WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.2.2. La configuration V+ SN+ Que P

La structure V+ SN+ Que P est analogue à la précédente. Il s'agit d'une phrase dans laquelle la complétive du nom est intégrée au SV. V est le verbe, SN1 le COD de ce verbe et Que P la complétive. SN est un complément de V.

6.a. le lobby pro-armes a réussi à imposer le fait que, pour être commercialisée librement, une arme de guerre devait avoir deux caractéristiques militaires supprimées (LP01/11/02)

6.b. Certains parlementaires soulignent le fait qu'aucun des sénateurs n'a été élu sous la bannière UMP (LP11/10/02 :27)

6.c. Le principe de précaution c'est garder à l'esprit l'idée que « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » (LP 03/01/03 :24)

6.d. La politique a été conçue avec l'idée que le public devait l'emporter sur le privé (LP11/10/02)

Les SN sont COD des V pour les énoncés de [6.a.] à [6.c]. En effet, la pronominalisation des SN permet de le montrer. Les SN sont remplacés par le pronom le, proforme qui permet généralement d'identifier le COD.

6.a'. le lobby pro-armes a réussi à l imposer

6.b'. Certains parlementaires le soulignent

6.c'. Le principe de précaution c'est la garder à l'esprit

Le SN peut aussi être un complément interne du verbe. C'est le cas dans l'énoncé [6.d.]. Dans cet énoncé, le SN est pronominalisé en elle après la préposition avec. Ce résultat montre que le SN est un circonstanciel comme le montre l dérivée ci-dessous :

6.d'. La politique a été conçue avec elle

Une propriété importante de ces structures mérite d'être relevée. La suite V+SN Que P peut être réécrite en V + Que par effacement de SN. Il y a des similitudes entre les deux structures. En ce sens, selon Gross (1975 :52), nous observons une forte corrélation entre N0=Nnr et N0=Que P et N0= le fait Que P. À l'exception de quelques verbes et adjectifs, les propositions N0= Que P et N0=le fait Que P vont de pair. Elles sont alors sémantiquement équivalentes.

Pour l'auteur, les phrases ayant des sujets appartenant à la classe des noms non restreints (Nnr), celles ayant pour sujet une complétive et celles qui possèdent un SN opérateur comme sujet sont semblables. En d'autres mots, la suite V+le fait que P peut souvent se réécrire en V+Que P. Les réécritures ci-dessous le prouvent.

6.a». le lobby pro-armes a réussi à imposer le fait que, pour être commercialisée librement, une arme de guerre devait avoir deux caractéristiques militaires supprimées

6.b». Certains parlementaires soulignent le fait qu'aucun des sénateurs n'a été élu sous la bannière UMP

6.c». Le principe de précaution c'est garder à l'esprit l'idée que « science sans conscience n'est que ruine de l'âme »

6.d». *L a politique a été conçue avec l'idée que le public devait l'emporter sur le privé

Le SN, bien que COD, est donc effaçable c'est-à-dire facultatif. Mais le dernier énoncé n'accepte pas la transformation par réduction suite à l'effacement de SN. Cette transformation offre deux conclusions.

D'une part, toutes les constructions V+SN+Que P ne se réduisent pas en V+Que P. D'autre part, des contraintes sur le mode de la complétive émergent. Tous ces paramètres ouvrent des perspectives de recherche intéressantes. Il serait par exemple utile de faire un tri pour savoir quelles structures admettent la transformation et quels N1op y entrent. Il est également souhaitable que soient connues les contraintes qui découlent de cette transformation. Seulement, pour le moment, cette entreprise va au-delà de notre travail. Toutefois, s'il n'est pas possible de dresser le profil complet de tous les N0 et tous les N1, ne peut-on pas au moins en donner une liste représentative ?

2.2. Les Nop : une catégorie restreinte

Par Nop, nous entendons les noms opérateurs. Ces derniers désignent des noms suceptibles de se construire avec une complétive selon Maingueneau (1999 : 99). Il serait inutile de souligner que tous les noms ne sont pas aptes à introduire une complétive. Il semble de même illusoire d'espérer aboutir à une systématique les concernant dans ce travail tant la tâche est exigeante. Nous nous limitons à un aperçu. Nous nous demanderons donc quels sont les Nop et quelles propriétés génériques les définissent.

D'après Riegel et al. (Passim : 827), certains noms, correspondant généralement pour la forme et le sens à des verbes [...] ou à des adjectifs eux-mêmes pourvus d'une construction complétive, ont la possibilité d'avoir pour compléments des propositions conjonctives introduites par Que. Autrement dit, la conjonctive est une des expansions du nom. Les noms dont il est question font partie de la catégorie des noms dits opérateurs. Leur prototype est le SN le fait.

Comme le souligne Gross (1975 :52), le N sous-jacent à la complétive pourra être différent de fait. D'autres substantifs ont des propriétés formelles leur permettant de constituer des sources éventuelles pour les complétives, ce sont les substantifs opérateurs Nop entrant dans les GN (le + la) Nop (Que P de V). Le corpus constitué compte cent huit (108) énoncés ayant des complétives du nom. Ces énoncés nous offrent vingt-huit Nop et un Pronom op, soit vingt-neuf unités nominales opératrices. Ce sont temps, conviction, fait, idée, raison, bizarrerie, sentiment, conclusion, preuve, moins, damnation, impression, démonstration, évidence, signal, conclusion, souhait et ceci. En voici quelques illustrations en [7] :

7.a. K. regardait ses pieds et en venait à la conclusion que cette belle façon de se mouvoir ne pouvait plus appartenir à la basse existence (LP :301)

7.b. Cette bizarrerie consiste en ceci que Léni trouve très beaux presque tous les accusés (LP :230)

7.c. Il est temps qu'ils nous foutent définitivement la paix ici (TSTA :47)

7.d. Il éprouvait assez souvent la conviction que c'était précisément maintenant qu'il pouvait se mesurer sans crainte avec le directeur adjoint (LP :293)

7.f. L'idée lui vint aussitôt qu'il n'eût pas dû parler ainsi à haute voix (LP :24)

7.g. Ce sourire éveilla chez K. le sentiment qu'il s'agissait de découvrir des contradictions (LP :194)

Les noms qui s'y trouvent, fait, certitude, hypothèse, conviction, preuve, signe, impression, croyance, sentiment, conscience, évidence, raison, souhait, postulat, ont deux caractéristiques générales.

Comment ne pas souligner qu'ils sont pour la plupart des déverbaux ? Selon les noms, nous aurons les dérivations suivantes : fait < faire, sentiment < sentir, souhait < souhaiter, preuve < prouver, signe < signifier ou signaler, postulat < postuler, etc. Les noms opérateurs fonctionnent donc comme les verbes dont ils sont issus. Il s'établit une corrélation entre les deux classes. La comparaison entre la classe du verbe et celle du nom donne donc d'envisager une équivalence entre les deux. Le principe de la comparaison des formes du lexique-grammaire est similaire, mais les formes comparées sont des phrases et non plus des mots. Gross (1975 :32) le résume en ces termes :

lorsque nous effectuons des comparaisons de sens [entre des phrases] ou entre deux interprétations de la phrases, nous dirons que nous procédons à des évaluations différentielles de sens. Les intuitions différentielles de sens ont un caractère opératoire satisfaisant. La comparaison de phrases voisines par leur forme (éventuellement voisines à des transformations près) pourrait mettre en évidence des éléments minimaux.

L'élément minimal est la différence sémantique entre la suite SNop + Que P et la suite Vop+Que P. D'autres éléments minimaux peuvent se révéler par une étude plus détaillée. Notre hypothèse est que les Nop se rapprochent plus de l'abstrait. La complétive du nom serait la marque de l'éloignement du concret au profit de l'abstrait. Voilà peut-être pourquoi elle ne se construirait pas avec les noms indiquant une localisation dans l'espace, le culinaire ou ceux liés au domaine agricole.

Dans cette série, il est temps que est une expression figée. En effet, selon Dubois et al. (1973 :214), le figement est le processus linguistique qui, d'un syntagme dont les éléments sont libres, fait un syntagme dont les éléments ne peuvent être dissociés. Ainsi, on pourrait adopter deux perspectives d'analyse pour il est temps que. La première évite de considérer Que P comme une complétive. Et dans la deuxième éventualité, on considère Que P comme une complétive incorporée au SN Op figé. Le tableau qui suit, construit par nos soins, donne une liste de noms opérateurs et indique les structures qu'ils acceptent.

SN op

SN0+QueP+V

V-SN+ Que P

V+SN1+Que P

N0+ être/ V attributif Que P

Le fait

+

-

+

+

L'idée

+

+

+

+

La certitude

+

+

+

+

l'hypothèse

+

+

+

+

La conviction

+

+

-

+

La preuve

+

+

+

+

Le signe

+

+

+

+

Le doute

-

+

-

-

L'impression

+

+

-

+

La croyance

-

+

-

+

Le sentiment

+

+

+

+

La crainte

+

+

-

+

Le prétexte

-

+

+

+

La conscience

-

-

+

-

La démonstration

+

+

+

+

L'évidence

+

-

+

+

Le signal

+

+

+

+

La conclusion

+

+

+

+

temps

+

+

-

-

le mieux

+

-

-

+

Le moins

+

-

-

+

La raison

+

+

+

+

Le souhait

+

+

+

+

Le postulat

+

+

+

+

Le but

-

-

-

+

La façon

+

-

-

-

La morale

+

-

+

-

Tableau 2 : Liste et structures des Nop

Ce tableau montre la fréquence des Nop de notre corpus ainsi que les structures dans lesquelles il rentre.

En somme, la complétive du nom est un constituant extravalenciel. Son apparition dans un contexte n'est nullement conditionnée par le verbe. Sa configuration dépend non pas du verbe, mais d'un actant du verbe. C'est ce dernier qui régit Que P. De ce fait, nous sommes amené à dire que la complétive du nom est intrasyntagmatique. Elle s'incorpore soit à un élément du SN-sujet, soit à un constituant du GV. Cette hypothèse, reconnaissons-le, à l'heure actuelle, mérite encore d'être débattue en profondeur. Elle est par ailleurs un élément généralement non essentiel. Elle peut être effacée lorsqu'elle rentre dans la structure du SV. Le N1 prédicatif opérateur est alors lié à une unité verbale avec laquelle il forme un prédicat complexe. La complétive du nom, qu'elle soit adnominale ou adverbale, est toujours postposé à la tête lexicale dont elle dépend. Elle ne se trouve donc pas en principe en position initiale. Sa place est médiane.

Intégré dans la structure du SN1, la complétive du nom est essentielle. Sa suppression entraine généralement soit une agrammaticalité, soit une extension de sens. Soulignons aussi qu'en ajustant le déterminant, la phrase redevient acceptable et il n'y a pas dès lors de différence de sens inattendue. Les noms opérateurs sont non-humain, N-hum. Ces substantifs sont restreints. D'où l'annotation Nr. De ce fait, il serait difficile d'y voir apparaître un nom propre. De même, ce ne sont pas tous les pronoms qui y figurent. L'observation globale n'y prédisposent que les démonstratifs ceci / cela.

Au plan de la restriction modale, le nom recteur sélectionne toujours le mode de la subordonnée. Certains admettent l'indicatif et d'autres le subjonctif. Les conditions et les contextes de ces choix sont à définir. Une définition des opérateurs en fonction de leur combinatoire est tout aussi souhaitable. Le régime de détermination des Nop reste à clarifier. On se demandera par exemple pourquoi le déterminant défini a une prééminence dans cette structure. La question de la modification du Nop est aussi intéressante.

Autant de pistes que nous n'ouvrons pas pour le moment compte tenu des exigences de mensuration et d'économie liées à notre recherche. On peut d'ores et déjà se demander si ces propriétés peuvent être corrélées à la complétive de l'adverbe. Autrement dit, les deux classes de complétives sont non-verbales. Pour cela, compte tenu des propriétés de la complétive du nom ci-dessus, on se demande si la complétive de l'adverbe dont la présentation suit peut donner des résultats différents.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon