1.2- L'épuisement des ressources terrestres
Les préoccupations sur l'épuisement des
ressources datent de la préhistoire car, l'homme préhistorique
sachant que les ressources s'épuisent, faisait déjà des
réserves de nourriture pour sa famille garantissant ainsi l'avenir.
Cette préoccupation n'a cessé de hanter l'homme tout au long de
l'histoire; elle deviendra plus accrue surtout à partir XXe
siècle où l'on se rend à l'évidence que les
ressources sont limitées. A. Kiss (2005, p.85-86) écrit:
Une des premières conventions mondiales visant à
la protection d'espèces sauvages dans un but autre que leur exploitation
est la convention de Paris du 19 mars 1902 « pour la protection des
oiseaux utiles à l'agriculture ». L'objet de cette convention est
significatif. Ainsi, la condamnation des « oiseaux nuisibles », en
particulier des rapaces nocturnes et diurnes -- dont la plupart sont
protégés aujourd'hui -- en dit long sur les motivations de cette
convention. Les années 1930 ont apporté des progrès dans
ce domaine avec l'adoption de la convention de Londres du 8 novembre 1933,
relative à la conservation de la faune et de la flore à
l'état naturel (...) Un autre progrès a été
accompli aux Amériques avec la convention de Washington du 12 octobre
1940 pour la protection de la flore, de la faune et des beautés
panoramiques naturelles des pays de l'Amérique. Toutefois, ses
dispositions étaient peu contraignantes.
Indispensables à la vie et à
l'épanouissement de l'Homme, les ressources constituent la
matière de base de la vie de l'homme et leur manque serait fatal pour
lui. Ces ressources, qu'elles soient d'ordre énergétique,
minéral ou biotique, demeurent toutes essentielles à la vie de
l'homme. S'agissant des ressources énergétiques fossiles, de nos
jours, elles demeurent presqu'incontournables dans la production de
l'énergie pour raison la grande confiance qui est mise de nos jours en
cette ressource. La croissante dépendance de l'humanité
vis-à-vis des énergies fossiles, notamment le charbon et le
pétrole qui sont les plus prisées, inquiète en ce sens
qu'il est établit de nos jours avec certitude que ces réserves
énergétiques sont en voie de finition; l'inquiétude surgit
essentiellement donc de la peur du futur: qu'allons-nous devenir si les
énergies fossiles venaient à s'épuiser? A cette question
les scientifiques proposent l'option des énergies renouvelables. Mais
au-delà des inquiétudes quantitatives, une inquiétude
qualitative se pose; celle de savoir, nous fiant à la
célèbre maxime scientifique de Lavoisier (1743- 1794) « rien
ne se perd rien ne se crée tout se transforme », qu'avons-nous
créé par la combustion de ces énergies fossiles? Et la
réponse devient d'ailleurs plus inquiétante. Tel que le
prévoyait le rapport Brundtland (1987, p.14) : « pour que le
17
développement durable puisse advenir dans le monde
entier, les nantis doivent adopter un mode de vie qui respecte les limites
écologiques de la planète » ; et non dans la confiance aux
alternatives énergétiques dont les répercussions
négatives plausibles sur l'environnement ne sont pas encore
perçues.
Selon F. Baddache (2006), la nouveauté apportée
dans la vie de l'homme moderne depuis le Congrès International
d'Architecture Moderne d'Athènes en 1933 et renchérie
après la seconde guerre mondiale, c'est la cohabitation avec le
métal. Aujourd'hui, cette cohabitation, devient plus accrue car
désormais, l'homme explore les mines non pour fabriquer de simples
bijoux, des couteaux et des armes pour sa défense, mais pour fabriquer
des locomotives en acier, des wagons, des voitures, les coques de bateaux, les
rails, des joyaux, etc. Car, désormais entassés dans les villes,
les hommes ont besoin, non seulement de s'y déplacer mais aussi de
rallier les villes entre elles et les campagnes aussi. Au fil du temps,
l'augmentation de la population mondiale imposant une augmentation des besoins,
les extractions minières n'ont cessé de croître pour
assouvir à tous les besoins du monde. Cette augmentation n'interrogeait
guère avant que l'on ne se rende compte de la nature finie de ces
précieuses ressources.
De 1970 à 2000 la demande en ressources minières
mondiale a doublé et l'on s'attend à ce qu'elle double encore
d'ici 2050 ; selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), la consommation
du pétrole seul a plus que doublé de 1973 à 2010 passant
de 6107 millions de tonnes à 12719 millions de tonnes en 2010 ; bien que
les prévisions sur la raréfaction du pétrole ne permettent
pas d'avoir, de façon exacte, une idée claire de ce fait, il se
pourrait, d'après l'Institut Français du Pétrole et des
Energies Nouvelles (IFPEN), que le pic de production mondiale de pétrole
se situe entre 2015-2025 ; période après laquelle le
pétrole commencera à se raréfier jusqu'à
épuisement. Quant aux ressources minières, selon le Service
Géologique des Etats-Unis (USGS), si l'on s'obstine à garder le
niveau de consommation actuel, l'argent aurait des réserves pour 13 ans,
le zinc 17 ans, l'indium (pour fabriquer les téléviseurs LCD) 19
ans, le plomb pour 22 ans, l'étain, le cuivre et le nickel pour 50 ans,
l'uranium pour 70 ans. Ce délai risque d'être raccourci une fois
encore avec l'émergence des « BASIC» ((Brésil, Afrique
du Sud, Inde et Chine) pour qui l'objectif de consommation est sans limite.
A l'état actuel de nos connaissances, il n'est nul
doute que ces ressources, une fois épuisées, puissent être
valablement substituées par d'autres sûrement plus
séduisantes, mais
18
l'inquiétude qui se pose n'est pas celle de la
plausible substitution des ressources minières en disparition par
d'autres mais celle de savoir si, continuant sur cette lancée, nous
sommes sûrs de léguer aux générations futures un
monde que nous serions heureux d'habiter? Car cette surexploitation des
ressources naturelles révèle l'ampleur de la consommation de
presque toutes les ressources, construites à partir de
phénomènes naturels depuis des millénaires, en un
intervalle de deux siècles. Ces deux siècles que nous avons
considéré comme « les siècles de progrès»
(D. Méda, 2008, p.2) qui ont révolutionné la
qualité de la vie de l'homme, sont devenus au contraire les
siècles de la damnation de l'humanité.
La révolution industrielle, a donc instauré un
nouvel ordre de développement basé sur l'exploitation des
ressources, la transformation puis la vente de produits finis entrainant
l'accumulation inégale de la richesse et la pollution de l'environnement
; la ville est le lieu par excellence où se retrouvent toutes les
caractéristiques qui inquiètent de nos jours.
|