7.2- Vivre mieux avec moins
Face aux générations futures desquelles nous
sommes responsables, un engagement concret dans la gouvernance et les habitudes
aussi bien sur le plan global qu'individuel s'impose. Le développement
durable a tant bien que mal essayé d'inclure de nouvelles habitudes dans
la sphère sociétale afin de limiter les impacts environnementaux
des activités humaines en vue de garantir un meilleur capital naturel et
une société plus juste aux générations futures.
Mais hélas !. Les contradictions conceptuelle, économique et
politique, inhérentes à ce paradigme laissent voir que le
développement durable, à lui seul, n'est pas apte à
honorer ses engagements.
L'écologie en tant que mouvement social du XXe
siècle s'était aussi donné pour objectif l'opposition
à la société de consommation et donc la lutte pour un
mieux être de l'environnement et une justice sociale plus visible. La
justice environnementale participative se conçoit aujourd'hui donc comme
l'aspect évolué de l'écologie d'antan tel
qu'évoqué par D. Bourg (2012).
Notons que le développement durable a fait
émergé deux préoccupations majeures; d'abord celle
d'instaurer un partage équitable des richesses de la terre, et celle de
parvenir à une atténuation des problèmes environnementaux
globaux. Le rapport Brundtland (1987, p.14) note:
Pour satisfaire les besoins essentiels, il faut non seulement
assurer la croissance économique dans les pays où la
majorité des habitants vivent dans la misère, mais encore faire
de sorte que les plus démunis puissent bénéficier de leur
juste part des ressources qui permettent cette croissance.
Si cet idéal, toujours d'actualité n'est pas
atteint, c'est à cause, tel que le note D. Bourg (2012, p. 4) « des
erreurs inhérentes au concept même de développement durable
».La première erreur est la fausse estimation du pouvoir de
l'économie face à l'environnement et à la
société dans l'articulation de la durabilité
c'est-à-dire dans l'articulation
économie-environnement-société. Tel qu'il le dit:
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La première de ces erreurs est d'avoir postulé
une harmonie possible entre les trois fameux piliers : les dimensions
économique, écologique et sociale du développement.
C'était faire peu de cas de l'impérialisme essentiel à la
raison économique, qui a un penchant irrésistible à
phagocyter tout autre dimension. (D. Bourg, 2012, p. 4).
La seconde erreur que l'on pourrait reprocher au
développement durable, toujours dans la logique de D. Bourg (2012), est
l'illusoire ambition de produire plus avec moins ;car en réalité
le problème de la pollution atmosphérique et de la
raréfaction des ressources ne se situe pas uniquement au niveau de la
fabrication mais aussi de la consommation ce qu'ignorait le rapport Brundtland;
aussi, l'économie prenant le dessus sur les aspects axiologiques
constitue une raison de plus pour rester sceptique.
Après l'échec de ces stratégies de
régulation de la crise écologique, il n'est plus question de
chercher à produire plus ou moins, ni perfectionner ou non notre
technique. Les questions qui se posent à présent et auxquelles
nous devons donner des réponses, tel que l'énonce toujours D.
Bourg (2012, p.6) sont:
Comment vivre mieux avec moins et donc, comment sortir de la
croissance? Comment penser qu'une société soit viable
économiquement sans croissance. (...) le problème n'est plus le
développement durable, mais la transition écologique.
Cette entreprise de grande envergure qu'est la transition
écologique demande une reconfiguration du fonctionnement social. Bien
que D. Bourg (2012) identifie une panoplie de dimensions à prendre en
compte pour une véritable transition écologique, nous nous
intéressons ici uniquement aux aspects économique, politique et
axiologique.
Sur le plan économique, la transition écologique
nécessite la construction de nouvelles stratégies permettant
d'arrêter la construction de la société sur la base d'une
demande toujours croissante en énergie et en ressources. Ceci demande
à avoir un autre indicateur du développement des peuples que le
P11B ; D. Bourg (2012, p.7) écrit: « Cela ne veut pas dire que le
P11B n'a plus aucun intérêt, mais qu'il ne peut plus être
l'orient de toute politique publique »; M. Brezzi, L. de Mello et
É. Laurent(2016, p.14) quant à eux notent: « il servira
plutôt à mesurer pour comprendre, assurément, mais aussi et
surtout mesurer pour changer ». tout ceci, une fois encore, passe par la
bonne volonté des politiques qui vont oeuvrer à cette fin.
Quant à l'aspect axiologique, il est question de
changer nos habitudes par une discipline qui permettrait de vivre heureux en
produisant et en consommant moins; en
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d'autres termes, il s'agit de la culture de la
durabilité au quotidien. Mais une question demeure : une telle vie
est-elle possible?
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