WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.4- La dégradation du lien social : les inégalités environnementales

Le dérèglement de la biosphère causé par les activités anthropiques est aujourd'hui d'ordre mondial et nul ne saurait nier cet état de fait. Cependant, les effets de ces dérèglements ne sont pas subis par tous de la même manière et, pour reprendre C. Larrère (2017), les dommages environnementaux ne sont pas équitablement répartis entre les groupes sociaux. De ce fait, nous pouvons comprendre les inégalités environnementales comme étant des inégalités d'exposition aux risques environnementaux car certaines catégories sociales en souffrent plus que d'autres.

Selon les dernières estimations de l'OMS publiées en mars 2016, 23% des décès sont causés par des facteurs environnementaux; 12,6 millions de personnes meurent du fait d'avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre les enfants et les personnes âgées étant les plus vulnérables. Les dérèglements de la biosphère ont donc des effets directs (vagues de chaleur, inondations, sècheresse, ouragans et tempêtes) ou indirects : « pollution de l'air, maladie à transmission vectorielle du type de dengue, insécurité alimentaire et malnutrition, déplacement de populations et maladies mentales résultant des phénomènes climatiques externes et du réchauffement» (C. Larrère, 2017, p. 33) sur la santé de l'homme. Ici encore les populations les moins nantis sont les victimes ; ce sont ceux qui vivent dans des zones immergées et incapables d'alternatives devant les intempéries de l'environnement qui

4 Rapport Brundtland, 1987, p.196.

21

sont encore victimes des dégradations de la biosphère : ce sont les inégalités environnementales.

La question des inégalités environnementales entre dans le débat de la crise écologique dans les années 1980 grâce aux mouvements de justice environnementale qui se sont développés aux Etats-Unis. Avant cette révolution, parler de la crise écologique se résumait juste au discours sur les dégradations environnementales. Mais dès la révolution de la justice environnementale aux Etats-Unis, il semble presque impossible de nos jours de parler de crise écologique sans les inégalités environnementales. Il s'est agit précisément pendant la révolution de justice environnementale de 1980 d'une mobilisation locale autour des problèmes liés à la pollution notamment les habitations construites sur des sites pollués, le dépotage des déchets toxiques autours des habitations, etc. La communauté d'Afton dans le comté de Warren en Caroline du Nord, comme le souligne C. Larrère (2017), est celle qui s'est le plus investie dans cette lutte en allant jusqu'à protesté en faveur du sol surchargé en pyralène (PCB), danger potentiel pour les populations; ces dangers environnementaux frappant toutes les catégories vulnérables à travers le monde. Mais au-delà d'une simple revendication de la justice environnementale, ces mouvements revendiquent surtout un accès aux ressources vitales qui restent inaccessibles jusqu'aujourd'hui à une grande part de la population humaine. Or les dégradations de l'environnement raréfient ces ressources, pire encore, l'aménagement de l'espace sociétal rend de plus en plus inaccessibles les ressources vitales pour les populations vulnérables. C. Larrère (2017) en donne un exemple pertinent qu'est la révolution verte dans les pays du Sud; cette révolution, en réaffectant des terres, a rendu difficile l'accès à l'eau et la collecte du bois de chauffage puisque les terres où les femmes avaient accès à ces ressources sont affectées pour la culture modernisée éloignant ainsi les espaces de ravitaillement. Les inégalités environnementales, de façon simple se comprennent ainsi:

A danger égal, les plus pauvres, les défavorisés sont plus exposés: ils sont plus fragiles, ils ont moins de solutions de rechange, ils ont plus de difficulté à se construire. L'ouragan Katrina, qui a frappé La Nouvelle-Orléans et sa région à la fin du mois d'août 2005, entraînant des dommages considérables, tant humains que matériels, est un exemple de cette inégalité dans l'exposition aux risques (C. Larrère, 2017, p.10).

Même si cet ouragan a frappé de façon équitable les habitants de La Nouvelle-Orléans, les victimes les plus touchées, note C. Larrère (2017), sont les populations les plus pauvres qui habitaient les zones les plus gravement submergées et qui manquaient de moyens de les évacuer. Les inégalités environnementales sont une conséquence non seulement des

22

événements qui frappent les plus vulnérables mais aussi de leur vulnérabilité et incapacité à choisir une alternative. Ceci laisse donc dire que les inégalités environnementales seraient une conséquence des inégalités sociales.

En plus de cette plausible corrélation entre les inégalités sociales et environnementales, les inégalités environnementales ne sauraient être seulement une conséquence des inégalités sociales mais aussi fruit d'un manque d'investissement humain dans les dégradations environnementales; ceci entraine l'accentuation des inégalités environnementales, l'occupation accélérée des zones à risques, le déboisement, l'insalubrité, etc. qui sont tous des péchés contre l'environnement. C'est de la prise en considération de ces paramètres de la crise écologique que se forme progressivement une conscience environnementale avisée et qui donnera plus tard naissance à la durabilité comme objectif de développement.

23

Chapitre 2 : La conscience écologique et la construction conceptuelle de la durabilité

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand