2. LA COMPLÉTIVE DU NOM : ESSAI D'ANALYSE
SYNTAXIQUE
Comme beaucoup d'autres classes syntaxiques, le nom
reçoit une complémentation. Il peut être
complété par un adjectif, par un groupe prépositionnel ou
par une proposition. La structure correspondante est N+X. Quand il est
une proposition, l'élément X peut être une
relative ou une complétive, cas dont nous traitons. La complétive
du nom pose des problèmes qui suscitent des questionnements : quelles
sont les principales structures de la suite SN+Que P ? Quelles sont
les propriétés distributionnelles des noms opérateurs
(désormais Nop) ? N'induit-elle pas des contraintes ? Telles
sont les questions auxquelles nous allons répondre dans cette
section.
2.1. Les structures de la complétive nominale
Kanté (2016) étudie la complétive du nom
et analyse les contraintes inhérentes à cette classe de
proposition. Selon lui (2016 :8), le nom recteur est
l'élément caractéristique. Il joue un rôle
syntaxique et sémantique prépondérant dans la construction
de la complétive. De ce fait, en se fondant sur la structure
lexico-syntaxique au sein de laquelle le nom recteur régit la
complétive, nous pouvons distinguer huit types ou structures de
complétives du nom.
Nous n'entrerons pas dans le détail de cette
classification. Nous citerons les principales structures recensées par
l'auteur, nous les exemplifierons avant d'en relever les défauts et de
proposer une classification allégée. Les structures de
complétives nominales que donne Kanté (2016 : 3-8) sont :
1. la complétive du nom sujet, dont la structure est
SN que P
2. la complétive nominale à verbe support,
Vsup SN Que P
3. la complétive du nom objet, V+SN Que P.
4. la complétive nominale à structure
présentative, il y avoir! voilà ! Voici+SN Que
5. la complétive nominale extraposée, C'est
SN Que
6. la complétive nominale prépositionnelle,
Prép SN Que P
7. la complétive attribut du nom sujet, SN
être Que P
8. et la complétive du nom « discontinue
», SN+V Que P
Ces diverses structures sont respectivement illustrées
par les énoncés ci-dessous.
1. Le fait que K. restait assis
tranquillement au chevet de MeHuld lui parut assez rassurant (LP :
237)
2. K. regardait ses pieds et en venait à
la conclusion que cette belle façon de se mouvoir ne
pouvait plus appartenir à la basse existence (LP :301)
3. Cette bizarrerie consiste en
ceci que Léni trouve très beaux presque tous les
accusés (LP :230)
4. C'est pour moi le
signe que le communisme est bel et bien mort
(LP 07/03/03 :89)
5. C'est une horreur qu'il soit obligé de demander
justice (Kanté : 7)
6. Elle m'avait pris de l'argent sous prétexte que
son argent de poche est fini (ibid)
7. Le but de la vie est
que naisse un rejeton (SDI : 76)
8. L'idée lui vint
aussitôt qu'il n'eût pas dû parler ainsi
à haute voix (LP : 24)
Certains de ces structures rentrent dans le régime du
verbe et d'autres la structure du SN-sujet. On se demande de ce fait pourquoi
l'auteur préfère les éclater. La classification ainsi
obtenu semble émiettée. En effet, toutes les complétives
de ces structures dépendent certes d'un SN, du moins, d'un nom
prédicatif (désormais Npred). Mais, ne peut-on pas les
regrouper en deux ensembles selon la place du Nop dans la structure
globale de la phrase ? En d'autres termes, la démultiplication des
structures de Kanté ne peut-elle pas se résumer à deux cas
de figures ? En segmentant la phrase en ses deux pôles majeurs, on peut
avoir des complétives nominales intégrées au SN-sujet et
des complétives nominales intégrées au SV tel que nous les
présentons infra.
2.1.1. Les complétives nominales
intégrées au SN-sujet
Les complétives de ce groupes se trouvent au sein su SN
sujet. Quelle que soit leur structure, le dénominateur commun est de
rentrer dans la syntaxe du SN-sujet de la phrase. Ce SN a donc une
structure étendue. La complétive est une expansion directe du
nom. Elle peut également en dépendre dans un rapport de
prédication quand elle est en position d'attribut. D'où
l'existence de deux cas, à savoir, les complétives
compléments du nom et les complétives attributs du N0
sujet.
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