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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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6.2- De la durabilité à la responsabilité pour une justice environnementale

Apparu dans les années 1990 après le rapport Brundtland, « la durabilité» en tant que concept voulait exprimer de façon succincte, l'essentiel du rapport Brundtland à savoir la juste articulation entre les aspects social - économique - environnemental. A. Moroncini et B. Ouchene (2016, p.9) affirment: « la durabilité se définit comme étant un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leurs propres besoins».

Mais tel que nous l'avons démontré, les dégradations environnementales n'ont cessé de battre les records malgré « le sommet sur la terre» en 1992 suivi des 22 Conférences des Parties depuis 1995 dont l'objectif spécifique était de réduire les effets nocifs des activités anthropiques sur le climat. Tout porte donc à croire que la durabilité tel qu'énoncée clairement dans le rapport Brundtland n'est pas assez efficace pour apporter des solutions adéquates aux crises environnementales; D. Bourg (2012, p.4) renchérit ce présupposé en affirmant:

Le développement durable n'est pas un concept opératoire pour faire face aux défis globaux auxquels doivent répondre les sept milliards d'êtres humains mais, au contraire, une déclinaison du conformisme, une manière de nous cacher, encore une fois, que nous sommes devant une « cascade de finitudes ».

L'égalité des chances et l'équité de la dette écologique ne se limitent pas à nous seules générations présentes mais doit aussi s'étendre aux générations futures et à leur avenir. Or parler des générations à venir relève de la dimension de la responsabilité et non de la simple durabilité; car, alors que la durabilité est une pensée pieuses envers les générations futures et aussi présentes, la responsabilité quant à elle, comme l'énoncent Moroncini et B. Ouchene, (2016, p.9) : « est le fait de devoir répondre de ses actes ou d'avoir des décisions à sa charge, la responsabilité joint l'acte à la parole; la responsabilité est également synonyme d'obligation, de devoir d'assumer et de s'assumer ». Quant à l'avenir de ces générations futures dont il s'agit, tel qu'ils le réitèrent: « l'avenir dont nous parlons quand on évoque la responsabilité envers les générations futures est l'avenir de ceux et celles qui ne sont pas encore nés» (A. Moroncini et B. Ouchene, 2016, p.7). En d'autres termes, les générations avenir, selon ces auteurs, tout comme H. Jonas (1979) l'avait précisé, sont celles qui ne sont pas encore nées peu importe l'espace chronologique qui les sépare de nous.

L'une des spécificités de la durabilité est l'attachement encore remarquable envers la croissance économique. Ayant révélé sa faiblesse, la durabilité encore économique, doit laisser place à l'impératif éthique d'Henry « le principe de copropriété ». Selon ce principe,

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les générations présentes n'ont pas le droit de désapproprier les générations futures pour satisfaire à leurs besoins ; mais s'il arrivait que s'opère un excès de ce type, les générations présentes doivent oeuvrer à garantir un niveau de vie équivalent à celui que pourraient avoir les générations à venir si aucun excès n'advenait. (A. Moroncini et B. Ouchene, 2016, p.7) notent:

Les générations présentes ne peuvent donc exproprier les autres générations qu'à condition de leur garantir une compensation suffisante, afin de les faire accéder au niveau de bien-être auquel elles se seraient trouvées en l'absence de l'altération. Analyser la portée d'un tel principe signifie que, seules des négociations en vue d'une utilisation commune permettraient d'atteindre des solutions aptes à réconcilier les intérêts économiques et écologiques de toutes les générations.

Dans ce processus, les générations futures sont absentes et il revient aux générations présentes de faire leur plaidoyer afin de leur garantir un avenir meilleur d'où l'importance de la notion de responsabilité qui s'exprime pleinement en tant qu'éthique et comme le disent une fois encore A. Moroncini et B. Ouchene (2016, p.8) :« c'est en cela que toute réflexion sur la durabilité débouche sur la question de la responsabilité sur la condition des générations futures»

La spécificité de l'éthique de la responsabilité est l'ouverture de la responsabilité au-delà des frontières du présent dans un monde où les répercussions des activités anthropiques se révèlent à long terme en ne prenant pour exemple que les bombes de Hiroshima et Nagasaki qui ont fait des milliers de morts et dont les effets nocifs continuent jusqu'aujourd'hui; les déchets nucléaires dont la radioactivité s'étend à des dizaines de milliers d'années, etc. Autant d'inquiétudes pour faire appel à la responsabilité; H. Jonas (1990, p.88) écrit:

Or même en morale traditionnelle il existe déjà un cas de responsabilité et d'obligation élémentaire non réciproque (qui émeut profondément même le simple spectateur) qui est reconnue et pratiquée spontanément: celle à l'égard des enfants qu'on a engendré, et qui sans continuation de l'engendrement par la prévision et la sollicitude devrait périr. Sans doute se peut-il qu'on attende d'eux un service rendu en échange de l'amour et de la peine pour le temps de sa propre vieillesse, mais cela n'en est certes pas la condition et moins encore celle de la responsabilité reconnue à l'égard et qui est au contraire inconditionnelle.

A. Moroncini et B. Ouchene (2016, p.8) ajoutent:« en introduisant l'idée d' "éthique de la responsabilité", H. Jonas (1990) a voulu élargir la dimension spatio-temporelle limitée de la responsabilité classique ». Alors:

Quel héritage allons-nous léguer à ceux qui viendront après nous? Que faire des déchets produits et de ceux que nous continuons de produire ? Les enfouir, n'est-il pas une façon facile

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de fuir nos responsabilités? Opter aujourd'hui pour cette méthode de traitement des déchets, sera-t-il sans danger pour les générations futures ? (A. Moroncini et B. Ouchene, 2016, p.8).

Autant de questions qui surpassent la dimension de l'idée pieuse et font appel à l'action, à la responsabilité. Contrairement à la durabilité fondée sur le rapport Brundtland et qui a échoué à cause de ses contradictions, la responsabilité dont la mission est de pallier aux manquements de la durabilité, se veut un appel à tous et un engagement de tous pour le mieux être de la biosphère et la garantie de la vie tant présente que future. C'est par cet engagement pour les générations futures que nous parviendront à la justice environnementale.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci