1.1.2- La pollution de l'eau
L'eau c'est la vie dit-on. Cette ressource rare indispensable
à la vie se voit menacée par des comportements abusifs qui
mettent à mal l'abondance de cette ressource rare pour nous et pour ceux
qui viendront après nous. La vue satellitaire de la terre pourrait faire
douter
11 Rapport Brundtland, 1987, p.141.
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du fait que l'on parle de pénurie d'eau sur terre car
les 3/4 de la terre sont couverts d'environ 1385 millions de kilomètre
cube d'océans, mers, lacs, fleuves, nappes phréatiques
souterraines confondues; toujours selon M. Barah (2005), étant
donné que l'eau salée domine, l'eau potable dont dispose toute la
terre revient à 2,5% de cet ensemble soit 34 millions de
kilomètres cube sur les 1385 millions de kilomètres cube et
l'essentiel de cette eau douce serait conservé dans les iceberg et
indisponibles pour l'instant.
Cette quantité limitée d'eau n'est pas la raison
justificatrice de l'inégale répartition de l'eau sur la
planète car, de nombreuses études ont été
menées sur les quantités d'eau dont dispose la terre et ces
études infirment l'hypothèse de la pénurie. M. Barah
(2005, p.142) écrit dans cet ordre d'idée: « le peu de
ressources en eau renouvelable disponible aujourd'hui reste suffisant pour
surseoir aux besoins de l'humanité. A condition cependant d'en faire une
utilisation sage, équilibrée et bien encadrée, ce qui est
souvent loin d'être le cas ». Et ce constat était
déjà dressé par le rapport Brundtland qui notait:
La consommation mondiale d'eau a doublé entre 1940 et
1980 et l'on s'attend à ce qu'elle double encore d'ici 2000, les 2/3 des
quantités prévues allant à l'agriculture. Et pourtant, 80
pays représentant 40% de la population mondiale souffrent
déjà de sérieuses pénuries d'eau2.
La distribution d'eau douce est marquée par une
injustice que l'on peut qualifier de naturelle car certaines étendues
sont tellement arrosées et débordantes d'eau, les zones
équatoriales par exemple, alors que d'autres se trouvent dans une
situation déplorable de manque d'eau, les déserts notamment. Nous
prenons à témoins les zones humides d'Afrique d'Amérique
du Sud qui sont bien arrosées alors que certains points du globe comme
le Sahara, le Kalahari, sont presque à sec tout au long de
l'année. Et pourtant ces zones arides du globe ne sont pas
traitées selon une règle de justice équitable. Par exemple
la ville de Las Vegas bâtie en plein désert de Mojave n'a rien de
comparable avec la Somalie où les troupeaux de bêtes meurent
chaque jour de soif et où les hommes vivent dans un permanent besoin
d'eau. Tel que l'énonce une fois encore M. Barah (2005), partie sur une
base de distribution inéquitable des ressources en eau, aujourd'hui
l'humanité se voit confrontée à la réalité
de la pénurie en eau et trois facteurs seraient responsables de cette
situation: l'irrigation, le gaspillage et la pollution.
L'irrigation, comme le souligne E. Bonnefous (1973, p.23), est
toujours apparue comme « la conquête pacifique par excellence de la
nature»; cette irrigation permet de nourrir aujourd'hui toute
l'humanité indépendamment des saisons en exploitant 70% des
2Rapport Brundtland, 1987, p.239.
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ressources mondiale d'eau douce renouvelable. Les
méfaits de l'irrigation ne se limitant pas seulement à
l'épuisement des ressources mondiales en eau douce, il faut
également noter que cette pratique fait remonter du sel à la
surface ce qui grille les sols. Ainsi que le note E. Bonnefous (1973, p.23) :
« 30% des 12 millions d'hectares irrigués en Union
Soviétique sont salés et nécessitent des mesures
d'assainissement; quant aux USA, un hectare sur deux est partiellement
stérile ».
En plus de l'irrigation, le gaspillage a aussi sa part de
responsabilité dans l'épuisement des réserves d'eau. En
effet:
Notre quotidien est fait d'habitudes et gestes qui impliquent,
d'une manière ou d'une autre, une utilisation fréquente de l'eau.
Toilette personnelle, évacuation de nos rejets ou encore entretien de
l'état de nos biens sont ainsi autant de pratiques qui, combinées
à une nécessaire hygiène de vie, ont consacré l'or
bleu comme élément incontournable de notre quotidien. Mais, ces
habitudes étant bien évidemment tout à fait
justifiées, il va de soi que c'est à compter du moment où
se présentent des usages incontrôlés et injustifiés
de l'eau que les signaux d'alarme se doivent d'être actionnés (M.
Barah, 2005, p.143).
Des gestes anodins comme le brossage au robinet ouvert, les
bains hebdomadaires d'engin (voiture par exemple), les douches longues, le
dispositif hydraulique, arrosage des jardins etc. sont souvent les
manifestations de ce gaspillage. Contrairement à l'idée que l'on
a souvent que ce gaspillage est plus remarqué dans les pays
développés, il faudrait noter que les pays en voie de
développement sont souvent les plus grands gaspilleurs en eau car, l'on
y rencontre un équipement hydraulique purement occidentalisé
avec, comme le note M. Barah (2005), des infrastructures
dépassées, c'est-à-dire trop consommatrice d'eau, ce qui
les rend plus gaspilleurs en matière d'eau que les pays
développés qui luttent à présent pour
réduire leur consommation en eau.
Notons également que la pollution atmosphérique
a aussi des conséquences sur l'eau en ce sens qu'elle altère la
qualité de l'eau. Encore une fois, le rapport de conséquence
entre révolution industrielle, société de consommation,
pollution et qualité de la vie est mis en exergue. En effet les rejets
des usines, des moyens de déplacement, les déchets non
biodégradables inhérents à notre vie quotidienne augmente
de plus en plus la teneur en substances toxiques dans les cours d'eau infectant
ainsi les eaux de ruissellement qui contaminent ensuite les sources.
L'industrialisation de nos sociétés et les
retombées dues à la pollution croissante qui l'accompagnent, du
fait des rejets dont sont coupables les usines et moyens de locomotion,
contribuent en effet à augmenter la teneur des cours
d'eau en substances toxiques. M. Barah (2005, p.143) écrit:
L'eau qui sert à arroser les terres s'infiltre dans les
sols avant de rejoindre les nappes souterraines et elle entraîne, dans sa
course, toutes sortes de polluants et produits chimiques qui contribuent
à souiller une eau qui est par définition très lente
à se renouveler.
En plus des cours d'eau qui sont les premiers vecteurs de ces
déchets toxiques, progressivement ce sont les mers, les lacs, les
océans et les nappes phréatiques souterraines qui sont tous
infectés et, dans un cercle vicieux, infectent la santé de
l'homme; ainsi qu'elle le dit:
Et cette tendance qui, une fois de plus, touche le plus
souvent des pays pourtant déjà démunis en la
matière, se confirme malheureusement jour après jour, en
dépit des nombreuses protestations et mises en garde agitées par
un nombre non négligeable d'organisations non gouvernementales (ONG)
» (M. Barah, 2005, p. 144).
Face à toutes ces dégradations,
l'humanité est comparable à, comme le signalait H. Reeves (2013),
un train qui fonce à 100 k/h vers un mur; fait auquel deux solutions
s'offrent: soit diminuer la vitesse à 90 km/h soit changer de train.
Mais malgré l'urgence de l'heure, la décision tarde encore; c'est
ce qu'attestent les pollutions toujours croissantes, s'étendant
jusqu'à l'environnement sonore.
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