3.4.2.- le système sanitaire
Le système sanitaire est fortement déficient
[...] en Haïti. Il ne permet pas d'offrir à la population les
services de bases qu'elle est en droit d'attendre. L'Esperance de vie des
haïtiens a régressé de 55 à 53 ans ces
dernières années. La mortalité infantile et
juvénile demeure très élevée. La prévalence
de la malnutrition chronique, sévère ou modérée,
des enfants de moins de cinq ans est de 22%. La mortalité maternelle est
très élevée (523 pour 100 000 naissances vivantes). Les
médicaments essentiels ne sont pas accessibles aux patients. La
réforme du système de soin en périphérie, les
Unités Communales de Santé, ne sont pas efficaces (CCI, 2004
:35).
3.4.3.- L'éducation
L'administration coloniale avait fait de l'éducation un
choix ; et on est en droit de passer de penser que ce choix a des
répercussions en matière d'éducation dans le pays
aujourd'hui, car au lendemain de l'indépendance, le pays fonctionne avec
une population environ 100 % d'analphabètes. Aujourd'hui, le pays figure
en très mauvaise position en matière de niveau d'éducation
et d'alphabétisation. Il fait partie des pays ciblés par l'UNESCO
comme ayant un taux extrêmement élevé
d'analphabétisme. Tout effort dans le sens du développement
intégral du pays est relativement paralysé, à cause
notamment de ce taux d'analphabétisme qui est estimé, en 2003,
par l'Institut Haïtien de Statistiques à environ 49% (RNRH, 2008).
D'ailleurs, [...] la forte prévalence de l'analphabétisme a
constitué un des indicateurs majeurs du sous-développement
d'Haïti (IHSI, 2001).
Si la grande demande scolaire a éclaté
véritablement vers les années 1970, suite à
différents facteurs tel que l'intensification de l'exode rural et
l'immigration à l'étranger, l'Etat haïtien n'est pas en
mesure d'abord de répondre suffisamment à cette demande en
construisant suffisamment d'écoles pour faire face à cette
demande, et ensuite, les écoles disponibles n'avaient pas suffisamment
de places et se trouvaient isolées sans un véritable
contrôle. Les maîtres n'étant pas adéquatement
préparés à leurs tâches, il s'en est suivi soit un
massif abandon scolaire après 2 ou 3 années de classes, soit une
éducation au rabais (RNRH, 2008 :6). Selon les données
officielles, l'Etat se présente comme un acteur quasi-absent dans le
secteur éducatif haïtien. Le tableau suivant nous présente
une vue globale de la situation.
66
Tableau 10: Répartition des écoles selon
qu'elles soient ou non public
Catégorie d'école
|
Ecole à niveau unique
|
Ecole à double niveau
|
Ecole complète
|
Total
|
Pourcentage
|
Public
|
|
|
|
1 688
|
12 %
|
Non public
|
|
|
|
11 911
|
88 %
|
Total
|
4 494
|
7 851
|
1 254
|
13 599
|
100 %
|
Source : Réalisé selon les données de
MENFP/DPCE Recensement scolaire 2010-2011, P-au-P, 2011
p13.
Généralement, les indicateurs sociaux sont
alarmants : Haïti est le seul pays du continent figurant sur la liste des
pays les moins avancés et se classe 146e rang pour l'IDH,
peuplé d'environ 10 millions et 60 % vit en milieu rural ; et dans ce
pourcentage près de la moitié ont moins que 18 ans.
Les indicateurs de santé publiques sont les pires de la
région : l'Esperance de vit est de 53 ans; la mortalité infantile
est de 80 pour 1000 ; la mortalité maternelle est de 523 pour 100 000
naissances vivantes ; 28 % seulement de la population utilisé des
équipements sanitaires appropriés ; un quart de naissance
seulement est assisté par un personnel médical ; la moitié
de la population n'a pas accès à l'eau potable ; la
prévalence du VIH-Sida atteint 5% environ de la population ; le taux net
de scolarisation primaire est de 68% avec une qualité de l'offre
très faible et près de la moitié de la population est
analphabète ; 65% de la population vit sous un seuil de pauvreté
monétaire,... Voilà, en gros, une vue de la présentation
globale de la situation socioéconomique d'Haïti au cours de la
période allant de 2000 à 2011.
Au regard d'une telle situation marquée par le chaos,
de l'instabilité sous toutes ses formes : crises politiques intenses,
économie délabrée, violence, insécurité,
misère, des graves problèmes sanitaires, bref une situation
sociale énorme au cours de la période 1991 à 2004
désastreuse, le développement sous toutes ses formes est bien
plus qu'un rêve, et non une réalité. Si l'année 2000
a été prometteuse avec surtout le sommet ayant
débouché sur les OMD, Haïti voit sans doute dans les
programmes d'aide de développement de la coopération
internationale un atout, de même que la communauté internationale
voit Haïti comme un terrain favorable. Et le pays ne voit pas
d'autre sortie que l'assistance internationale pour son développement :
qu'elle soit financière, économique ou politique. Ceci, depuis la
fin de la dictature des Duvalier, comme l'a écrit le professeur James
Boyard : « l'aide internationale à
67
Haïti a connu un essor fulgurant au point que le pays
s'est hissé, et a peine en plus de deux décennies, au premier
rang des pays les plus assistés au monde. Pourtant, le paradoxe est que,
à mesure que l'aide publique au développement afflue vers
Haïti, la dégradation sociale, politique et institutionnelle du
pays semble s'accélérer64. » afin de mieux
comprendre cette assertion, et surtout comment s'articule la gestion de l'aide,
une étude plus approfondie sera faite au chapitre suivant.
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