1.5. FONDEMENTS CONCEPTUELS DES AIRES PROTEGEES
Les fondements philosophiques qui sont à l'origine de
l'idée de conserver la nature ont émergé aux Etats-Unis
d'Amérique à la fin du 19e Siècle. Plusieurs approches
philosophiques et conceptuelles ont sous-tend les premières initiatives
de création des aires protégées. On en distingue trois
: le préservationnisme romantique, le conservationnisme
utilitariste et l'écologie évolutive (Barbault1997).
Le préservationisme romantique défendait
l'idée selon laquelle la nature avait en soi une raison d'être et
une utilité qu'on ne pouvait pas réduire aux seuls gains
économiques procurés à la société par cette
nature. Cette philosophie plaide alors pour la « protection des paysages
» dans leur état « naturel » et écarte les
sociétés humaines qui constituent aux yeux de plusieurs
activistes, les principales causes des modifications constatées dans les
campagnes et dans les villes (Wirth, 1980).
Pour le conservationnisme utilitariste, cette pensée a
été à l'origine des premières dispositions
juridiques et réflexions scientifiques relatives à la protection
de la nature. Mouvement appelé aussi « ressourcisme »,
considérait que la nature est une source de ressources à
conserver pour les besoins de la société. Il considère que
la nature se définit par son utilité ou par sa nuisance pour
l'homme. Il convient alors de faire un usage adéquat des ressources de
la nature en les distribuant honnêtement entre les utilisateurs pour le
plus grand
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nombre et pour plus longtemps, en évitant tout
gaspillage. Cette conception semble très proche du concept actuel de
développement durable, (Wafo Tabopda, 2008).
Outre, l'écologie évolutive, considérait
que la nature est un système intégré,
équilibré et dynamique. A ce titre, sa conservation relève
de la responsabilité de l'homme, qui doit, pour ce faire, tirer parti
des connaissances scientifiques issues des recherches écologiques afin
de mettre en oeuvre une biologie de la conservation orientée vers
l'objectif d'une Biosphère durable (Barbault, 1997).
1.6. MECANISMES DE CREATION DES AIRES PROTEGEES
De nombreuses aires protégées ont
été désignées comme telles sur la base de
critères non liés à leur importance pour la
diversité biologique, mais plutôt en vertu de leur
intérêt touristique, récréatif, historique ou
culturel ou simplement parce que les terres qui les composent ne
présentent guère d'intérêt pour d'autres
utilisations ou alors pour des raisons politique (UICN, 1994).
Néanmoins, en RDC par exemple, certaines aires
protégées ont été ainsi désigné ou
élargies, simplement sur base des décisions politiciennes et les
populations victimes des expropriations continuent à être une
menace aux aires protégées par la destruction massive de la faune
et flore également par l'exploitation minière actuellement au
PNKB dans la chefferie de Buloho en plus de l'insécurité. Pour
rappel, en 1990 au Togo, les parcs nationaux et les réserves avaient une
faune particulièrement riche. Avec les troubles sociaux, les populations
se sont livrées à une chasse effrénée pour se
venger (Mengue-Medou, 2002).
La conservation des aires protégées en Afrique
est soutenue majoritairement par la communauté internationale. On
évalue à 100 millions de dollars la somme investie entre 1992 et
1998 par des donateurs extérieurs dans 16 pays, pour des projets de
conservation. Le Kenya a reçu à lui seul US$23 millions à
cause de l'importance de ses activités éco-touristiques (UICN,
1999).
Les pays africains ont consacré une grande partie de
leur territoire à la conservation. Où, les aires
protégées couvrent plus de 2.4 millions de km2.
Environ 5.2% des zones protégées du continent, comprenant 645
sites, sont dans la catégorie I-V de la classification établie
par l'UICN. On remarque une croissance de la superficie des aires
protégées qui a atteint un sommet de 250 000 Km2 en
1970 (UICN, 1994).
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En général, les classements ne tiennent pas du
tout compte du partage rationnel entre l'espace à protéger et
l'espace cultivable nécessaire pour une population en expansion.
Pourtant les politiques de conservation sont censées être non
seulement des actions de protection physique du territoire mais devraient aussi
tendre à améliorer les conditions naturelles favorables à
la survie des populations locales.
Malheureusement, la mise en place des aires
protégées n'est pas précédée et/ou suivie
d'actions d'accompagnement telles que l'amélioration des terres
cultivables, l'évaluation des besoins des populations,
l'évaluation de leurs modes alimentaires, etc. qui devraient permettre
aux aires protégées de jouer pleinement leur rôle qui est
à la fois écologique, économique et social oubliant que,
les aires protégées renferment de nombreux sites d'importance
culturelle ou spirituelle de forte valeur pour la population environnante
(UICN/PACO, 2010).
On constate plutôt que les arrêtés de
classement mettent l'accent sur la protection des terres comme seule et unique
finalité (Badiane et al. 1996). Au lieu d'être un moteur du
développement économique des régions qui sont rurales
à plus de 90 pour cent, les aires protégées sont devenues
comme le dit Sournia (1990) «des garde-manger entourés par la
faim.» Ainsi, presque toutes les populations rurales qui entourent le
PNKB et plus particulièrement dans la chefferie de Buloho, la population
vie misérablement. D'où, elle cherche par tout le moyen possible
à satisfaire les besoins élémentaires au point qu'il
affecte négativement le PNKB.
Le modèle de parc national créé à
la fin du 19è siècle aux Etats-Unis pour gérer les espaces
vierges se diffusa dans les colonies d'Afrique (Griffiths et Robin, 1997), mais
sans tenir compte des coutumes locales. Pour le cas le plus précis, les
peuples autochtones autours du PNKB considère la biodiversité du
parc comme leur source de vie (alimentation, espaces, lieux de rites
traditionnels et autres).
En Inde, le premier édit sur la protection des animaux,
des poissons et des forêts a eu lieu en 252 Avant JC sous empereur
Ashoka. Il s'agit peut-être du plus ancien cas documenté de
création délibérée de ce que l'on appelle
aujourd'hui aires protégées (Mubalama, 2013). En 1084, le roi
Guillaume d'Angleterre ordonna la préparation du Grand Livre cadastral,
inventaires de toutes les forêts, régions de pêche,
régions agricoles, réserves de chasse et ressources productives
du royaume afin de donner une assise solide aux plans d'aménagement et
de développement du pays (Lusigi W., 1992).
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Ensuite, les premières zones protégées
modernes ont été créées à la
frontière du Far West en Amérique du Nord, (MacNeely, 1992). Afin
de pallier l'extinction du Bison de plaine, les conservationnistes ont
proposé que Yellowstone devienne un refuge pour le grand gibier. Ainsi,
en 1872 Yellowstone est devenu Yellowstone National Park, aujourd'hui ancien
des parcs nationaux des Etats-Unis et du monde. Avec une superficie de 8 983 km
(M. Diallo, 2011) Le deuxième fut le Parc national royal australien
créé en 1879 et puis Yosemite en 1890. En Afrique, le processus
de création des aires protégées a été
déclenché avec la mise en place du Parc National Krüger en
Afrique du sud en 1898, (UICN, 1999).
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