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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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Partie I:

Les fondements de la durabilité

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Dans cette première partie intitulée les fondements de la durabilité, notre travail a consisté à rappeler les fondements du développement durable permettant de mieux cerner le contexte d'émergence de la durabilité et ses enjeux. En effet, il s'est agit pour nous de répondre à notre première question spécifique qui est: au nom de quels fondements peut-on s'employer à comprendre la configuration de la durabilité?

Les signes précurseurs de la durabilité en tant que paradigme de développement, d'après nos recherches, se regroupent en quatre faits complémentaires à savoir: une surexploitation de la nature conduisant à l'altération de la capacité de la planète à reproduire les conditions de son équilibre, le réchauffement de la planète et les inégalités environnementales. C'est dans ce contexte de crise écologique qu'émergera plus tard la durabilité comme la solution pouvant garantir un mieux être de l'homme en relation avec son écosystème.

Pour élucider ces propos, nous avons structuré notre première partie est deux chapitres; dans le premier chapitre intitulé les signes précurseurs de la durabilité, nous nous sommes appesanti sur la surexploitation de la nature qui a conduit à l'altération de la planète à reproduire les conditions de son équilibre; altération qui se manifeste par l'épuisement des ressources, les pollution de l'eau, de l'air, de l'environnement sonore; la destruction de la couche d'ozone, la pression sur les écosystèmes.

Dans le second chapitre intitulé la conscience écologique et la construction conceptuelle de la durabilité, eu égard aux dérèglements de la biosphère auxquels nous avons fait allusion au premier chapitre, nous avons mis en exergue l'impact de la prise de conscience du mal-être de notre biosphère qui s'est manifestée par la tenue des différentes conférences sur l'environnement et finalement à la naissance théorique du développement durable.

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Chapitre1- Les signes précurseurs de la durabilité

1.1- Les dérèglements de la biosphère

1.1.1- L'effet de serre

La question de la crise écologique dont nous nous proposons de rappeler les fondements, s'appréhende généralement sous deux aspects essentiels ; la préoccupation liée à la biosphère dans un premier temps et celles liées aux ressources d'autre part. D. Bourg (2012, p.8) écrit:

Il y a deux aspects essentiels sur le plan environnemental aujourd'hui: D'une part, les questions liées aux dérèglements de la biosphère : changement climatique, érosion de la biodiversité- qui n'est pas tant la réduction du nombre d'espèces que l'appauvrissement génétique au sein de chacune d'entre elles qui obère l'aptitude du vivant à s'adapter-, cycle de l'azote, acidification des océans, etc. (...). D'autre part, les questions liées aux ressources, qu'il s'agisse des énergies fossiles, des minéraux, de l'eau douce, des ressources biotiques et des grands services écologiques.

La possibilité de la vie sur terre a une dette envers l'atmosphère riche en oxygène mais aussi à la température terrestre adéquate au foisonnement de la vie. L'effet de serre est en effet un piège énergétique qui retient une partie de l'énergie solaire reflétée par la terre dans l'atmosphère de façon à maintenir la surface de la terre à une température moyenne de 15° idéale à la vie, au cas contraire elle serait de - 19°. J.-P. Déleage (1992, p.224) écrit en ce sens:

(...)La terre est une machine thermique recevant en permanence un flux de rayonnement solaire d'une puissance de 1,75.1014 kilowatts (175 milliards de KW, soit dix mille fois la consommation annuelle d'énergie de toutes les sociétés humaines). L'albedo terrestre moyen qui représente la part de cette énergie directement réfléchie ou rediffusée vers l'espace, est de 30%. Les 70% restant animent la grande machine planétaire: vaporisation des eaux océaniques ; chauffage différentiel des masses d'air à l'origine des vents, photosynthèse.

Cette harmonie entre la terre et tous ses constituants nous laisse dire, toujours avec J.-P. Deléage (1992) que la terre est un être vivant qui interagit constamment avec son environnement physico-chimique, formant avec lui un seul être vivant; interaction qui rend encore possible la vie sur terre.

Cette harmonie semblait aller de soi jusqu'à l'avènement de la société de consommation qui a désorganisé le rythme de ces phénomènes naturels ;désorganisation qui s'explique par le fait qu'il y a désormais un déséquilibre entre le style de vie très consommateur d'énergies et très polluant d'une part et le rythme de régénération des ressources naturelles et de l'atmosphère d'autre part. A. Kiss (2005, p.85) écrit: « l'avènement de la société de consommation a rendu manifeste le déséquilibre entre ce style

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de vie et les ressources naturelles de la planète ». Ce déphasage entre le style de vie et la disponibilité des ressources naturelles, surtout en ce qui concerne les ressources énergétiques fossiles, ne va pas sans incidence sur l'atmosphère; en effet, dans cette course aux ressources, l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) prévient que d'ici 2050, si aucune disposition n'est prise, le coût de l'inaction pourrait être énorme; car d'ici 2050, la demande énergétique augmentera de 80% couverte essentiellement par les énergies fossiles. La conséquence directe de cette hausse de la consommation énergétique est l'impact sur l'effet de serre. En effet, la combustion des énergies fossiles libère différentes sortes de gaz nocifs dont les plus reconnus sont le dioxyde de carbone (CO2) et les chlorofluorocarbones; ces gaz a effet de serre sature l'atmosphère qui est naturellement doté de l'effet de serre entrainant ainsi une augmentation sensible de la température terrestre avec pour conséquence le refroidissement de la stratosphère qui favorise la destruction de la couche d'ozone.

Ces préoccupations pour la pureté de l'air prennent de l'importance à partir des années 1960 car l'on avait une conception traditionnaliste de la pollution celle de la pollution ponctuelle de l'air. Elle devient mondiale après le constat des catastrophes naturelles telles que l'acidification et la mort des lacs, la disparition des forets, les pluies acides etc. c'est ce que notifie J. Vernier (2007, p. 24) : « l'acidification et la mort des lacs scandinaves ou canadiens, la mort des forets par les « pluies acides» en ont été témoins. En 1968, l'Organisation des Nations Unies, soucieuse de la détérioration de l'espace humain, décrète une conférence mondiale sur « le milieu humain », ce qui rendu possible la conférence de Stockholm en 1972 ; mais bien avant cette conférence, en 1968 les chefs d'Etats et de gouvernements africains organisaient une convention sur la conservation de la nature et des ressources naturelles; néanmoins, la conférence de Stockholm reste le principal témoin de la prise de conscience mondiale de la préoccupation environnementale.

Ces deux conférences avaient toutes le même objectif qui est celui de prendre conscience des dégradations environnementales en général et de la pollution atmosphérique en particulier dont les principales causes, d'après J. Vernier (2007, p.23) sont:

Les installations fixes de combustion (chauffage domestique, centrales électriques thermiques, chaudières industrielles), les transports automobiles et certains procédés de fabrication industriels quant aux usines (cimenteries, production de gaz naturel, usines d'aluminium, usine de sidérurgie, raffineries de pétrole, usines agroalimentaires).

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Toutes ces rencontres ont préparé les travaux de la commission Brundtland, qui dressait un récapitulatif de la pollution atmosphérique en ces termes:

L'utilisation de combustibles fossiles et, dans une moindre mesure, la disparition de la couverture végétale- notamment des forets- accroissent l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère. Avant l'ère industrielle, la concentration atmosphérique de CO2 était environ de 280 parties par million (PPM).Cette concentration atteignait 340 en 1980 et l'on pense qu'elle s'élèvera à 560 entre le milieu et la fin du siècle prochain. (...) En milieu urbain, les émissions de combustibles fossiles les plus préoccupantes, que leur source soit fixe ou mobile, sont les suivantes: anhydride sulfureux, oxyde d'azote, monoxyde de carbone, divers composés organiques volatils, cendres et autres particules en suspension1.

Dans ce contexte de pollution et de dégradation de la couche d'ozone, les océans jouent le rôle de régulateur de la pollution atmosphérique, car ils absorbent jusqu'à 50% du C02 produit par les activités anthropiques ; mais les océans pourront-ils continuer à absorber les quantités de plus en plus énormes de C02? Et l'homme pourra-t-il continuer à supporter le réchauffement climatique et ses corolaires sans porter atteinte à son espèce ? J. Vernier (2007, p.37) écrit dans cet ordre d'idée:

Aujourd'hui 50% de CO2 produit est absorbé actuellement par les océans, ce qui retarde le phénomène, mais les mers ne seront-elles pas bientôt saturées? Le réchauffement augmente l'évaporation de l'eau, mais cette vapeur d'eau supplémentaire dans l'atmosphère amplifiera l'effet de serre : n'y a-t-il pas risque d'accélération, voire d'emballement du phénomène?

Les forêts qui ont également joué et continuent de jouer un grand rôle dans la purification de l'atmosphère sont soumises aussi à rude épreuves de nos jours; selon les chiffres fournis par le Groupe d'Experts Intergouvernemental de l'Evolution du Climat (GIEC), 60 % des écosystèmes sont exploités au-delà de leurs capacités, 36,6 millions d'hectares de forêts ont disparu au cours des cinq dernières années, rendant plus vulnérable la protection contre les pollutions atmosphériques.

Ces statistiques laissent voir clairement que ni la mer ni le couvert végétal n'arrivent à jouer son rôle de purificateur de l'atmosphère; mais tout comme l'air, l'eau, l'une des ressources rares et pourtant indispensable à l'humanité, est aussi soumise à rude épreuve.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle