3.3- Difficultés éthiques dans la mise en
oeuvre de la durabilité
Par difficultés éthiques, nous voudrions parler
des divergences éthiques que le développement durable rencontre
et qui freinent son adoption malgré l'expression de la bonne
volonté des gouvernants lors de « la conférence de la terre
» de Rio.
La notion de difficulté éthique que nous
voudrions éclaircir ici s'inscrit parfaitement dans le débat
écologique surtout à l'étape cruciale de la mise en oeuvre
des recommandations de la durabilité: quel choix opérer dans la
multitude de choix possibles? Surtout quand nous faisons face à: «
des aspects auxquels on accorde de la valeur des deux côtés »
(J. Villancourt (1998, p.30) d'où la difficulté à
trancher. Le travail obligatoire en amont de la prise de décision est
donc particulièrement ardu. Les divergences renvoient ici à une
difficulté de choix entre deux valeurs et dans le contexte qui est le
nôtre, les difficultés éthiques se posent entre la
protection de l'environnement et la croissance économique qui ont toutes
deux des répercussions non négligeables aussi bien positives que
négatives sur la vie des populations. Ainsi qu'il le dit: « (...)
Le développement économique implique peut-être des
conséquences néfastes sur l'environnement et, dans ce cas, quelle
décision doit être prise ? Va-t-on prioriser la protection de
l'espace environnemental naturel concerné, ou la création
d'emploi?» (J. Villancourt, 1998, p.30). Cette question se rapproche donc
de celle de C. Larrère (2017) qui pose le dilemme: les politiques
environnementales doivent-elles privilégier les effets
égalitaires ou prioriser la restauration de la nature dans la gestion de
la crise écologique?
Choisir la croissance économique avec le PIB comme
indicateur au détriment de l'environnement permettrait à coup
sûr d'octroyer du travail et permettre ainsi une croissance
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économique avec une répercussion positive sur
les populations à savoir l'amélioration des conditions de vie et
même l'atténuation des inégalités environnementales
mais avec un impact négatif sur l'environnement; de la même
façon, choisir l'environnement en adaptant l'économie,
permettrait bien sûr une restauration des qualités
environnementales avec une économie peu agressive ; mais la croissance
économique par rapport à laquelle nos sociétés se
définissent aujourd'hui et qui est indispensable dans la
régulation des inégalités environnementales n'adviendrait
pas.
Or il serait impossible d'établir une liste exhaustive
de critères théoriques respectant les deux dimensions; au cas
où il en existerait, elle ne serait pas opérationnelle puisque
ces divergences sont contextuelles. Ainsi qu'il le dit:
En effet, les caractéristiques du milieu
géologiques ou sociales, sur lequel pèse la prise de
décision, sont à prendre en compte. Il peut exister des
critères ou des guides méthodologiques, mais ces outils ne
dispenseront pas d'une analyse concrète du milieu où doit se
produire la prise de décision. Le processus de priorisation est ainsi
susceptible de changer selon les situations. À chaque nouvelle prise de
décision, la priorisation des valeurs devra s'adapter à
l'évolution de la situation environnementale et humaine (J.Villancourt,
1998, p.30-31).
Vu la nécessité de contextualisation du
débat environnemental, parler d'un développement durable
harmonisé selon les textes du rapport Brundtland, semble alors une
utopie. Prenant l'exemple du Canada, nous voyons bien la
nécessité de la contextualisation ; J. Villancourt (1998, p.31)
écrit: « par exemple le Québec ne produit pas de
pétrole, ce qui est le cas de l'Alberta. La question de la production
d'énergie est un aspect essentiel du coût environnemental, mais
chaque groupe de référence aura à réaliser
différemment ses objectifs de développement durable ».
De cette évaluation critique de la durabilité,
l'on se rend à l'évidence que toutes ces difficultés
sus-citées constituent un véritable handicap de la
durabilité creusant un grand fossé qui sépare
l'idéal de la durabilité et les faits concrets auxquels elle est
confrontée mettant en danger la vie des plus vulnérables. La
durabilité est-elle alors atteignable ?
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