INTRODUCTION
La sécurité alimentaire est un enjeu majeur pour
les sociétés et un défi préoccupant pour la
majorité des gouvernants (Janin et De Suremain, 2012). Selon Kurien et
López-Ríos (2013), la pêche et l'aquaculture peuvent
contribuer à la sécurité alimentaire par la production
d'aliments pour la consommation humaine d'une part et d'autre part par
l'instauration d'activités économiques qui apportent des revenus
aux ménages. Aussi, le poisson est une source de protéines et de
nutriments essentiels peu coûteuse représentant un fort potentiel
pour l'accession à la sécurité alimentaire (Kurien et
López-Ríos, 2013). Selon la FAO (2003), l'aquaculture va
être appelée à jouer un rôle de plus en plus
important dans la sécurité alimentaire en Afrique. Cependant, ce
continent contribue seulement à 2,2% de l'apport mondial de poisson
à la consommation humaine en 2010 et l'Afrique subsaharienne de 0,6% en
dépit de son potentiel naturel et de ses longues années de
pratique de l'aquaculture (FAO, 2012). La Côte d'Ivoire n'est pas en
marge de cette tendance. Sa production aquacole est estimée à
3720 tonnes (FAO, 2014a) pour une consommation annuelle de 252 980
tonnes (OCDE-FAO, 2011). Ce déficit est comblé par des
importations massives de poissons congelés. Afin de réduire ces
importations qui occasionnent une sortie considérable de devises de
l'ordre de 130,5 milliards de francs CFA/an, l'état Ivoirien a fait du
secteur des ressources halieutiques, en particulier de l'aquaculture, une
nouvelle politique de développement. A cet effet, il a été
mis au point une politique nationale de vulgarisation de l'élevage de
plusieurs espèces de poissons ainsi que plusieurs projets de
professionnalisation des fermes piscicoles (MIPARH, 2008).
En dépit de cette politique, la contribution de
l'aquaculture dans la couverture des besoins nationaux en poissons demeure
toujours faible. En effet, l'aquaculture ivoirienne connait de nombreuses
difficultés. A ce propos, la FAO (2008) et Brechbühl (2009)
rapportent une faible disponibilité d'aliment de qualité à
moindre coût sur les fermes piscicoles ivoiriennes, l'absence
d'assistance technique, le faible niveau d'éducation des pratiquants,
l'insuffisance des connaissances sur la production piscicole, l'absence
d'organisation dans le secteur de la pisciculture et le faible niveau de
financement.
2
Les interactions entre le type d'exploitation, les prix des
intrants de production, la qualité et le coût de l'aliment
utilisé, les pratiques piscicoles, les systèmes d'élevage
utilisés, les caractéristiques géographique et le profil
socio-économique des pratiquants affectent la productivité des
fermes (New, 1987 ; Shang et Tisdell, 1997 ; Lacroix, 2004). De plus, l'aliment
piscicole représente l'intrant majeur de la productivité aquacole
et joue un rôle vital dans la promotion et l'expansion de l'aquaculture.
En effet, les poissons requièrent une alimentation
équilibrée et de valeur nutritionnelle spécifique à
l'espèce et au stade de croissance pour atteindre un poids marchands
compétitif en un temps court (New, 1987, Guillaume et al.,
1999). Selon Jamu et Ayinla (2003) et Gabriel et al. (2007), la
disponibilité d'aliment de qualité en quantité suffisante
est le facteur le plus important qui garantisse la durabilité et la
rentabilité des fermes aquacoles.
L'objectif de la presente étude est de
déterminer l'origine, la nature et la qualité des
différents aliments piscicoles utilisés, les facteurs
influencants leur utilisation, leur impact sur la croissance des poissons, la
productivité des fermes et les problèmes associés à
l'alimentation des poissons d'élevage en Côte d'Ivoire. Pour
atteindre cette objectif, nous nous proposons dans un premier temps
d'identifier les différentes types d'aliments piscicoles ainsi que leur
composition biochimique. Dans un deuxième temps, nous nous proposons de
connaître le mode d'utilisation de ces aliments piscicoles et enfin dans
un troisème temps, nous nous proposons de determiner les
paramètres de croissance, de production et d'économie des
aliments piscicoles en fonction du système d'élevage
utilisé.
Cette étude s'articule en trois chapitres. Le premier
chapitre est relatif aux généralités sur l'aquaculture,
l'élevage, l'alimentation des poissons et les pratiques aquacoles. Le
deuxième chapitre concerne le matériel et les méthodes qui
nous ont permis de conduire cette étude. Le troisième
présente les résultats obtenus suivi de la discussion.
3
|