2.2.3- La dette des pays du tiers-monde
Dans les années 1960 et surtout en 1970, la plupart des
pays du Sud, les produits d'exportation (dont ils sont
spécialisés) laissaient entrevoir des perspectives de forte
croissance. Les emprunts sont facilités et à de faibles taux
d'intérêt, à l'incitation de banques occidentales qui ne
savaient plus que faire de leurs liquidités provenant des pays
exportateurs du pétrole (les pétrodollars) et la masse de dollar
accumulés dans les banques européennes (les eurodollars). La
masse de fonds prêtables s'accroît à l'échelle
mondiale, au même moment les opportunités de placement se
réduisent du fait de la récession.
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L'hypothèse des banques du Nord était
fondée sur l'accroissement de la production des emprunteurs pour
être sûr du remboursement. Tel n'a pas été le cas
puisque, primo les crédits obtenus n'ont guère
été utilisés rationnellement. Au lieu de financer des
investissements productifs, seuls susceptibles de renforcer la capacité
exportatrice du débiteur et de générer les flux de devises
nécessaires au remboursement de la dette, les gouvernements des pays
endettés se sont lancés dans des programmes d'investissement
à la rentabilité plus que douteuse et trop souvent
inadaptés aux besoins locaux. De plus, certains dirigeants du Sud ont
détourné à leur profit, bien souvent avec la
complicité des créanciers, des sommes considérables si
bien qu'aujourd'hui de nombreux pays doivent rembourser les dettes
contractées par d'anciens dictateurs tandis que ceux-ci profitent en
toute impunité de fortunes illégalement acquises.
Segundo, les politiques anti-inflationnistes menées par les
pays industrialisés au début des années 1980 se sont
traduites par une poussée des taux d'intérêt [qui] est
passé d'environ 11% début 1979 à près de 20%
à la mi 1981, car le prix des matières premières,
principale source de devises est conjuguée à une hausse
vertigineuse, (Mahamane YAHAYA, 2010) ce qui très
préjudiciable aux pays endettés. En effet, leur dette
étant contractée presque exclusivement à taux variable,
ces pays se sont vus étouffés par le fardeau que constituait
désormais la charge de la dette. Le problème est que la
moitié des 42 pays dits pauvres et très endettés
dépensent plus pour rembourser leur dette que dans le domaine social. A
cause du service de la dette, ces pays n'arrivent plus à investir dans
des projets de développement visant à améliorer la
qualité de vie de leur population (Grivel, 2008 :11).
Le Groupe Dette du Tiers-Monde, dans une approche
explicative a la crise de la dette a écrit :
« Les prêts étaient libellés en
dollars et indexés en fonction du marché des taux
d'intérêt américains et de celui de la City (Londres). Par
voie de conséquence, ces taux d'intérêt explosent (exemple
: l'Amérique Latine : le taux d'intérêt réel passe
de -3,4% dans les années 70-80 à +27% en 1982). La situation
s'aggrave en outre du fait de la baisse des revenus d'exportations des pays du
Tiers Monde : l'offre accrue des produits exportés par ces pays dans un
contexte d'essoufflement du rythme de croissance des pays
industrialisés, fait chuter leur prix sur le marché
international, d'où une baisse des revenus en devises permettant de
rembourser les dettes. »
Il revient au Mexique de lancer le coup d'envoi de cet
essoufflement de crise d'endettement en août 1982 lorsqu'il suspendait le
paiement des intérêts qu'il devait au titre du service de sa
dette.
C'est ainsi que durant la décennie 1980, face au cycle
infernal de l'endettement, les prêteurs internationaux perdent
brusquement confiance et refusent désormais d'alimenter le flux de
capitaux vers les pays endettés (Sylvie BÉLANGER, 1992). Si cette
situation a des retombées plutôt négatives sur
l'économie mondiale en général et en aval,
caractérisée par une baisse des
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matières premières, et les structures
économiques locales en amont, pour se remédier à la
situation, il s'est évolué comme solution venant des institutions
financières internationales un nouveau paradigme dans le dialogue
Nord-Sud : l'ajustement structurel (Sylvie BÉLANGER, 1992).
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