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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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3.2- Les désaccords économique et politique de la durabilité

La crise écologique a, selon certains auteurs, plus d'une cause. Pour D. Méda (2012),

doigtant la révolution industrielle, la première cause de notre état environnemental actuel est la conversion des énergies spirituelles vers l'ici-bas, et la seconde cause qui est la conséquence de la première est la focalisation sur la production. J. M. Bergoglio (2005) quant

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à lui, indexe l'utilisation irresponsable et l'abus des biens terrestres comme les causes premières de la dégradation de la biosphère et des inégalités environnementales. De ces auteurs, nous retenons, qu'il s'agisse de l'usage irresponsable et abusif des biens terrestres ou que ce soit la conversion des énergies spirituelles vers l'ici-bas ou encore la révolution industrielle, la cause de la crise écologique contemporaine se résume en un manque de durabilité dans les entreprises humaines.

C'est en vue d'éradiquer l'ignorance de la durabilité que la commission Brundtland exprima de façon claire les risques courus si nous continuons à avancer dans cette ignorance et stipula les directives à suivre. Bien articulées, ces directives, en plus des confusions conceptuelles qu'elles renferment, sont confrontées à une problématique politique et économique. En effet, « le sommet de la terre» de Rio est le point de départ officiel de l'engagement universel face aux dégradations environnementales qui sont désormais reconnues comme ayant une dimension universelle. La prise de conscience de l'aspect universel des problèmes environnementaux implique un engagement global pour optimiser les forces et résoudre efficacement ce problème. De ce fait, les pays développés, considérés comme les plus grands pollueurs avec leurs industries très développées et leur consommation exponentielle en énergie et en biens, doivent s'unir avec les pays en développement pour qui les premiers constituent l'étalon à atteindre. Ce faisant les limitations en matière d'émission de gaz à effet de serre, de taxes s'appliquant à la pollution et de réorientation du modèle de développement s'appliquent à tous sans distinction de niveau de développement c'est-à-dire tant pour les pays développés que pour les pays en voie de développement d'où ces derniers clament une injustice.

Les BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), les grands émergents comme on les appelle, représentent de nos jours 27% des émissions mondiales, soit à peine moins que les Etats-Unis (18%) et l'Europe (13%) réunis. L'évolution de leurs émissions reflète la très forte croissance de ces pays ainsi que, l'inefficacité de leurs systèmes énergétiques essentiellement fossile. Pour ces derniers, la limitation des émissions de gaz a effet de serre et l'obligation de la redéfinition du développement paraît une stratégie de la part des pays développés pour empêcher les moins développés, qui sont presque au sommet du développement d'atteindre le même niveau qu'eux. La question environnementale devient dès lors une source de conflit entre les Etats autour de deux concepts que sont l'environnement et le développement et au-delà duquel se pose un véritable problème politique et économique.

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Pour les BASIC, la lutte pour le rétablissement de l'équilibre environnemental est un néocolonialisme qui ne dit pas son nom; et du point de vue économique, les réductions des émissions des gaz à effet de serre qui présupposent une exploitation restreinte des énergies fossiles, est une fois de plus une main mise économique qui conduirait au ralentissement de leur développement. Ainsi se pose la problématique économique et politique du développement durable.

Notons quand même que ces conflits entre les Etats développés d'une part et les sous-développés d'autre part au sujet bipolaire de l'environnement et du développement, s'étaient déjà remarqués mais de façon embryonnaire dès la Conférence de Stockholm, vingt ans avant la conférence de Rio. Le cri d'appel « croissance zéro » promulgué par le club de Rome dans son rapport halte à la croissance en 1972, fut déjà repéré par les pays du Tiers-monde comme un moyen pour les pays développés de freiner le développement du Tiers-Monde en vue de mieux s'accaparer de toutes les ressources énergétiques mondiales, la conférence de Rio, réitérant les mêmes principes est la goutte d'eau qui a débordé le verre. Dans ce contexte, les pays du Tiers-Monde avec les BASIC au devant de la scène se trouvent dans un dilemme: soit accueillir le débat de la protection de l'environnement en renonçant aux idéaux classiques de développement et en réorganisant le mode de vie des populations par l'adaptation des infrastructures déjà existantes aux idéaux du développement durable; soit faire sourde oreille au débat sur l'environnement et continuer leur ascension au détriment du bien-être planétaire. Le débat entre pays émergents et pays développés a désormais changé de nature:

D'un côté, ceux-ci tendent à devenir des superpuissances, dont la poursuite du développement dépend crucialement de leur accès aux ressources fossiles et minérales. De l'autre, ceux-là y voient des concurrents, devenus par ailleurs les premiers émetteurs de gaz à effet de serre, la Chine dépassant maintenant les Etats-Unis en ce domaine. L'imbrication entre les questions climatiques et la géopolitique de l'énergie apparaît ainsi plus forte qu'elle n'a jamais été. Pour réussir, on doit accepter d'ouvrir, enfin, un véritable dialogue entre pays développés, pays émergents et pays en développement, en s'appuyant sur les possibilités de construire un intérêt

commun commerce-climat, et plus généralement, en ayant en perspective la sécurité mondiale8.

C'est ce désaccord des BASIC et de certaines puissances aussi comme les Etats-Unis, qui concourent, à « des engagements peu ambitieux au Nord, associés à l'absence

8Ces clarifications sur le rapport de force entre les pays développés et les pays émergeants sur les questions environnementales ont été recueillies sur le lien: http://www.afd.fr » conference »En-Bref_FR. consulté le 12 août 2017. Après tant d'engagements pris lors des différentes conférences sur l'environnement, l'on comprend un peu pourquoi ces engagements tardent à se concrétiser. Etant donné que le développement de l'Occident se soit effectué grâce à l'exploitation jamais connue des ressources de la nature, les BASIC quant à eux trouvent injuste une restriction de l'exploitation des ressources sachant bien que l'Occident ne s'est pas développé autrement.

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d'obligations au Sud» avec pour conséquence l'accentuation de la dégradation de la biosphère et des couche sociales défavorisées.

Eu égard à ce qui précède, nous pouvons confirmer le point de vue de D. Pestre (2011) quand ce dernier affirme qu'il existe un grand fossé entre les promesses et leur réalisation, entre les mots et les faits en ce qui concerne le développement durable. Ce clivage s'explique, selon le même auteur par les limites du progrès amorcé depuis deux siècles et d'autre part, par un manque de volonté politique. La complexité conceptuelle de la durabilité couplée aux désaccords politiques et économiques, ne vont pas sans incidence éthique sur la mise en oeuvre de la durabilité.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault