5.2-Parvenir à une lutte efficace contre le
déchet
Le schéma de la civilisation occidentale dont
héritent la plupart des sociétés peut se réduire
à: production, consommation, croissance économique, rejet des
déchets. Nous nous sommes déjà attelés à
montrer les revers négatifs de la consommation; la production des
déchets est le produit final de ce circuit; et la mauvaise gestion des
déchets est une cause non des moindres des dégradations dont nous
nous plaignons aujourd'hui.
Tout d'abord, il semble important d'éclair le concept
de déchet. En effet, le déchet a des compréhensions
diverses selon que l'on se situe dans un contexte ou dans un autre. J. Vernier
(2007, p.63) écrit:
Dans l'acception française, le «
déchet» ne vise que les déchets solides ou pâteux,
voire liquides concentrés, mais qui en tout cas sortent de nos maisons
ou de nos usines, non pas par nos cheminées (pollution de l'air) ou par
nos égouts (pollution de l'eau) mais plutôt par nos
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camions (...) les anglo-saxons ne font guère cette
différence. Les déchets (wastes) chez eux couvrent aussi les
pollutions de l'eau ou de l'air.
Dans ce travail, nous parlerons de déchets
essentiellement en référence à l'acception
française c'est-à-dire les déchets solides ou
pâteux, voire liquides concentrés, sans oublier que ceux qui
sortent des cheminées et des tuyaux d'échappement en sont
aussi.
La ville étant le milieu par excellence de l'expression
de notre civilisation, la production de déchets y est logiquement
importante et inquiétante; par conséquent, lutter efficacement
contre les déchets en milieu urbain est une grande avancée en
matière de la préservation de l'environnement. Dans les pays du
Nord, la gestion des déchets au quotidien a connu de grands
progrès. Parti de la simple collecte à l'incinération, le
déchet retrouve sa valeur c'est-à-dire que le déchet n'est
plus l'inutile mais aussi une matière première que l'on pourrait
souvent employer à tous les usages auxquels ils seraient propres.
Aujourd'hui le déchet, parti de la collecte,
connaît le trie où sont séparés les déchets
recyclables des déchets non recyclables ; les recyclables sont
utilisés pour fabriquer d'autres biens et les non recyclables à
l'incinération. Quant à l'eau elle est retraitée pour
être utilisable réduisant un tant soit peu le
phénomène de gaspillage dans les pays
développés.
La gestion des déchets quotidiens pose vraiment
problème dans les pays en voie de développement où la
culture du recyclage n'émerge pas encore. G. Bertolini et M. Brakez,
(2008, p.03) notent:
Une collecte officielle (formelle) partielle, pour partie
complétée par le recours d'habitants à des charretiers
privés; des mises en décharges « brutes » ou mal
contrôlées des déchets collectés; l'importance du
chiffonnage (récupération informelle) de rues ainsi que sur les
décharges; la part très importante des matières organiques
fermentescibles; une organisation déficiente et de grandes
difficultés à mobiliser des ressources financières pour
améliorer la situation
Ces caractéristiques assez tristes de la gestion des
déchets dans les pays en voie de développement imposent une
transition vers une meilleure gestion. Cette transition ne sera possible que,
comme le disent toujours G. Bertolini et M. Brakez (2008, p.3), par une
transition sociale.
La transition sociale telle qu'énoncée passe,
bien entendu, par une réorganisation structurelle des
municipalités qui, toujours d'après les mêmes auteurs,
doivent faire un effort de création des points de transit où les
collecteurs particuliers pourraient décharger les déchets
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dans le but que ces derniers soient transférés
vers des lieux de traitement. Tel qu'ils le notent G. Bertolini, M.
Brakez(2008, p.5) :
Il faut que la municipalité prévoit et
aménage des lieux de dépôts intermédiaires, ce qui
ne constitue pas une tâche aisée; il faut en outre que ces lieux
de dépôts ne soient que des points de transit, c'est-à-dire
qu'ils fassent à leur tour l'objet d'enlèvements réguliers
par la municipalité.
M. Durand (2012, p.18) dira quant à lui:
Qu'en lieu et place de dépenser leurs maigres
ressources financières et humaines à faire la chasse aux
systèmes illégaux, les municipalités des pays en
développement auraient tout intérêt à concentrer
leurs efforts sur une meilleure articulation entre les systèmes formels
et informels.
En plus de ces mesures administratives qui doivent rendre plus
commode la collecte des déchets surtout dans les pays en voie de
développement, il faudrait aussi oeuvrer à y développer le
tri des déchets et le compostage car ces méthodes de traitement
des déchets restent jusqu'aujourd'hui peu développées dans
ces pays.
Au-delà de ces recommandations, la lutte contre les
déchets serait plus efficace par l'engagement individuel et collectif
à une consommation responsable. La consommation responsable renvoie
à la théorie des 4R: Réduire, Réutiliser,
Réparer, Recycler; c'est ce qui permettra l'amorce d'une justice
environnementale. Car en gérant au mieux les déchets, nous
diminuons le risque des injustices environnementales. Ce faisant, la
responsabilité ne saurait être mise à l'écart car
c'est le fondement de la participation.
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Chapitre 6 : La responsabilité : fondement de la
justice environnementale
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