7.a'. *Mais suspect, K le trouvait qu'on ne
voulût pas lui montrer les papiers
7.a'. *Mais suspect qu'on ne voulût pas lui montrer
les papiers, K le trouvait
7.b'. *Inconvenant, Jacques Chirac l'avait
jugé qu'on utilisât le 49-3
7.b'. *Inconvenant qu'on utilisât le 49-3, Jacques
Chirac l'avait jugé
Le fait que la pronominalisation ne s'applique pas à GA
montre que trouvait et avait jugé sont des verbes
à élargissement attributif. Ils entrent dans une construction
attributive dans ce contexte.
Si la pronominalisation du GA est impossible, son effacement,
lui, est soit sujet à caution soit impossible. L'énoncé
[7.d'] ci-dessous nous permet de l'observer.
7.d' ?Je trouve très sain qu'on puisse
débattre d'un média
La suppression du GA très sain entraine une
contrainte modale. La proposition principale je trouve appelle le mode
indicatif. On s'attend à un énoncé comme Je trouve
qu'on peut débattre d'un média. L'indicatif
y est naturel, alors que le subjonctif est bizarre. Autant dire que c'est la
présence du GA qui conditionnait et induisait le subjonctif.
Que peut-on retenir du verbe occasionnellement attributif
trouver dans les complétives adjectivales ? Dans V + Adj +
Que P, le mode de la complétive dépend de l'Adj. Le hasard
peut faire que ce soit le même que le mode de la complétive du V.
C'est le cas avec évident : Luc trouve évident que
la température (a + ait) monté.
On pourrait par ailleurs se demander si c'est l'adjectif
qualificatif sain seul qui sélectionne le subjonctif ou si
d'autres adjectifs peuvent le faire. En d'autres termes, une classification des
adjectifs qualificatifs à l'aune du mode verbal qu'ils
sélectionnent est envisageable. Il serait aussi utile de savoir si tous
les adjectifs qualificatifs entrant dans la
structure attributive étudiée
sélectionnent leur mode. Si oui, quel serait la distribution des modes
appropriés à chacun. Voilà d'autres questions
méritant peut-être un traitement approprié. Au-delà
de ces complétives en structures personnelles dont le schéma est
V + Adj + Que P, notre corpus regorge d'autres énoncés
à complétives adjectivales. Elles sont certes de structures
personnelles, mais elles n'impliquent pas nécessairement de verbe avant
l'adjectif qualificatif. Il convient de les présenter ci-dessous.
2.2. Les structures personnelles adnominales et
elliptiques
Les autres structures de complétives adjectivales
peuvent se répartir en deux sous-groupes. Ce sont les complétives
adjectivales liées à un adjectif qualificatif apposé
à un GN et les structures elliptiques. Leur présentation est
destinée à montrer, d'une part, que la complétive
adjectivale n'implique pas toujours de verbe attributif. D'autre part, ces
énoncés attestent de ce que le statut attributif d'une phrase
peut être tributaire de la seule présence d'un adjectif
prédicatif.
2.2.1. Les complétives adjectivales
adnominales
Les grammaires traditionnelles reconnaissent unanimement
à l'adjectif qualificatif trois fonctions, à savoir
l'épithète, l'apposition et l'attribut. Comme le pense Feuillet
(1984 :148), ces grammaires sont toutes d'accord pour reconnaître les
trois fonctions. Mais, elles ne montrent pas en quoi la fonction «
épithète » se distingue de la fonction « apposition
», si ce n'est par la pause (ou la virgule), ni en quoi l'apposition se
distingue réellement de l'attribut. Les complétives
adjectivales adnominales dépendent d'un adjectif qualificatif en
position d'élargissement selon Feuillet (op. Cit.),
c'est-à-dire mis en apposition. Cet adjectif qualificatif
dépend d'un GN généralement sujet. Sa structure est donc
SN0 + Adj + Que P. SNO peut se présenter sous la forme minimale ou sous
la forme étendue. Les exemples ci-après illustrent ce type de
complétives adjectivales.
8. a. Les habitants du village commencèrent
à les lapider, convaincus que la mort de leur concitoyen
était le fait des occupants de la Honda (TSTA : 87)
8. b. Je l'ignore, répondit le forban
étonné qu'on accordât une importance à ce
freluquet (TSTA : 171)
8. c. Eddie avait un moment tâté de la
musique de Jazz, convaincu qu'il suffisait d'être noir dans cette
spécialité pour y briller (TSTA : 43)
Les parties de phrases mises en gras représentent les
adjectifs qualificatifs et les complétives qu'ils introduisent. Les
adjectifs convaincus et étonné sont
respectivement apposés à les habitants du village, le forban
et Eddie. Ces SN sont sujets.
Ainsi, on peut restituer le verbe. Dans cette structure,
l'ensemble formé par l'adjectif et la complétive peut commuter
avec une circonstancielle. En effet, pour Wagner et Pinchon
Ces phrases admettent le subjonctif et l'indicatif. Les
adjectifs qualificatifs supports des complétives sont mobiles. Ils
peuvent se placer de part et d'autre de la phrase. Les dérivés
[8.a'] ci-dessous le montrent.
8. a'. Convaincus que la mort de leur concitoyen
était le fait des occupants de la Honda, les habitants du
village commencèrent à les lapider.
8. a». Les habitants du village, Convaincus
que la mort de leur concitoyen était le fait des occupants de la
Honda, commencèrent à les lapider.
Leur dépendance vis-à-vis du GN sujet reste
néanmoins perceptible quelle que soit leur position. L'effacement du GN
les ôte à l'ensemble ADJ + Que P toute signification. La phrase
devient agrammaticale et incompréhensible si l'on efface le GN sujet.
C'est le résultat que nous livrent les dérivés
ci-dessous.
8.b'. *Je l'ignore, répondit
étonné qu'on accordât une importance à ce
freluquet
8.c'. *avait un moment tâté de la musique de
Jazz, convaincu qu'il suffisait d'être noir dans cette
spécialité pour y briller)
Il faut toujours à l'ensemble ADJ + Que P un support
nominal. Il peut être un GN ou un pronom. C'est ce dernier qui lui
confère une référence, un signifié. Cela est en
accord avec la position de Riegel (1993 :5,7 et 9). Pour lui,
L'adjectif est une classe de mots à la morphologie
certes bien différenciée, mais essentiellement vouée
à la dénotation des propriétés, fonctionnant comme
des termes descriptifs et dépendant d'un support syntaxique et
sémantique [...]. L'adjectif est sous la dépendance d'un autre
terme de la phrase, généralement nominal ou pronominal, et sa
fonction se définit selon la manière dont il est mis en relation
avec cet élément régisseur. [...] Le propre de l'adjectif,
c'est de ne pas être incident à lui-même, mais à un
support dont il n'emporte pas la prévision concrète.
Dans les structures adnominales, bien que le verbe attributif
soit absent, nous pouvons le restituer en surface. L'ensemble Adj + Que P
peut ainsi correspondre à une circonstancielle de cause et à
une participiale. On peut les réécrire par les paraphrases
suivantes : Parce que + être + Adj. / Comme + SNO + être + Adj
Que P ou étant + Adj Que P. En les appliquant aux phrases
précédentes, nous obtenons les dérivés
ci-après :
8. a. Les habitants du village commencèrent
à les lapider, étant / Comme/ parce qu'ils étaient
convaincus que la mort de leur concitoyen était le fait des occupants de
la Honda
8. b. Je l'ignore, répondit le forban
comme il était / parce qu'il était / étant
étonné qu'on accordât une importance à ce
freluquet
8. c. Eddie avait un moment tâté de la
musique de Jazz, comme il était / parce qu'il était/
étant convaincu qu'il suffisait d'être noir dans cette
spécialité pour y briller
(1962 :573), l'adjectif qualificatif mis en apposition,
pour le sens, équivaut à une proposition subordonnée
causale, concessive, temporelle. On peut conclure que la complétive
adjectivale adnominale exprime des circonstances. De ce fait, nous postulons
pour un effacement des limites entre les classes de propositions. Les
subordonnées de nature diverses (relatives, circonstancielles et
complétives) peuvent s'équivaloir les unes avec les autres. Les
structures elliptiques peuvent aussi donner lieu à ces
reformulations.
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