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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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2.d''.*était comme une bête aux abois

L'apposition et l'épithète ne se distinguent nullement par la pause à l'oral ou le signe de ponctuation à l'écrit. En réalité, pour Feuillet (1984 :148-150), l'adjectif ne connait pas d'apposition. En fait, on devrait réserver le nom d'apposition aux groupes de même nature. L'adjectif ne peut connaitre l'apposition que comme fait syntaxique, mais jamais comme fonction. Ainsi, l'épithète et la pseudo apposition dont il est question ici constituent deux variantes de la qualification. L'épithète, à valeur sélective, correspond à ce que Feuillet nomme la qualification inhérente. L'adjectif s'attache au GN avant que celui-ci soit en connexion avec le procès. L'apposition, à valeur explicative, est une qualification incidente. Pour cette deuxième fonction, l'auteur propose de parler non pas de l'apposition, mais de l'élargissement. Constatant en définitive que toutes ces fonctions sont en distribution complémentaire, feuillet recommande que l'on parle « d'archifonction du GA ». Ces reproches peuvent s'appliquer à toutes les autres grammaires traditionnelles. En dépit des nuances que les unes et les autres apportent, la définition de l'adjectif reste constante, ses fonctions les mêmes.

Wagner et Pinchon (1962 :125 ; 147 ; 150) ne sont pas éloignés de la précédente conception. Ils définissent l'adjectif qualificatif à partir de son sens et de sa forme. Pour eux, les adjectifs (autres que les possessifs, les démonstratifs, les numéraux et les indéfinis) sont des mots qui servent à caractériser une personne, une chose sous le rapport de la qualité.

les adjectifs appartiennent à la classe des noms. Ce sont des mots d'espèce variable. Ils entrent dans la catégorie du genre et dans celle du nombre, mais n'en prennent les marques que d'après le genre et le nombre du terme principal auquel ils se rapportent.

Ils assignent donc à l'adjectif qualificatif deux fonctions, à savoir épithète et attribut. Parlant de la place de l'adjectif, les auteurs, comme Dubois et al., pensent que la place de l'adjectif épithète n'est pas déterminée par des règles ; elle s'explique dans chaque cas par

des raisons particulières qui tiennent au sens ou à l'effet de style qu'on recherche. Pour eux aussi, la classe de l'adjectif qualificatif peut varier en degré d'intensité et en degré de comparaison.

Deux points de leur étude nous rappellent une réminiscence de la classification grecque et latine, basée sur la morphologie flexionnelle. L'adjectif est situé dans la classe du nom. Dans la tradition gréco-latine. La classe du nom comprend noms se subdivisent en noms substantifs ou nomen substantivus et en noms adjectifs ou nomen adjectivus. Les nomen substantivus renvoient aux noms de la terminologie moderne et nomen adjectivus aux adjectifs. Cette tradition vient du fait que les noms et les adjectifs se déclinent de la même façon en grec et en latin. On les classait donc ensemble.

Wagner et Pinchon évoquent le statut prédicatif de l'adjectif qualificatif. Ce point est intéressant relativement à notre recherche. Ce statut prédicatif met en lumière le fait que l'adjectif peut aussi recevoir des expansions. Pour Wagner et Pinchon (op. cit. 560), les propositions conjonctives peuvent avoir pour support un adjectif ou une forme adjectivée du verbe. Par exemple, heureux que sa bonté daigna tout oublier ; C'est méchant et menteur, indigne qu'on le croie. Cette remarque, même si elle est brièvement faite dans le livre préfigure en quelque sorte notre travail. Elle met en lumière l'existence de la structure Adj+Que P. Les auteurs n'y insistent pas outre mesure. Le développement de Chevalier et al. est proche de ce dernier.

Chevalier et al. (1964 : 190-208) inscrivent l'adjectif qualificatif au sein de la classe du nom. Cette dernière se compose du substantif et de l'adjectif qualificatif. Ils suivent la tradition des Anciens qui ont subdivisé la classe du nomen en nomen substativus et nomen adjectivus. L'ouvrage de Chevalier et al. procèdent à une distinction entre substantif et adjectif. Les points essentiels à retenir sont que le substantif et l'adjectif ne se répartissent pas de la même façon entre deux genres et deux nombres. L'adjectif seul varie en degré. D'un point de vue des fonctions, seul le substantif désigne une substance (être, objet ou idée abstraite) munie de qualités constantes. L'adjectif qualificatif désigne une qualité attachée à une substance.

Comme les études précédentes, Chevalier et al. confèrent à l'adjectif trois fonctions par rapport au substantif. Il peut tour à tour être épithète, apposé ou attribut. Les définitions de ces fonctions sont identiques à celles données par Dubois et al. La place de l'adjectif épithète est aussi débattue. Chevalier et al. (1964 :204-205) concluent que des facteurs

variés interviennent pour déterminer la place de l'épithète, et se mêlent souvent de façon à défier les efforts d'analyse du grammairien. Trois principaux ressortent donc les facteurs syntaxiques, rythmiques et syntaxiques.

Bien qu'inscrite dans le même sillage, l'analyse de Grevisse (1980) est utile pour notre recherche. Pour Grevisse (1980 : 366), l'adjectif est un mot que l'on joint au nom pour exprimer une qualité de l'être ou de l'objet nommé ou pour introduire ce nom dans le discours. L'adjectif qualificatif est celui qui exprime une manière d'être, une qualité de l'être ou de l'objet par le nom auquel il est joint. On peut faire fi des degrés de signification de l'adjectif qualificatif développés par la plupart des grammaires traditionnelles et de la bipartition de la classe de l'adjectif en deux, à savoir, adjectif qualificatif et adjectif non qualificatif appelé traditionnellement « adjectifs déterminatifs ». Intéressons-nous à la complémentation de l'adjectif que suggère Grevisse.

Le bon usage laisse voir que l'adjectif qualificatif peut aussi être le support de d'autres constituants. De ce fait, selon Grevisse (1980 : 209-210), l'adjectif qualificatif ou le participe pris adjectivement peuvent être accompagnés d'un adjectif ou d'un adverbe, des compléments déterminatifs (nom, pronom, infinitif) ou d'une proposition introduite par que. Ces diverses possibilités de rection s'illustrent dans les énoncés 3 ci-dessous.

3.a. le politique lui-même est évidemment ébranlé (LP 05/04/02 :3) 3.b.Il est différent de son entourage (LP 05/04/02 :7)

3.c. Patrick Grossouvre a été convaincu de rompre le silence (LP 05/04/02 :9)

3.d. il est possible que j'ai déjà sa signature (LP :230)

Plusieurs constats se dégagent au terme de la présentation qui précède.

Les grammaires classiques semblent mêler des critères variés dans la présentation de l'adjectif qualificatif. Elles allient critère logique, sémantique et formel.

L'adjectif qualificatif est un mot. En ce sens, il est considéré dans son unicité. Son inscription en tant que constituant d'un groupe n'est pas révélée. La notion de groupe y est d'ailleurs absente. Seules la dépendance morphologique et sémantique de l'adjectif vis-à-vis du nom est perceptible.

L'impression d'une confusion entre qualification et détermination empêche une réelle distinction entre qualificatifs et déterminatifs. Le classement des adjectifs parait équivoque. La distinction entre qualificatifs et déterminatifs semble intuitive et subjective.

On se demande si la plupart de ces grammaires s'appuient véritablement sur la réalité linguistique.

En somme, la grammaire traditionnelle ne donne pas une saisie circonstanciée de la classe de l'adjectif qualificatif. Les contours de ce constituant demeurent flous. Peut-être évoluera-t-on avec les grammaires d'option structurale.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci