2.1.2.1. Verbes essentiellement attributifs et
constructions personnelles Selon Lauwers et Tobback (2010 :79-80),
le verbe essentiellement attributif (ou copule) est tout
d'abord un verbe qui se construit avec un attribut du sujet essentiel ou
nucléaire. Un attribut nucléaire ne peut être omis, ne pas
être déplacé ni détaché ; et s'il peut
être supprimé, il s'ensuit généralement une
modification du sens du verbe. Le rapport sémantique établi par
le verbe entre le sujet et l'attribut attribue une caractéristique
à un référent qui de ce fait apparait comme
consubstantielle.
Un verbe de construction essentiellement attributive a donc
à sa droite un attribut essentiel, non effaçable et non mobile.
Ce type de verbes est illustré dans les exemples qui suivent.
5.a. Je suis si contente que la guerre soit
finie (LP18/04/03 :19)
5.b. Ils sont soulagés que tout cela
soit fini (LP 18/04/03 :18)
5.c. M. le Fondé de pouvoir sera
heureux que nous l'en soulagions (LP :169)
5.d. Il reste persuadé que la
version officielle a retenu sa responsabilité latente (LP28/02/03
:32)
Supprimons les GA attributs des sujets et voyons comment les
phrases réagissent à ce test.
5. a'. Je suis si contente que la
guerre soit finie
5. b'. Ils sont soulagés que tout
cela soit fini
5. c'. M. le Fondé de pouvoir sera
heureux que nous l'en soulagions
5. d'. Il reste persuadé que la
version officielle a retenu sa responsabilité latente
On remarque en effet que le GA ne peut pas être
supprimé dans ces phrases. La suppression du GA entraîne une
rupture sémantique nette de la phrase. La phrase peut aussi devenir
agrammaticale. Ainsi, dans les énoncés [5.a., 5.b.] et [5.c.], le
verbe être, dans ses différentes déclinaisons, a
le sens de se trouver dans un état. L'énoncé
[5.d.] veut dire être de façon permanente dans un
état.
Avec la suppression du GA attribut du sujet, nous aboutissons
à des sens différents. Le verbe être prend son
sens existentiel et philosophique. Reste ne veut plus dire
demeurer, persister dans un état, mais demeurer dans un
lieu. La phrase de départ peut se formaliser selon qu'il suit :
N0 humm + V attrib + Adj Que P.
Il est judicieux de se demander quel est le statut de la
complétive dans cette configuration. Pour le visualiser, testons
l'effacement et le détachement à lumière des exemples
ci-après.
6.a. Je suis certain qu'il m'a assez volé (VB :
27)
6.b. J'ai toujours été certaine que le bon
Dieu était bien de l'autre côté (VNM : 29)
6.c. J'ai été étonné que vous
n'accordiez pas plus de place à Darwin (LP11/10/02)
En supprimant la complétive, on obtient des phrases
correctes, ou très elliptiques mais presque acceptables.
6.a' Je suis certain qu'il m'a assez volé
6.b'. J'ai toujours été certaine que le
bon Dieu était bien de l'autre
côté
6.c'. J'ai été étonné que vous
n'accordiez pas plus de place à Darwin
En des situations énonciatives précises, ces
phrases sont interprétables. Au-delà de cette
effaçabilité, nous remarquons qu'il y a possibilité
d'insérer un élément adventice, l'adverbe ou un autre
circonstant, entre la complétive et le reste de la phrase.
6.a» Je suis certain, ces jours-ci,
qu'il m'a assez volé
6.b». J'ai toujours été certaine,
croyez-moi, que le bon Dieu était bien de l'autre
côté
6.c». J'ai été étonné,
sérieusement, que vous n'accordiez pas plus de place
à Darwin
Au plan transformationnel, la complétive peut
être remplacée par un infinitif précédé d'une
préposition. Un groupe nominal peut également y apparaître
en lieu et place de la complétive. La complétive de l'adjectif,
au même titre que la complétive du verbe dans certains contextes,
est donc équivalente à un infinitif et au nom. Les phrases
ci-dessous le montrent.
6. a''' Je suis certain de son vol/ de
construire
6. b''' J'ai toujours été certaine de
mon ascension/ de progresser 6. c'''. J'ai été
étonné de leur incrédulité/
d'échouer de temps à autre
Cela illustre la logique classique des équivalences
selon laquelle la complétive correspond à un nom. On pourrait
également corréler cette propriété
transformationnelle à la position d'Evouna (op cit), à
savoir qu'il existe une unité formelle entre les complétives.
L'adjectif introducteur de la complétive des constructions
personnelles est généralement attribut du sujet. Il a donc une
fonction prédicative. Peut-on en dire autant des structures
intégrant des verbes occasionnellement attributifs ?
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