Le règlement juridictionnel du conflit relatif au statut juridique de l'entité territoriale des Bakisi dans la province du sud-Kivupar Jeanine KITUANDA KIBONGE Université de Kinshasa - Licence en Droit public 2020 |
Section 2. DES SOURCES ET CONSEQUENCES DU CONFLIT AUTOUR DU STATUT JURIDIQUE DE L'ENTITE TERRITORIALE DECENTRALISEE DES BAKISIDe prime à bord, nous soulignons avec le Professeur Wa-Busungu qui cite l'anthropologue Daniel Bieubuck28(*) que l'entité territoriale décentralisée des Bakisi est constituée des Balega des clans Bamuguba, Bangoma, Baliga, Banagabo, Beygala et Bakyunga ainsi que de quelques Bakwami, Bakondjo, Basongola et Basengele. Le premier chef désigné par l'autorité coloniale à la tête du Secteur des Bakisi lors de sa création en 1933, fut Mopipi Kangandio Paul alias Mwami Mulongeki ; celui-ci fut condamné en 1945 pour détournement de deniers publics et relégué à Elisabethville (Lubumbashi). Le deuxième chef de Secteur des Bakisi fut Kyalala André de 1945 à 1960. Dans cette partie du travail, nous tenons à démontrer que les sources de conflit autour du statut juridique de l'entité territoriale décentralisée des Bakisi relèvent des jeux politiques des années 1960,1970 et 1980 que nous allons présenter comme suit : §1. De la réaction de la population locale contre le chef de Secteur monsieur Kyalala André en 1960Lors de l'accession de notre pays à l'indépendance, la population locale du Secteur des Bakisi s'était soulevée contre le chef Kyalala André, pour son arrogance manifeste, se distinguant par un mépris inexplicable vis-à-vis de ses administrés. Cependant, comme nous avons eu à le souligner dans la partie introductive de notre travail, que s'agissant du conflit sur le statut juridique de l'entité territoriale décentralisée des Bakisi, Monsieur l'Abbé Charles Bilembo29(*) nous révèle dans son ouvrage intitulé la cultureperpétuelle souci majeur du Mulega : « le Mulega, l'homme de la tradition » que le problème majeur à la base de l'éviction de Monsieur Kyalala était d'ordre culturel. En effet, durant le règne de Kyalala André à la tête du Secteur des Bakisi, soit de 1945 à 1960, l'initiation ou la célébration du Bwami ou du Bwali était strictementinterdite. Cet état de choses a été perçu comme une situation de fait tendant à dénaturer le Mulega ou d'en faire un sous-homme. Ainsi donc, profitant de l'indépendance qui , aux yeux des Balega en général et des Bakisi en particulier,signifiait la fin du règne des blancs et de leurs acolytes, donc la fin du règne de Monsieur Kyalala , rien ne pouvait justifier sa présence à la tête du Secteur Bakisi après le départ de blancs et une révolte populaire fut déclenchée par les détracteurs de ce dernier si bien que le gouvernement provincial du Kivu va autoriser le jeu électoral au sein de cette entité pour départager l'ancien chef de Secteur Mopipi Kangandio Paul et son successeur Kyalala André. C'est ainsi que son mandat de cinq ans prenant cours à partir du 1er juillet 1958 conformément aux dispositions transitoires du Décret du 10 Mai 195730(*) fut bloqué et il fut soumis au vote en compétition avec l'ancien chef de Secteur Mopipi Kangandio Paul qui venait de bénéficier des mesures d'élargissement à l'occasion de l'indépendance. Ce dernier va l'emporter sur le chef Kyalala André et repris ses fonctions de chef de Secteur durant 14 ans, soit de 1960 jusqu'à 1974, année de sa mort. * 28 Bieubuck D., Lega culture: Art, initiation, and moral Philosophy among a central africain people cité par Masumbuko wa Busungu, op.cit.p.12. * 29 Op.cit * 30 Article 101 du Décret du 10 Mai 1957 sur les circonscriptions. |
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