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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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1.3- La révolution urbaine et la pression sur les écosystèmes

Si l'on considère avec M. Puech (2005) que la caractéristique essentielle de l'homo Sapiens est la technologie, étant animal politique, la conséquence qui en découle serait la consolidation du lien social en tant que cadre idéal de mise en pratique de cette technologie ; ce qui s'exprime pleinement par la vie citadine ; et c'est pour mettre l'accent sur l'urbanisation, devenue spectaculaire de nos jours que D. Tabutin (2000, p.1) écrit:

Dans l'histoire occidentale des deux derniers siècles, comme dans celle des régions du Sud depuis 50 ans, les transitions démographiques, liant fécondité, mortalité, nuptialité et mobilité, se sont déroulées parallèlement -ou corollairement - à un processus d'urbanisation dans l'ensemble très rapide.

Le rapport Brundtland dans le même contexte notait:

Nous sommes au siècle de la « révolution urbaine ». Pendant 35 années qui se sont écoulées depuis 1950, la population des villes a presque triplé, soit une augmentation de 125 milliard. Dans les régions les plus développées, elle a presque doublé, passant de 447 millions à 838

millions. Dans les pays peu développés, elle a quadruplé, passant de 286 millions à 1,14 milliards3.

L'urbanisation est donc un phénomène omniprésent et toujours en croissance; aujourd'hui, elle varie de 22% en Afrique de l'Est à 78% en Amérique du Sud (Uruguay); croissance qui s'explique par le processus de modernisation. A D. Tabutin (2000, p.09) de renchérir: « La modernisation est un processus d'homogénéisation sur le modèle européen et

3Rapport Brundtland, 1987, p.194.

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20

américain ». Car, tel qu'il le dit, la ville est apparue comme un maillon essentiel pour atteindre l'objectif du capitalisme: l'accumulation de richesses; et tel qu'il le dit toujours:

La ville crée les conditions nécessaires au « décollage », au « progrès », au « développement », voire « la civilisation » par sa qualité de rassemblement de l'élite, en changeant les mentalités et les modes de vie des individus, en créant une nouvelle culture» (D. Tabutin, 2000, p.10).

Bref, la ville devient le lieu où l'homme devient vraiment moderne. Les Nations-Unies (1953) abondent dans le même sens et précisent, les motifs qui poussent à vivre en ville sont en l'occurrence le désir d'ascension sociale pour soi et ses enfants, le changement des statuts et rôles de la femme, le progrès du niveau de vie, le coût croissant de l'enfant, la sécularisation de la société, le recul de la mortalité. Ces bienfaits de la ville ont encouragé l'occupation des villes au détriment des espaces ruraux entrainant aujourd'hui un surpeuplement des villes.

Les villes sont les points les plus habités au monde et donc les plus grands producteurs de déchets dont le traitement ne peut supprimer les risques de contamination; ce sont également les lieux les plus confinés au monde et donc les plus étouffants pour l'homme à cause de l'espace très limité et de la préférence des « forets de béton» au détriment d'espace vert; elles concentrent le plus grand nombre d'unités industrielles et d'automobiles qui ne cessent de polluer l'air par les émissions de gaz. Tout porte donc à croire que la ville moderne est un lieu de contraste car l'on pense s'y épanouir avec tout le confort qu'elle offre aux plus grands risques pour sa vie; l'on y vient pour améliorer ses conditions de vie mais les villes sont les symboles de l'écart toujours croissant entre riches et pauvres. L'augmentation de la densité citadine quant à elle porte préjudice à l'environnement.

Ceci fut sûrement le motif pour lequel C. Fourier (1837) rejeta la vie citadine au profit de la vie rurale. Car pour lui, la vie citadine déshumanise les rapports sociaux car le commerce sous toutes ses formes qui est le propre de la ville ne peut prospérer sans le mensonge et la fraude par conséquent, l'homme ne peut vivre épanoui que dans une communauté de vie et de travail à taille humaine d'où la construction de phalanstère. Nous inspirant de F. Fukuyama (1992), nous pouvons dire que la ville symbole de la modernité est devenue la source du malaise écologique.

Comme souligné, étant donné que les villes sont les lieux de contrastes les plus élevés entre riches et pauvres et que la pauvreté soit l'une des causes de la pollution d'une part, et d'autre part que la population urbaine estimée à 3 milliard 300 millions en soit la seconde, la

pression sur les écosystèmes devenue insupportable fait des villes la principale cause de la crise écologique. Comme le souligne le rapport Brundtland:

Les pressions énormes exercées sur les logements et les services ont dégradé le tissu urbain. La plupart des habitations des pauvres sont décrépies. Les bâtiments publics sont souvent dans un état de délabrement et de ruine avancés. Il en est de même de l'infrastructure essentielle de la ville: les transports publics sont surpeuplés et suremployés, de même que les routes, les

autobus et les trains, les gares, les latrines publiques et les endroits que l'on peut utiliser pour le lavage4.

Bien que la ville dans son ensemble soit une cause majeure de la crise écologique à cause de la surpopulation, les contrastes qu'elle renferme notamment en termes d'inégalités socio-économiques ont des répercussions insoupçonnées sur l'harmonie biosphérique et contribuent également à accentuer cette crise écologique qui menace la vie.

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