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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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1.1.2- La pollution de l'eau

L'eau c'est la vie dit-on. Cette ressource rare indispensable à la vie se voit menacée par des comportements abusifs qui mettent à mal l'abondance de cette ressource rare pour nous et pour ceux qui viendront après nous. La vue satellitaire de la terre pourrait faire douter

11 Rapport Brundtland, 1987, p.141.

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du fait que l'on parle de pénurie d'eau sur terre car les 3/4 de la terre sont couverts d'environ 1385 millions de kilomètre cube d'océans, mers, lacs, fleuves, nappes phréatiques souterraines confondues; toujours selon M. Barah (2005), étant donné que l'eau salée domine, l'eau potable dont dispose toute la terre revient à 2,5% de cet ensemble soit 34 millions de kilomètres cube sur les 1385 millions de kilomètres cube et l'essentiel de cette eau douce serait conservé dans les iceberg et indisponibles pour l'instant.

Cette quantité limitée d'eau n'est pas la raison justificatrice de l'inégale répartition de l'eau sur la planète car, de nombreuses études ont été menées sur les quantités d'eau dont dispose la terre et ces études infirment l'hypothèse de la pénurie. M. Barah (2005, p.142) écrit dans cet ordre d'idée: « le peu de ressources en eau renouvelable disponible aujourd'hui reste suffisant pour surseoir aux besoins de l'humanité. A condition cependant d'en faire une utilisation sage, équilibrée et bien encadrée, ce qui est souvent loin d'être le cas ». Et ce constat était déjà dressé par le rapport Brundtland qui notait:

La consommation mondiale d'eau a doublé entre 1940 et 1980 et l'on s'attend à ce qu'elle double encore d'ici 2000, les 2/3 des quantités prévues allant à l'agriculture. Et pourtant, 80 pays représentant 40% de la population mondiale souffrent déjà de sérieuses pénuries d'eau2.

La distribution d'eau douce est marquée par une injustice que l'on peut qualifier de naturelle car certaines étendues sont tellement arrosées et débordantes d'eau, les zones équatoriales par exemple, alors que d'autres se trouvent dans une situation déplorable de manque d'eau, les déserts notamment. Nous prenons à témoins les zones humides d'Afrique d'Amérique du Sud qui sont bien arrosées alors que certains points du globe comme le Sahara, le Kalahari, sont presque à sec tout au long de l'année. Et pourtant ces zones arides du globe ne sont pas traitées selon une règle de justice équitable. Par exemple la ville de Las Vegas bâtie en plein désert de Mojave n'a rien de comparable avec la Somalie où les troupeaux de bêtes meurent chaque jour de soif et où les hommes vivent dans un permanent besoin d'eau. Tel que l'énonce une fois encore M. Barah (2005), partie sur une base de distribution inéquitable des ressources en eau, aujourd'hui l'humanité se voit confrontée à la réalité de la pénurie en eau et trois facteurs seraient responsables de cette situation: l'irrigation, le gaspillage et la pollution.

L'irrigation, comme le souligne E. Bonnefous (1973, p.23), est toujours apparue comme « la conquête pacifique par excellence de la nature»; cette irrigation permet de nourrir aujourd'hui toute l'humanité indépendamment des saisons en exploitant 70% des

2Rapport Brundtland, 1987, p.239.

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ressources mondiale d'eau douce renouvelable. Les méfaits de l'irrigation ne se limitant pas seulement à l'épuisement des ressources mondiales en eau douce, il faut également noter que cette pratique fait remonter du sel à la surface ce qui grille les sols. Ainsi que le note E. Bonnefous (1973, p.23) : « 30% des 12 millions d'hectares irrigués en Union Soviétique sont salés et nécessitent des mesures d'assainissement; quant aux USA, un hectare sur deux est partiellement stérile ».

En plus de l'irrigation, le gaspillage a aussi sa part de responsabilité dans l'épuisement des réserves d'eau. En effet:

Notre quotidien est fait d'habitudes et gestes qui impliquent, d'une manière ou d'une autre, une utilisation fréquente de l'eau. Toilette personnelle, évacuation de nos rejets ou encore entretien de l'état de nos biens sont ainsi autant de pratiques qui, combinées à une nécessaire hygiène de vie, ont consacré l'or bleu comme élément incontournable de notre quotidien. Mais, ces habitudes étant bien évidemment tout à fait justifiées, il va de soi que c'est à compter du moment où se présentent des usages incontrôlés et injustifiés de l'eau que les signaux d'alarme se doivent d'être actionnés (M. Barah, 2005, p.143).

Des gestes anodins comme le brossage au robinet ouvert, les bains hebdomadaires d'engin (voiture par exemple), les douches longues, le dispositif hydraulique, arrosage des jardins etc. sont souvent les manifestations de ce gaspillage. Contrairement à l'idée que l'on a souvent que ce gaspillage est plus remarqué dans les pays développés, il faudrait noter que les pays en voie de développement sont souvent les plus grands gaspilleurs en eau car, l'on y rencontre un équipement hydraulique purement occidentalisé avec, comme le note M. Barah (2005), des infrastructures dépassées, c'est-à-dire trop consommatrice d'eau, ce qui les rend plus gaspilleurs en matière d'eau que les pays développés qui luttent à présent pour réduire leur consommation en eau.

Notons également que la pollution atmosphérique a aussi des conséquences sur l'eau en ce sens qu'elle altère la qualité de l'eau. Encore une fois, le rapport de conséquence entre révolution industrielle, société de consommation, pollution et qualité de la vie est mis en exergue. En effet les rejets des usines, des moyens de déplacement, les déchets non biodégradables inhérents à notre vie quotidienne augmente de plus en plus la teneur en substances toxiques dans les cours d'eau infectant ainsi les eaux de ruissellement qui contaminent ensuite les sources.

L'industrialisation de nos sociétés et les retombées dues à la pollution croissante qui l'accompagnent, du fait des rejets dont sont coupables les usines et moyens de locomotion,

contribuent en effet à augmenter la teneur des cours d'eau en substances toxiques. M. Barah (2005, p.143) écrit:

L'eau qui sert à arroser les terres s'infiltre dans les sols avant de rejoindre les nappes souterraines et elle entraîne, dans sa course, toutes sortes de polluants et produits chimiques qui contribuent à souiller une eau qui est par définition très lente à se renouveler.

En plus des cours d'eau qui sont les premiers vecteurs de ces déchets toxiques, progressivement ce sont les mers, les lacs, les océans et les nappes phréatiques souterraines qui sont tous infectés et, dans un cercle vicieux, infectent la santé de l'homme; ainsi qu'elle le dit:

Et cette tendance qui, une fois de plus, touche le plus souvent des pays pourtant déjà démunis en la matière, se confirme malheureusement jour après jour, en dépit des nombreuses protestations et mises en garde agitées par un nombre non négligeable d'organisations non gouvernementales (ONG) » (M. Barah, 2005, p. 144).

Face à toutes ces dégradations, l'humanité est comparable à, comme le signalait H. Reeves (2013), un train qui fonce à 100 k/h vers un mur; fait auquel deux solutions s'offrent: soit diminuer la vitesse à 90 km/h soit changer de train. Mais malgré l'urgence de l'heure, la décision tarde encore; c'est ce qu'attestent les pollutions toujours croissantes, s'étendant jusqu'à l'environnement sonore.

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