La notion de santé n'est pas facile à
définir. Les quelques tentatives de définitions tirées des
lectures, nous renvoient à la définition la plus utilisée
qui est celle de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mais,
certains auteurs ont bien voulu donner des définitions autres que celle
de l'OMS
2.1- La notion de la santé
« La santé est un état de complet
bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité ».2 (OMS,1946)
2 La citation bibliographique de cette définition
est la suivante : Préambule à la Constitution de l'Organisation
mondiale de la Santé, tel qu'adopté par la Conférence
internationale sur la Santé, New York, 19 juin -22 juillet
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Olivier J et Gutzwiller F. (1996), donnent une
définition de la santé autre que celle de l'OMS. Les deux auteurs
définissent la santé comme un processus dynamique
caractérisé par un équilibre instable dans lequel
l'individu tente de composer avec son environnement, en vue d'optimiser son
bien-être. Les auteurs évoquent par la suite que l'état de
santé est déterminé par quatre dimensions que sont : la
dimension génétique et biologique, l'environnement naturel et
social, le style de vie et le comportement en matière de santé.
L'état de santé est le niveau d'autonomie avec lequel l'individu
adapte son état interne aux conditions de l'environnement tout en
s'engagent dans le changement de ces conditions pour rendre son adaptation plus
agréable ou plus effective affirme les mêmes auteurs
Pour Berthet (1983), la santé suppose l'existence
d'une force potentielle de réserve permettant à l'organisme de
résister aux assauts qui, tant au point de vue physique que psychique,
émaillent le cours de l'existence. Cette force potentielle de
réserve est en partie due à notre héritage
génétique, en partie acquise par l'application des règles
les plus élémentaires de la vie saine qui permettent que tous les
sujets infectés par un virus ou un microbe ne meurent pas, et que tous
ceux qui ont à faire face à de graves troubles émotifs ne
deviennent pas des névrosés.
Dufresne et al (1985) affirme que la santé est
l'état d'une personne dont l'organisme fonctionne
régulièrement, ou encore que cet état de l'organisme, bon
ou mauvais, ou enfin, l'état sanitaire d'une collectivité.
La santé est une notion diversement perçue,
mais on retient que la santé est également vue non seulement
comme un état individuel relié à l'absence ou non de
maladie, mais comme un équilibre dynamique, tant individuel que
collectif, qui dépend d'un grand nombre de facteurs dont
l'environnement.
1946 ; signé le 22 juillet 1946 par les
représentants de 61 États. (Actes officiels de l'Organisation
mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le
7 avril 1948. La définition n'a pas été modifiée
depuis 1946.
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2.2- Approche de la géographie de la
santé
La géographie de la santé est l'une des
spécialités de la géographie humaine. Cependant, hors des
universités, la géographie de la santé reste
méconnue et se voit fréquemment assimilée à
l'épidémiologie descriptive (analyse spatiale des maladies). Il
est donc important de présenter ici ce qu'est la géographie de la
santé.
Fleuret S. et Thouez J-P. (2007), montrent que la
géographie de la santé a considérablement
évolué depuis deux décennies sous l'influence de nombreux
travaux de recherche dans les domaines de l'épidémiologie, des
sciences de l'environnement, des sciences sociales, de la santé publique
ou du management des services pour ne citer que quelques exemples. D'une
géographie médicale un peu étriquée, la
sous-discipline a évolué vers une géographie de la
santé riche et complexe.
Pour Haggett P (1973), la géographie est une
discipline jeune en santé publique qui permet d'évaluer
l'état sanitaire d'une population sur un territoire à l'aide de
la dimension géographique et d'entreprendre sa modélisation. Son
principal objectif est l'étude descriptive, explicative et spatiale de
l'état de santé des populations sur un territoire (et donc des
populations qui l'occupent) par l'étude conjointe des facteurs de
risques pour la santé, endogènes (physique, biologique,
génétique, psychique...) et exogènes (environnemental,
social, économique, culturel...), et de leurs évolutions dans le
temps et l'espace.
Picheral H (2001), la géographie de la santé
est : « L'analyse spatiale des disparités des niveaux de
santé des populations et des facteurs environnementaux physiques,
biologiques, sociaux, économiques et culturel qui concourent à
expliquer ces inégalités ».
Pour Salem G (1998), les géographes
s'intéressent à la santé parce qu'elle est un observatoire
sur le monde : la diffusion des pathologies et leurs impacts sur la
mortalité sont fonction de l'accès à une offre de soins
performants, mais aussi, de modes de vie, de gestion du territoire, de niveau
d'éducation, etc. Sous cet angle, que ce soit à l'échelle
planétaire ou micro locale d'un quartier ou d'une commune, que ce soit
pour les pays développés, émergents ou en situation de
crise humanitaire, la santé s'avère être à la fois
une cause et une conséquence du développement. Les auteurs
invitent ainsi à reconsidérer le coût de la santé
comme un investissement durable.
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Llugany J. (2004), présente une autre définition
de la géographie de la santé. Pour lui, la géographie de
la santé se veut avant tout un outil pour tout pratiquant de la
santé : du politique qui décide de l'évolution de son
système et de ses priorités, de l'administrateur et du
gestionnaire qui s'en occupent au quotidien et du professionnel qui la
pratique, afin qu'ils considèrent ses aspects sociaux. Science moderne
car toujours en phase avec les problèmes qui se présente à
elle, la géographie de la santé a affiné ses concepts et
ses outils pour en créer de nouveaux : l'originalité de sa
démarche lui permet de savoir présenter les problèmes et
de proposer des solutions. Elle fait prendre conscience des imperfections du
système où malgré le remboursement intégral des
soins de nombreuses catégories socioprofessionnelles ne profitent pas
des soins, de qualité. Enfin, elle milite pour la mise en oeuvre d'une
politique de planification des soins visionnaire et équitable.
Pour Vigneron E. (1995), la géographie de la
santé est souvent mal perçue tant du côté des
géographes que des épidémiologistes3. Le
développement récent de la Santé Publique lui donne une
occasion d'affirmer sa place et son rôle de science géographique.
Pour y parvenir, la discipline doit d'une part se définir par rapport
à l'épidémiologie et d'autre part, ce qui est un autre
aspect de la même réflexion, approfondir ses caractères
géographiques et scientifiques.