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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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Partie III:

Revitalisation de la durabilité par la justice

environnementale participative

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Malgré l'inefficacité du développement durable face aux enjeux politico-économiques, éthiques et sociaux, nous avons un devoir vis-à-vis des générations futures; ce devoir est celui de leur léguer un environnement aussi viable que le notre et capable de répondre à tous leurs besoins. Ce faisant aucun obstacle ne peut constituer une barrière à l'atteinte de cet objectif d'où la nécessité de revitaliser le développement durable par la justice environnementale participative qui est un appel à une action unifiée en faveur des qualités environnementales. Telle est la quintessence de cette troisième partie scindée en trois chapitres.

Au chapitre 5 intitulé repenser la durabilité, il sera question, en tirant leçon des difficultés actuelles du développement durable, de repenser son articulation et son déploiement. Au chapitre 6 intitulé la responsabilité: fondement de la justice environnementale, notre travail a consisté à rappeler la place prépondérante de la responsabilité dans le débat écologique; car sans elle, la durabilité laissée à elle-même n'est pas opératoire et ne mènera à aucun résultat satisfaisant. Enfin le chapitre 7 intitulé la justice environnementale participative: condition de possibilité de la durabilité, met l'accent sur la participation qui est une conséquence de la responsabilité; partant de la responsabilité pour aboutir à la participation, ce chapitre pose le fait que la durabilité tant voulue est conditionnée par la participation.

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Chapitre 5 : Repenser la durabilité

5.1- Apprendre des sociétés primitives

Une réflexion approfondie sur les contradictions du développement durable et des défis environnementaux à relever de nos jours, laisse voir que deux maillons sont essentiels pour l'effectivité de la durabilité; ce sont: notre conception du développement et notre gestion des déchets. Mais pour arriver à bien manipuler ces deux leviers, la participation est nécessaire; et la participation renvoie non seulement à un accès aux instances de décisions mais aussi à une forme de réappropriation d'espaces communs en s'inspirant, comme le note C. Larrère (2017), de la façon dont certaines communautés se sont organisées pour restaurer et garder des biens naturels communs.

Comme l'énonce E. Bonnefous (1973), Aujourd'hui, les ressources énergétiques fossiles, les ressources minières, le couvert végétal sont tous en grande décroissance alors que les besoins de l'humanité eux sont toujours croissants; le désert du Sahara avance chaque année de 1,5 à 10 kilomètres, chaque année un million d'hectare de sol sont dévorés par les routes, les usines et les villes, la température terrestre augmente et est à certains endroits du globe déjà insupportable ; les glaciers fondent etc. d'où nous avions posé la question de savoir quel modèle de développement pourrait atténuer cet état inquiétant de notre planète? Par développement nous n'entendons pas ici l'aspect unilatéral de la croissance économique mais aussi et surtout la qualité de la vie des populations en harmonie avec leur milieu de vie; en d'autres termes, quel serait le modèle de développement qui pourrait le mieux concilier la croissance économique, la qualité de vie des populations et la protection de l'environnement? J. Fourastié (1962) quant à lui posera la question de savoir comment l'homme pourrait-il sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve étant donné qu'il ne dispose que de moyens limités pour se situer dans un univers si mouvant ? Il écrit:

(...) Avec les moyens si infimes pour prendre conscience d'un univers si mouvant, quelles conceptions de l'univers a-t-il pu et peut-il se former? Que peut-il pour redresser ses erreurs inéluctables dans lesquelles il est tombé, et pour réduire celles dans lesquelles il tombe et tombera chaque jour? De quelles méthodes dispose-t-il pour réduire ses servitudes? (J. Fourastié 1962, p.68).

Lors de son discours le 08 mai 2004, S. Le Peltier (2004) affirmait: « si le monde entier vivait comme nous occidentaux, il nous faudrait trois planètes»; tout ceci pour dire que le développement tel que nous le percevons doit être redéfini. E. Dronne et R. Morin (2016) rendent encore plus explicite le concept de développement à travers leurs écrits en

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laissant voir que les religions et sociétés dites primitives ont assez à apprendre au monde; ils écrivent précisément:

Ces peuples profondément respectueux de la nature sont conscients des enjeux environnementaux d'aujourd'hui. Leur mode de vie n'a pas d'impact négatif sur l'environnement et pourtant ce sont eux les premières victimes de la crise environnementale notamment avec la déforestation. (E. Dronne et R. Morin, 2016, p. 10).

Basées le plus souvent sur le principe « les morts ne sont pas morts », comme le note ces auteurs, ces sociétés ont la croyance que les ancêtres continueraient à vivre sous d'autres formes soit en d'autres hommes, sous forme de fantômes ou encore dans certains animaux ou végétaux; cette conception biocentrique du monde est au coeur de la vie de ces peuples. Cette croyance a permis l'instauration d'une hygiène de vie basée sur l'harmonie avec l'environnement. Le peuple Kayapo situé en Amérique du Sud est un exemple frappant; tel qu'ils le disent toujours, vivant sur le principe « puiser sans épuiser» (E. Dronne et R. Morin, 2010, p. 9), ce peuple est fortement attaché à la nature de laquelle il tire toutes les ressources nécessaires à sa vie sans porter atteinte à l'harmonie de cet ensemble.

Marquées par le capitalisme, les sociétés modernes quant à elles sont focalisées sur la rentabilité économique et ses corollaires au détriment de l'équilibre écologique. C'est frappé par ce phénomène que les Indiens Cree affirmaient à l'égard des Américains au XIXe siècle: « quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors vous vous apercevrez que l'argent ne se mange pas » (Anon., 2015). La concentration sur l'accroissement des richesses basées sur une exploitation à outrance de l'environnement, se révèle non durable d'où la nécessité pour nous de réapprendre à vivre chez ceux qui ont renoncé à la consommation en faveur de l'environnement et du bien-être de l'homme; autrement dit, nous devons réapprendre le développement, développement ici entendu comme une marche vers un changement de mentalité et des institutions conduisant à la responsabilité écologique.

Dans cet ordre d'idée, l'un des moyens de prendre connaissance des autres cultures qui ont réussi à vivre jusqu'aujourd'hui en prenant à coeur le bien-être de l'environnement, est le tourisme durable. Tourisme durable qui est l'un des meilleurs moyens d'ouverture vers les autres cultures et tel que S. Camus, L. Hikkerova et J. M. Sahut (2010) le notent, bien qu'étant éloigné conceptuellement de la durabilité, le tourisme en est néanmoins très proche car il est un canal de divulgation des principes de la durabilité. En effet, les désaccords recensés lors des différentes conférences sur l'environnement et notamment dans la mise en

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oeuvre des clauses qui ont été adoptées, ont montré que le changement de mentalité et l'adoption d'une hygiène de vie durable passent par les individus pour progressivement prendre une envergure mondiale et non l'inverse. C'est dans cette perspective que le tourisme durable qui consiste à s'ouvrir aux autres sociétés et à apprendre d'elles les valeurs qui nous permettraient de participer à la sauvegarde de notre environnement, apparaît comme un moyen efficace qui permet de concilier diversité culturelle et développement durable.

Parler de tourisme durable signifie donc une ouverture, ou mieux un émerveillement face à toute option pour la protection de l'environnement et la prédisposition à en apprendre. Ceci étant, le tourisme écologique, contrairement à la conception classique du tourisme, peut se faire au sein d'un même pays pourvu que la toile de fond qui est l'échange de connaissances en faveur de l'environnement et d'une meilleure qualité de vie pour tous soit en vigueur dans le but de l'élever à l'universel. L. Ferry (1993, p.55) écrit:

L'écologie ne saurait cependant faire oublier que dans les trois moments qui la composent, le particulier, l'universel et le singulier, c'est bien le second, celui de l'arrachement, de la liberté conçue comme transcendance, qui constitue l'espace proprement humain.

L'ouverture à l'universel et la disposition à apprendre de lui est notre devoir aujourd'hui pour renverser l'élan de la crise écologique. Nous ne pourrions vraiment être développés que dans la culture d'une meilleure relation avec la nature. De ce brassage naissent des idées complémentaires et efficaces qui permettront de lutter efficacement pour rétablir l'équilibre de la biosphère en l'occurrence par la lutte contre les déchets.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore