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Dette publique et croissance économique au Bénin.


par Zountchégnon Delphin DJOMAMOU
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Licence professionnelle en sciences économiques 2018
  

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1- Synthèses des travaux théoriques

Théoriquement, le lien entre la dette publique et la croissance économique a suscité depuis les années 80, des débats macroéconomiques opposant deux (02) principaux courants de pensée : le keynésianisme et le courant néoclassique. Cependant, aucune théorie économique n'a encore établi de façon formelle l'existence d'un plafond optimal de dette publique. Chacune d'elles développe des argumentations très divergentes visant à démontrer que les déficits publics sont terriblement néfastes, incroyablement bénéfiques ou sans importance.

Pour les keynésiensl'idée maitresse est que l'endettement n'occasionne ni de charges pour les générations actuelles et futures, en raison des investissements qu'il génère. De cette approche l'endettement relance la demande, l'effet accélérateur d'une hausse de l'investissement entraîne un accroissement de la production. Le déficit budgétaire menant par ses flux successifs à augmenter le stock de la dette produit l'expansion du cycle économique par la demande et l'investissement autonome. Ainsi, le déficit auquel correspond l'emprunt stimule la demande et ne permet d'alléger le coût de son remboursement que seulement et probablement en situation de sous-emploi des ressources productives.

Par contre, les classiquesou néoclassiques considèrent l'endettement comme un impôt futur et l'imputent à l'État. Selon eux l'endettement public a un effet négatif sur l'accumulation du capital et la consommation des générations futures et présentes. En fait les citoyens, selon Ricardo voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et vont se comporter comme s'ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt peu importe le décalage intergénérationnel. Autrement, les comportements des agents économiques sont guidés par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transferts et d'investissement) financée par l'emprunt.

Le modèle de Barro (1990)a attribué un rôle très important aux dépenses publiques productives (les dépenses publiques en capital d'infrastructure) dans le processus de croissance économique à long terme. Selon l'auteur, la dette ne constitue ni une richesse pour la génération actuelle, ni un pont entre les générations à cause de l'anticipation des agents sur les impôts futurs. Ainsi une partie de la dette sera transférée à la génération future (dette fiscale) et l'autre sera compensée par titres publics. Cause pour laquelle le fait de substituer l'emprunt à l'impôt n'entraîne pas nécessairement la croissance.

Ces deux approches, aux conclusions radicalement opposées, illustrent à quel point les débats liés à l'opportunité du financement par emprunt ou par impôt et à l'impact de l'endettement sur l'activité économique sont complexes. Le théorème de Barro est moins soutenable à plusieurs égards car il suppose l'existence d'un altruisme intergénérationnel des ménages, un marché financier parfait et l'absence de contrainte de liquidité chose inobservable pour les deux dernières hypothèses en pratique. Les keynésiens ne prennent pas en compte l'accumulation des arriérés due à l'inefficacité de l'investissement ou de l'utilisation de la dette (l'hypothèse est que toute dette est bien utilisée). Dans la situation des pays en développement surtout des pays africains la dette est parfois mal gérée si bien qu'en réalité elle devient un poids pour les générations futures. Les avantages et les inconvénients de chaque mode de financement dépendent grandement du contexte économique, social et politique en vigueur, au sein des pays concernés, à un moment donné. Actuellement, l'équilibre budgétaire prôné par la conception classique est assurément à la mode : aux Etats-Unis, plusieurs états ont adopté une règle visant à rendre obligatoire l'adéquation des dépenses aux recettes ; au sein de la zone euro, les pays se sont engagés à respecter le pacte de croissance et de stabilité. Pour les pays en développement de la zone franc, l'application effective depuis 2000 de critères de convergences de l'UEMOA, dont l'objectif est la maîtrise de l'évolution des charges salariales, la constitution d'une épargne par les administrations publiques, la réduction des déficits publics, la réalisation d'un solde primaire de base positif et l'élimination des arriérés de paiement, est soutenue par une analyse néolibérale.

Krugman (1988) et Sachs (1989),prédisent qu'une dette élevée est nuisible à la croissance économique, dès lors qu'elle décourage les investissements. Pour ces auteurs, lorsque la dette excède les ressources internes d'un pays, ce pays risque de ne plus être capable de rembourser les emprunts passés, ce qui aura un effet dissuasif sur les créanciers et les investisseurs potentiels.

Romer (1992), Barro et Gordon (1994) ont montré que l'intervention de l'État permet la croissance économique du fait des externalités positives des dépenses publiques (fournitures d'infrastructures, dépenses de santé, d'éducation,) sur la productivité du secteur privé. Le budget de l'État est devenu un instrument privilégié de politique économique, une arme essentielle dans la régulation que les pouvoirs publics tentent de mettre en oeuvre. Par conséquent nous privilégierons dans cette étude l'approche keynésienne de l'endettement qui semble suivre la logique des pays en développement.

L'idée de l'équivalence ricardienne a été testée dans les pays en développement en
particulier par Montiel et Uqhual(cité par Raffinot. M, 1998)sur un échantillon de 16 pays en développement. Pour ces pays l'évidence empirique ne montre pas le caractère opérationnel de cette théorie puisque le financement par emprunt extérieur de la majorité de ces pays s'est traduit par des effets d'éviction. L'épargne externe se substitue à l'épargne interne entraînant une baisse de l'investissement domestique. On constate que l'analyse keynésienne a permis d'intégrer les finances publiques dans l'activité économique générale.

La dette extérieure a le potentiel de stimuler la croissance économique selon Rina et al. (2004), à condition qu'elle serve à financer les investissements. Pour ces auteurs, il convient d'avoir une mesure de l'endettement, car il existe un certain seuil au-delà duquel la dette influence négativement la croissance économique. En effet, lorsque le rendement du capital est en baisse, les avantages de tout nouvel investissement sur la croissance économique pourraient diminuer à mesure que la dette s'accroit. Cette théorie donne lieu à une relation en forme de "Courbe de Laffer" entre la dette extérieure d'une part et la croissance du revenu par habitant d'autre part.

Minea et villieu (2008) mettent en évidence une relation non linéaire entre les déficits budgétaires et la croissance économique. Lorsque la dette publique est faible, l'impact du déficit sur la croissance est positif, car la hausse de la charge de la dette peut être absorbée par une réduction des dépenses publiques de consommation. En revanche, lorsque la dette est élevée, il n'est plus possible d'abaisser les dépenses publiques, et l'ajustement s'opère par les dépenses d'investissement, de sorte que la relation entre déficit et croissance deviennent négative.

Greiner (2011)montre sur la base d'un modèle de croissance endogène sans dépenses publiques productives que la dette publique et croissance économique sont corrélées négativement. Une dette élevée entraine une baisse du volume de l'épargne net au niveau national et corolairement une hausse des taux d'intérêt. Celle-ci entraine une chute de l'investissement et un ralentissement de la croissance du stock de capital. La moindre accumulation du capital se traduit par de moindre innovation et par conséquent une baisse de la productivité du travail.

Greiner (2012)précise qu'il n'existe pas un modèle bien spécifié qui pourra générer une relation en U-inverse entre la dette et la croissance. La non-linéarité peut survenir s'il existe un certain seuil à partir du duquel la dette devient insoutenable (Ghosh, Kim, Men-doza, Ostry, and Qureshi, 2012).

Arai et al. (2013) développent un modèle d'équilibre général dynamique à durée de vie infinie pour expliquer la relation inverse entre la dette publique et la croissance économique. Les auteurs ne s'intéressent pas uniquement à l'effet d'éviction mais aussi à l'effet de levier que la dette publique peut exercer sur l'inversement privé. Si le niveau de la dette publique est inférieur à un certain seuil, l'effet de levier domine l'effet d'éviction et l'accumulation de la dette publique améliore la croissance économique. Toutefois si le ratio de la dette excède le seuil optimal, l'augmentation de la dette publique réduit la croissance économique et ainsi, c'est l'effet d'éviction qui domine.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand