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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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1.2- L'épuisement des ressources terrestres

Les préoccupations sur l'épuisement des ressources datent de la préhistoire car, l'homme préhistorique sachant que les ressources s'épuisent, faisait déjà des réserves de nourriture pour sa famille garantissant ainsi l'avenir. Cette préoccupation n'a cessé de hanter l'homme tout au long de l'histoire; elle deviendra plus accrue surtout à partir XXe siècle où l'on se rend à l'évidence que les ressources sont limitées. A. Kiss (2005, p.85-86) écrit:

Une des premières conventions mondiales visant à la protection d'espèces sauvages dans un but autre que leur exploitation est la convention de Paris du 19 mars 1902 « pour la protection des oiseaux utiles à l'agriculture ». L'objet de cette convention est significatif. Ainsi, la condamnation des « oiseaux nuisibles », en particulier des rapaces nocturnes et diurnes -- dont la plupart sont protégés aujourd'hui -- en dit long sur les motivations de cette convention. Les années 1930 ont apporté des progrès dans ce domaine avec l'adoption de la convention de Londres du 8 novembre 1933, relative à la conservation de la faune et de la flore à l'état naturel (...) Un autre progrès a été accompli aux Amériques avec la convention de Washington du 12 octobre 1940 pour la protection de la flore, de la faune et des beautés panoramiques naturelles des pays de l'Amérique. Toutefois, ses dispositions étaient peu contraignantes.

Indispensables à la vie et à l'épanouissement de l'Homme, les ressources constituent la matière de base de la vie de l'homme et leur manque serait fatal pour lui. Ces ressources, qu'elles soient d'ordre énergétique, minéral ou biotique, demeurent toutes essentielles à la vie de l'homme. S'agissant des ressources énergétiques fossiles, de nos jours, elles demeurent presqu'incontournables dans la production de l'énergie pour raison la grande confiance qui est mise de nos jours en cette ressource. La croissante dépendance de l'humanité vis-à-vis des énergies fossiles, notamment le charbon et le pétrole qui sont les plus prisées, inquiète en ce sens qu'il est établit de nos jours avec certitude que ces réserves énergétiques sont en voie de finition; l'inquiétude surgit essentiellement donc de la peur du futur: qu'allons-nous devenir si les énergies fossiles venaient à s'épuiser? A cette question les scientifiques proposent l'option des énergies renouvelables. Mais au-delà des inquiétudes quantitatives, une inquiétude qualitative se pose; celle de savoir, nous fiant à la célèbre maxime scientifique de Lavoisier (1743- 1794) « rien ne se perd rien ne se crée tout se transforme », qu'avons-nous créé par la combustion de ces énergies fossiles? Et la réponse devient d'ailleurs plus inquiétante. Tel que le prévoyait le rapport Brundtland (1987, p.14) : « pour que le

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développement durable puisse advenir dans le monde entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites écologiques de la planète » ; et non dans la confiance aux alternatives énergétiques dont les répercussions négatives plausibles sur l'environnement ne sont pas encore perçues.

Selon F. Baddache (2006), la nouveauté apportée dans la vie de l'homme moderne depuis le Congrès International d'Architecture Moderne d'Athènes en 1933 et renchérie après la seconde guerre mondiale, c'est la cohabitation avec le métal. Aujourd'hui, cette cohabitation, devient plus accrue car désormais, l'homme explore les mines non pour fabriquer de simples bijoux, des couteaux et des armes pour sa défense, mais pour fabriquer des locomotives en acier, des wagons, des voitures, les coques de bateaux, les rails, des joyaux, etc. Car, désormais entassés dans les villes, les hommes ont besoin, non seulement de s'y déplacer mais aussi de rallier les villes entre elles et les campagnes aussi. Au fil du temps, l'augmentation de la population mondiale imposant une augmentation des besoins, les extractions minières n'ont cessé de croître pour assouvir à tous les besoins du monde. Cette augmentation n'interrogeait guère avant que l'on ne se rende compte de la nature finie de ces précieuses ressources.

De 1970 à 2000 la demande en ressources minières mondiale a doublé et l'on s'attend à ce qu'elle double encore d'ici 2050 ; selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), la consommation du pétrole seul a plus que doublé de 1973 à 2010 passant de 6107 millions de tonnes à 12719 millions de tonnes en 2010 ; bien que les prévisions sur la raréfaction du pétrole ne permettent pas d'avoir, de façon exacte, une idée claire de ce fait, il se pourrait, d'après l'Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles (IFPEN), que le pic de production mondiale de pétrole se situe entre 2015-2025 ; période après laquelle le pétrole commencera à se raréfier jusqu'à épuisement. Quant aux ressources minières, selon le Service Géologique des Etats-Unis (USGS), si l'on s'obstine à garder le niveau de consommation actuel, l'argent aurait des réserves pour 13 ans, le zinc 17 ans, l'indium (pour fabriquer les téléviseurs LCD) 19 ans, le plomb pour 22 ans, l'étain, le cuivre et le nickel pour 50 ans, l'uranium pour 70 ans. Ce délai risque d'être raccourci une fois encore avec l'émergence des « BASIC» ((Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) pour qui l'objectif de consommation est sans limite.

A l'état actuel de nos connaissances, il n'est nul doute que ces ressources, une fois épuisées, puissent être valablement substituées par d'autres sûrement plus séduisantes, mais

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l'inquiétude qui se pose n'est pas celle de la plausible substitution des ressources minières en disparition par d'autres mais celle de savoir si, continuant sur cette lancée, nous sommes sûrs de léguer aux générations futures un monde que nous serions heureux d'habiter? Car cette surexploitation des ressources naturelles révèle l'ampleur de la consommation de presque toutes les ressources, construites à partir de phénomènes naturels depuis des millénaires, en un intervalle de deux siècles. Ces deux siècles que nous avons considéré comme « les siècles de progrès» (D. Méda, 2008, p.2) qui ont révolutionné la qualité de la vie de l'homme, sont devenus au contraire les siècles de la damnation de l'humanité.

La révolution industrielle, a donc instauré un nouvel ordre de développement basé sur l'exploitation des ressources, la transformation puis la vente de produits finis entrainant l'accumulation inégale de la richesse et la pollution de l'environnement ; la ville est le lieu par excellence où se retrouvent toutes les caractéristiques qui inquiètent de nos jours.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote