-à-dire participe à définir son identité sociale ?. L'enjeu étant, d'affirmer une visibilité, une existence sociale des individus et des groupes. * 39Babelon and Chastel. * 40Linck. * 41André Chastel, `La Notion de Patrimoine', in Les Lieux de Mémoire, ed. by P. Nora (Gallimard, 1986), pp. 405-50. * 42Lamia Mansouri and Samira Debache-Benzagouta, `Outils et Mécanismes D'appropriation Du Patrimoine. Regard Sur Le Centre Historique d'Alger', Sciences & Technologie D, 2017, 9-15. |
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