L'objet de la revue de la littérature sur le concept
de l'environnement nous a permis de clarifier le contenu de la notion
d'environnement. Ainsi, l'environnement a été
appréhendé sous plusieurs angles par différents auteurs,
chercheurs et instituts. Toutefois, dans le cadre de notre étude, nous
nous intéressons à l'environnement en tant que cadre de vie de
l'homme, l'ensemble des éléments qui dans la complexité de
leurs relations constituent le milieu et les conditions de vie pour l'homme.
Aussi, l'environnement constitue pour nous tout ce qui concerne le cadre
biophysique de l'homme : le sol, l'eau, l'air, la faune, la flore, le climat,
le milieu de vie, tout ce qui se rapporte à la destruction ou à
la protection de ce cadre environnemental : la pollution, le déchet, la
déforestation, la destruction de la biodiversité. On retient
également que c'est dans cet environnement que les hommes tirent en
effet l'ensemble des ressources nécessaires à leur survie : l'air
dont ils ne peuvent se passer pendant plus de quelques minutes, l'eau dont ils
ne peuvent se passer pendant plus de quelques jours et la nourriture dont ils
ne peuvent se passer pendant plus de quelques semaines, et enfin, les
matériaux dont ils ont besoin pour leurs activités
quotidiennes.
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Le cadre de vie que nous avons étudié correspond
aux lieux d'habitations et à leur environnement immédiat (rues et
routes) où les modes de gestion des eaux usées influent sur le
bien-être et/ou la santé des populations.
1.2- Le concept de la dégradation de
l'environnement et les facteurs de dégradation
Sur la question de la dégradation, de nombreux travaux
scientifiques ont été produits aussi bien au niveau national
qu'au niveau international.
DELFAU E. (2005), définit la dégradation comme
un processus désagréable qui affecte la qualité de l'eau,
pollue l'air et le cadre de vie. Dans son ouvrage, elle présente
l'étalement urbain comme un mode d'occupation de l'espace concurrentiel
par rapport aux espaces agricoles, forestiers ou faiblement anthropisés
et établit un lien significatif entre l'étalement et la
dégradation de l'environnement. Pour exemple, l'auteur présente
les déchets stockés le long des berges qui se retrouvent souvent
dans le cours d'eau, ce qui est source de pollution.
Pour Legrand T. (1998), il devient de plus en plus urgent de
créer des politiques et des programmes pour limiter les effets
négatifs de l'activité humaine sur l'environnement. L'auteur
interpelle ici, les autorités sur la menace de la dégradation de
l'environnement occasionnée par les diverses actions et activités
de l'homme pour mieux prendre en compte la problématique de la
dégradation de l'environnement.
CARO C. (1979), relève que pour des situations qui
peuvent dégrader l'environnement, des luttes environnementalistes se
créent et sont liées à l'exigence de la défense du
cadre de vie. L'auteur cite par exemple la construction de nouveaux
tracés d'autoroute, de centrales nucléaires, d'aéroports,
etc. Dans son étude, elle évoque l'intensification des menaces
sur l'environnement des années 1960, marquées par la
multiplication d'accidents industriels. Elle fait également une analyse
historique afin d'étudier les éléments constitutifs d'une
prise de conscience de la dégradation de l'environnement.
Dans le rapport final du Profil Environnemental de la
Côte d'Ivoire (2006), Halle B.et al, dressent les conclusions de
la synthèse des différents aspects environnementaux de la
Côte d'Ivoire. Nous retenons que la dégradation de
l'environnement, est déjà peu maîtrisée avant la
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crise dans certains domaines (pollution de l'eau,
déchets, déforestation), et cette situation ne cesse de
s'accélérer suite à l'absence de mécanismes de
contrôle dans plusieurs zones, à l'appauvrissement rapide de la
population et à l'exploitation illicite de certaines ressources
naturelles. De plus, le niveau de sensibilisation environnementale reste
très faible.
Dans le même rapport on souligne que les
problèmes prioritaires actuels qui ont liés la dégradation
de l'environnement sont entre autres ; la pollution des eaux lagunaires, la
déforestation, l'extinction de la biodiversité, le rejet des
déchets toxiques, les érosions des sols, la
désertification, etc. Ces problèmes sont multiples et
variés.
Le FEM (2003), aborde la question de la dégradation
mais en se limitant à celle liée aux sols. En effet, le Fonds de
l'Environnement Mondial (FEM) définit la dégradation des sols
comme « toute forme de détérioration du potentiel naturel
des sols qui altère l'intégrité de
l'écosystème soit en réduisant sa productivité
écologiquement durable, soit en amoindrissant sa richesse biologique
originelle et sa capacité de récupération ».
Pour la CDB (2005), la dégradation est toute
association de perte de fertilité des sols, d'absence de couvert
forestier, de manque de fonction naturelle, de compaction du sol, et de
salinisation qui empêche ou retarde la régénération
de la forêt non assistée par succession secondaire. Une
forêt dégradée est donc pour la Convention de la
Diversité Biologique (CDB) une forêt secondaire qui a perdu,
à la suite d'activités humaines, la structure, la fonction, la
composition ou la productivité des essences normalement associées
à une forêt naturelle. De ce fait, une forêt
dégradée offre une fourniture réduite de biens et services
et n'a qu'une diversité biologique limitée.
Mariétou N. (2012), annonce pour sa part que ces
dernières décennies, la dégradation de l'environnement en
Afrique a été un sujet préoccupant et traité dans
beaucoup d'ouvrages. Cette dégradation résulte de l'interaction
entre les processus naturels, en pleine évolution et les pressions
humaines sans précédent, couplées à une absence
d'aménagement.
En ce qui concerne l'Afrique, le PNUE (2010), affirme que les
risques environnementaux sont jugés responsables de près de 28 %
du fardeau des maladies dans ce continent, parmi lesquelles figurent la
diarrhée, les infections respiratoires et le paludisme, qui ensemble
représentent 60 % des impacts sanitaires environnementaux connus dans la
région.
Le quatrième rapport national sur la convention de la
biodiversité biologique de Côte d'Ivoire (2009), relève
qu'au niveau des risques environnementaux, biologiques et humains, il
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faut également relever que les barrages
entraînent une dégradation de l'environnement à moyen ou
long terme. Le barrage en réduisant la vitesse de l'écoulement de
l'eau pénétrant dans le lac de retenue, favorise le
dépôt des particules au fond du lac. À l'aval,
l'érosion fluviale augmente, d'autre part le barrage favorise le
développement de végétaux aquatiques entrainant ainsi, un
appauvrissement en poisson et est parfois à l'origine des maladies
telles que l'ulcère de burili, amibiase, bilharziose, onchocercose.
Veyret Y et Jalta J. (2010), affirment qu'en Europe, les
grandes épidémies de peste apparues régulièrement
et ayant provoqué des millions de morts étaient directement
liées à la mauvaise qualité de l'environnement. Il est de
même pour les épidémies de choléra qui se sont
succédées au XIXème siècle en Europe
(à Londres en 1832, à Marseille en 1835), elles sont les
résultats de la mauvaise qualité de l'eau.
Des organisations internationales qui militent en faveur de
la protection des forêts donnent également des aperçus sur
la notion de la dégradation des forêts. On retient que la FAO
(2002), définit la dégradation des forêts comme la
réduction de la capacité d'une forêt de fournir des biens
et services.
Pour Weber (1995), le terme d'environnement englobe
habituellement les pollutions atmosphériques (globales comme pour le
changement climatique), la dégradation des sols (érosion,
salinisation, pollution), la déforestation et l'évolution des
ressources en bois, la raréfaction de l'eau (la désertification
et la persistance des sécheresses) et les pollutions de l'eau, la
disparition d'espèces et l'évolution du cadre de vie. Pour
l'auteur tous ces phénomènes sont généralement des
dégradations.
En Côte d'Ivoire, le Programme National d'Action
Environnementale (PNAE, 1994), donne un aperçu de l'état de
l'environnement urbain du pays. Le programme présente l'environnement
physique et biologique avec les différentes composantes sociales,
sanitaires et géographiques et souligne l'insalubrité des villes
due entre autres à la mauvaise gestion des ordures
ménagères. Tout comme le PNAE, (1994), le Profil Environnemental
de la Côte d'Ivoire, Août (2006), présente l'état
actuel de l'environnement avec toutes les potentialités, évoque
par la suite les différents dommages que subit l'environnement et
surtout relève que les questions environnementales n'occupent pas une
place prioritaire dans les décisions politiques et
stratégiques.
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Aussi, faut-il ajouter que le rapport final du profil
environnemental de la Côte d'Ivoire (2006) détermine les
différents problèmes liés à la gestion de
l'environnement en les classant par priorité. Nous avons donc :
- Les pollutions lagunaires
- La mauvaise gestion des déchets solides et des eaux
usées
Pour l'OMS (2011), les facteurs de la dégradation de
l'environnement sont également d'origine anthropique. L'organisation
affirme que si les facteurs climatiques peuvent prendre une certaine part dans
la destruction de l'environnement dans un contexte donnée et pendant un
temps donné pour une région ou une zone donnée, il est
clair que c'est l'homme lui-même qui prend la part la plus importante
dans la destruction de son environnement tant en milieu rural qu'en milieu
urbain et industriel.
La dégradation est généralement
causée par des perturbations dont l'ampleur, la
sévérité, la qualité, l'origine et la
fréquence sont variables (FAO, 2006). Le processus de changement peut
être naturel (feu, orages, neige, ravageurs, maladies, pollution
atmosphérique, changement de températures, etc.) ou anthropique
(exploitation forestière non durable, collecte excessive de bois de feu,
cultures itinérantes, la chasse non durable, surpâturage,
etc.).
Les facteurs environnementaux constituent un
déterminant essentiel de l'État de santé des populations.
Le manque d'hygiène, l'insalubrité, les déchets
ménagers, industriels et médicaux, les agressions d'origine
chimique, physique ou biologique, la contamination chimique des sols,
l'utilisation intempestive de pesticides, l'insuffisance d'approvisionnement en
eau potable, l'habitat précaire, l'insuffisance du système
d'assainissement du milieu, constituent autant de risques sanitaires encourus
par les populations.
Au vu de la diversité de travaux
présentés sur la dégradation de l'environnement, nous
avons relevé une divergence de définitions rattachée
à cette notion. Il apparait donc nécessaire de préciser
que dans le cadre de notre étude, par dégradation de
l'environnement, il faut entendre processus désagréable qui
affecte le cadre de vie lié à la prolifération des
déchets à cause du manque aigu de structures appropriées
de traitement de ces déchets, les diverses formes de pollutions (eau,
air) et le développement anarchique des quartiers spontanés
dépourvus de tout système d'assainissement présentant un
certain niveau d'insalubrité. Aussi, il faut entendre par
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dégradation de l'environnement toujours dans le cadre
de l'étude, la destruction ou l'altération des
éléments constitutifs des milieux naturels tels que le sol, la
forêt, la biodiversité.