1.3- La révolution urbaine et la pression sur
les écosystèmes
Si l'on considère avec M. Puech (2005) que la
caractéristique essentielle de l'homo Sapiens est la technologie,
étant animal politique, la conséquence qui en découle
serait la consolidation du lien social en tant que cadre idéal de mise
en pratique de cette technologie ; ce qui s'exprime pleinement par la vie
citadine ; et c'est pour mettre l'accent sur l'urbanisation, devenue
spectaculaire de nos jours que D. Tabutin (2000, p.1) écrit:
Dans l'histoire occidentale des deux derniers siècles,
comme dans celle des régions du Sud depuis 50 ans, les transitions
démographiques, liant fécondité, mortalité,
nuptialité et mobilité, se sont déroulées
parallèlement -ou corollairement - à un processus d'urbanisation
dans l'ensemble très rapide.
Le rapport Brundtland dans le même contexte notait:
Nous sommes au siècle de la « révolution
urbaine ». Pendant 35 années qui se sont écoulées
depuis 1950, la population des villes a presque triplé, soit une
augmentation de 125 milliard. Dans les régions les plus
développées, elle a presque doublé, passant de 447
millions à 838
millions. Dans les pays peu développés, elle a
quadruplé, passant de 286 millions à 1,14
milliards3.
L'urbanisation est donc un phénomène
omniprésent et toujours en croissance; aujourd'hui, elle varie de 22% en
Afrique de l'Est à 78% en Amérique du Sud (Uruguay); croissance
qui s'explique par le processus de modernisation. A D. Tabutin (2000, p.09) de
renchérir: « La modernisation est un processus
d'homogénéisation sur le modèle européen et
3Rapport Brundtland, 1987, p.194.
19
20
américain ». Car, tel qu'il le dit, la ville est
apparue comme un maillon essentiel pour atteindre l'objectif du capitalisme:
l'accumulation de richesses; et tel qu'il le dit toujours:
La ville crée les conditions nécessaires au
« décollage », au « progrès », au «
développement », voire « la civilisation » par sa
qualité de rassemblement de l'élite, en changeant les
mentalités et les modes de vie des individus, en créant une
nouvelle culture» (D. Tabutin, 2000, p.10).
Bref, la ville devient le lieu où l'homme devient
vraiment moderne. Les Nations-Unies (1953) abondent dans le même sens et
précisent, les motifs qui poussent à vivre en ville sont en
l'occurrence le désir d'ascension sociale pour soi et ses enfants, le
changement des statuts et rôles de la femme, le progrès du niveau
de vie, le coût croissant de l'enfant, la sécularisation de la
société, le recul de la mortalité. Ces bienfaits de la
ville ont encouragé l'occupation des villes au détriment des
espaces ruraux entrainant aujourd'hui un surpeuplement des villes.
Les villes sont les points les plus habités au monde et
donc les plus grands producteurs de déchets dont le traitement ne peut
supprimer les risques de contamination; ce sont également les lieux les
plus confinés au monde et donc les plus étouffants pour l'homme
à cause de l'espace très limité et de la
préférence des « forets de béton» au
détriment d'espace vert; elles concentrent le plus grand nombre
d'unités industrielles et d'automobiles qui ne cessent de polluer l'air
par les émissions de gaz. Tout porte donc à croire que la ville
moderne est un lieu de contraste car l'on pense s'y épanouir avec tout
le confort qu'elle offre aux plus grands risques pour sa vie; l'on y vient pour
améliorer ses conditions de vie mais les villes sont les symboles de
l'écart toujours croissant entre riches et pauvres. L'augmentation de la
densité citadine quant à elle porte préjudice à
l'environnement.
Ceci fut sûrement le motif pour lequel C. Fourier (1837)
rejeta la vie citadine au profit de la vie rurale. Car pour lui, la vie
citadine déshumanise les rapports sociaux car le commerce sous toutes
ses formes qui est le propre de la ville ne peut prospérer sans le
mensonge et la fraude par conséquent, l'homme ne peut vivre
épanoui que dans une communauté de vie et de travail à
taille humaine d'où la construction de phalanstère. Nous
inspirant de F. Fukuyama (1992), nous pouvons dire que la ville symbole de la
modernité est devenue la source du malaise écologique.
Comme souligné, étant donné que les
villes sont les lieux de contrastes les plus élevés entre riches
et pauvres et que la pauvreté soit l'une des causes de la pollution
d'une part, et d'autre part que la population urbaine estimée à 3
milliard 300 millions en soit la seconde, la
pression sur les écosystèmes devenue
insupportable fait des villes la principale cause de la crise
écologique. Comme le souligne le rapport Brundtland:
Les pressions énormes exercées sur les logements
et les services ont dégradé le tissu urbain. La plupart des
habitations des pauvres sont décrépies. Les bâtiments
publics sont souvent dans un état de délabrement et de ruine
avancés. Il en est de même de l'infrastructure essentielle de la
ville: les transports publics sont surpeuplés et suremployés, de
même que les routes, les
autobus et les trains, les gares, les latrines publiques et
les endroits que l'on peut utiliser pour le lavage4.
Bien que la ville dans son ensemble soit une cause majeure de
la crise écologique à cause de la surpopulation, les contrastes
qu'elle renferme notamment en termes d'inégalités
socio-économiques ont des répercussions
insoupçonnées sur l'harmonie biosphérique et contribuent
également à accentuer cette crise écologique qui menace la
vie.
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