INTRODUCTION
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
INTRODUCTION
Toujours intéressée par le travail du corps et
le soin, mon projet initial après le lycée était de
devenir kinésithérapeute. Mon parcours m'a ensuite amenée
à découvrir la psychomotricité, jusqu'alors inconnue pour
moi. La psychomotricité dans ses aspects corporels, mais aussi
psychiques et relationnels m'a tout de suite intéressée.
C'est par une rencontre avec une enfant en cabinet
libéral, en deuxième année de psychomotricité, que
naît mon intérêt pour la clinique des Troubles du Spectre de
l'Autisme (TSA). Tout particulièrement, c'est la question des sens qui
m'interpelle. Dans sa motricité ainsi que dans la relation, les
éléments sensoriels semblent prendre une place importante pour
cette jeune fille, dans des comportements de recherche ou d'évitement
des stimuli. À quoi ressemble le monde dans lequel cette enfant vit ?
À quel point sa perception de l'environnement diffère-t-elle de
la mienne ? Comment puis-je parvenir à sentir au travers de ses sens
à elle, et ainsi comprendre ce qu'elle vit ? Est-ce au moins possible de
comprendre, quand je suis moi-même imprégnée de mon
vécu sensoriel ?
Ainsi, la question de la perception sensorielle atypique dans
les TSA et de ses conséquences sur la psychomotricité des
personnes autistes suscite chez moi un vif intérêt. Cette
ouverture sur les sens me fait prendre conscience de leur importance dans la
psychomotricité de tout individu.
Cette envie de comprendre, d'explorer le fonctionnement
sensoriel me pousse à chercher un stage dans la clinique de l'autisme
pour ma troisième année de psychomotricité. Au cours de ce
stage, j'observe beaucoup de comportements liés aux sens chez les
enfants que je rencontre. Jamil, un enfant que j'apprends à connaitre au
sein d'un groupe psychomoteur, m'interpelle tout particulièrement : sa
motricité semble être au service de sa sensorialité. Si le
corps n'est qu'un moyen de satisfaction sensorielle, quelle relation au monde
est-il possible de construire ?
L'image que me renvoient ces mouvements d'autostimulation est
celle d'un corps prisonnier de ses besoins sensoriels, d'une motricité
esclave de ces contraintes. Mais alors, comment l'approche
psychomotrice peut-elle permettre à un enfant avec un TSA qui s'enferme
dans des autostimulations sensorielles de retrouver une intentionnalité
dans le mouvement ?
Afin de répondre à mon questionnement et
à l'aide de références théoriques, j'expliquerai
dans un premier temps ce que sont les TSA ainsi que les troubles psychomoteurs
souvent
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rencontrés dans ces troubles. J'aborderai dans une
seconde partie le développement sensoriel normal puis le fonctionnement
sensoriel spécifique des TSA, en expliquant ce que sont les
stéréotypies et autostimulations. Enfin, j'aborderai la
construction du geste intentionnel dans le développement normal de
l'enfant.
Dans un second temps, je présenterai ma clinique
auprès de Jamil, de façon chronologique, afin de comprendre
l'évolution progressive observée en séances.
J'accompagnerai mes observations de mes ressentis et des différentes
hypothèses qui en sont issues.
Enfin, je mettrai en lien les éléments
théoriques à ma clinique pour tenter de répondre à
ma problématique.
LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)
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