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Exploitation minière et aires protégées, Cas du parc national de Kahuzi Bièga.


par Fiston NSHOKANO ZAGABE
Institut Supérieur de Développement Rural de Bukavu_ISDR-BUKAVU - Licence en développement rural 2015
  

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1.4. ALTERNATIVES FACE A L'EXPLOITATION MINIERE DANS LES

AIRES PROTEGEES

Dans l'histoire de la biologie de la conservation plusieurs perspectives sur les relations entre les humains et le reste de la biodiversité se sont succédé, pour tenter de limiter les conséquences très négatives de l'augmentation des populations et des activités humaines sur l'environnement (Dunn et al. 2006), mais l'on constate que le problème persiste toujours. D'autres approches développées par le PNKB ont aussi améliorées (par exemple la vulgarisation des foyers améliorés mais qu'on ne retrouve pas partout autour du parc dans la chefferie de Buloho). Cette absence, n'a pas contraint la population à réduire les menaces qu'elle porte sur les bois du parc.

Le changement des paradigmes dans le cadre de la politique de gestion d'aires protégées s'est développé depuis les années 1970, suivant le constat des limites du modèle étatique centralisé.

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Elle s'appuie sur la notion de développement durable et envisage les espaces de conservation comme les principaux champs d'expérience de la soutenabilité. Ces politiques d'articulation entre conservation et développement ont suscité un très fort engouement dans les années 1980 et 1990, avec le déploiement d'un discours participatif dans le champ de la conservation, une multiplication des expériences de gestion intégrée et la recherche d'une synergie entre les politiques de protection de la biodiversité et des politiques plus larges d'environnement et d'aménagement du territoire (Mamadou, 2011. C'est ainsi qu'au PNKB, il s'y ait développé une nouvelle approche nommée `Conservation communautaire' afin d'amener les peuples autochtones à participer volontairement à la protection de la biodiversité du parc.

Au niveau local, les premières expériences de ce type ont été développées par l'UNESCO et son programme Man And Biosphere (MAB), qui a mis en place, dès 1972, les « réserves de la biosphère ». Celles-ci ont été conçues comme des espaces mixtes associant différents types d'espaces avec plusieurs degrés de protection où, schématiquement, une zone centrale intégralement protégée est entourée de zones-tampons sur lesquelles certaines activités sont autorisées, elles-mêmes bordées de zones de transition (Aubertin et Rodary, 2008).

La Conférence des Nations-Unies sur l'Environnement et le Développement ou « Sommet de la Terre », tenue en 1992 à Rio, constitue le sacré du développement durable. Elle a amené la communauté internationale à prendre conscience de l'ampleur et de l'enjeu des problèmes d'environnement et de développement à l'échelle de l'humanité. Les exploitations minières dans la chefferie de Buloho ne représentent pas grande chose dans l'économie de la population du milieu. Bien au contraire, ils en paient les prix au point où ils sont victimes de plusieurs désastres (pollution des eaux qu'utilise la population, affecte l'agriculture, etc.)

Le domaine de l'environnement s'est intéressé aux connaissances écologiques traditionnelles lorsque les chercheurs ont commencé à chercher des approches alternatives aux sciences et technologies occidentales (ICD, 1993). Un pas en avant est réalisé lorsque l'on envisage d'intégrer les connaissances écologiques traditionnelles aux connaissances scientifiques. La communauté scientifique adopte ainsi une approche de recherche appliquée et cherche à comprendre et à faire partager les valeurs, la philosophie et les pratiques durables des peuples autochtones (Audrey Wu, 2002).

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Dans l'expérience du PNKB, certains membres des populations autochtones ont été nommés « boussole naturel » du fait de leur maitrise et connaissance du parc. Les communautés locales et les populations autochtones comme celles de la chefferie de Buloho dépendent en partie de ressources naturelles telles que les produits de la forêt, le gibier et les minerais. Les forêts renferment d'importantes valeurs culturelles que les aires protégées peuvent aider à préserver à cette communauté. Elles peuvent aussi contribuer de manière importante à l'économie locale grâce au développement de formes de tourisme durables et éco-compatibles (UNEP-WCMC, 2008). Mais malheureusement, ce secteur a connu des ralentissements au PNKB depuis un certain temps suite à l'insécurité.

L'impact des avantages et des bénéfices des aires protégées sur les populations locales dépend en grande partie de la gestion et de la gouvernance. Par exemple, des aires forestières strictement protégées avec des structures de gestion directives correspondant généralement aux catégories de gestion I-II de l'UICN, peuvent avoir de lourdes conséquences sur les conditions de vie des communautés locales telles qu'un manque d'accès aux ressources et parfois même des déplacements de population engendrant ainsi des conflits. En comparaison, les aires protégées dont la gestion permet l'utilisation durable des ressources forestières et qui sont généralement classées dans les catégories V-VI de l'UICN ont montré des bénéfices tangibles à travers, par exemple, le tourisme et les marchés de produits forestiers.

La distribution de ces coûts et bénéfices étant de surcroît inégal selon la communauté, il faudra inévitablement résoudre ce problème si l'on pense que le PNKB doit être bénéfique à la communauté locale de la chefferie de Buloho. Egalement, la collaboration entre différents services, structure et population locale peut aboutir à des bilans positifs en termes de protection de cette aire protégée. A condition que des plans stratégiques d'aménagement du parc soient mis en place et que ses services aient les moyens humains et financiers nécessaires à l'accomplissement de leur rôle.

Les facteurs qui peuvent compromettre fortement l'efficacité de la gestion des aires protégées seraient peut-être le manque de fonds personnel non qualifié, faiblesse institutionnelle, absence d'appui politique, la faiblesse du cadre juridique et de l'application de la réglementation, l'insuffisance de la communication avec les résidents locaux et de leur participation à la planification de la gestion, le manque de coordination entre les organisations participant à cette gestion, l'absence de plans d'utilisation des sols de portée générale et la délimitation inadéquate des zones à protéger. (UNEP-WCMC, 2008).

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Malgré les progrès réalisés dans ce domaine, un travail considérable reste à faire pour mettre au point des méthodes efficaces de suivi. Par exemple, l'utilisation d'espèces témoins pourrait être d'un grand secours, mais on connaît encore mal les rapports qu'elles ont avec la diversité biologique totale et le fonctionnement des écosystèmes (Lindemayer et al. 2000). En outre, tant que des méthodes simples et peu coûteuses ne seront pas disponibles, il y a peu de chances qu'un suivi soit assuré, surtout dans les cas où les ressources humaines et financières pouvant être consacrées à la conservation sont limitées. Par ailleurs on ignore la dynamique écologique de plusieurs écosystèmes qui composent les aires protégées.

Des efforts ont récemment été entrepris pour mettre au point des outils permettant d'évaluer l'efficacité des aires protégées dans une optique plus générale, en incluant des facteurs institutionnels, sociaux et quantitatifs en plus des facteurs biologiques. La Commission mondiale des aires protégées de l'UICN a créé en 1998 un groupe de travail sur l'efficacité de la gestion et organisé deux ateliers internationaux sur cette question en 1999. La CMAP a proposé un cadre d'évaluation (Hocking et Phillips, 1999) prévoyant cinq types d'évaluation:

? L'évaluation de la conception, pour examiner la planification ou la conception d'un réseau d'aires protégées, en particulier ses carences éventuelles, son adaptation aux objectifs prévus et sa représentativité;

? L'évaluation des intrants pour déterminer si les ressources (fonds, personnel, équipement et infrastructure) utilisées pour gérer la ou les zones protégées sont adéquates et comment elles sont réparties;

? l'évaluation du processus pour examiner les normes du système de gestion ainsi que les processus et les fonctions utilisés pour l'administration de l'aire protégée;

? L'évaluation des extrants pour déterminer dans quelle mesure les plans ainsi que les objectifs ou les normes prévus ont été atteints où respectés; L'évaluation des résultats,

c'est pour déterminer dans quelle mesure les objectifs de la gestion sont atteints.

La planification et la gestion des aires protégées ont connu un changement radical au cours de la décennie écoulée (Dudley et al. 1999). Elles se caractérisaient autrefois par le monopole du gouvernement central en matière de contrôle, le protectionnisme, l'exclusion des populations locales et, fréquemment, l'interdiction des utilisations traditionnelles de la faune et de la flore.

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En octobre 1999, la FAO a tenu une consultation technique internationale à Harare (Zimbabwe) sur la façon de concilier la gestion des aires protégées et le développement rural durable. La reconnaissance de l'importance de faire en sorte que les populations rurales vivant dans les aires protégées ou à proximité de celles-ci se sentent directement concernées par la biodiversité s'est manifestée notamment sous deux formes: les projets intégrés de développement et de conservation.

Etant donné qu'il y a des gens qui vivent à l'intérieur ou à proximité de nombreuses aires protégées, sinon de la majorité d'entre elles, les écologistes ont entrepris de relier les objectifs de la conservation et du développement afin que les populations locales profitent de certains des avantages qu'apportent les aires protégées. Cette idée n'est pas nouvelle, mais a simplement été intégrée de plus en plus fréquemment dans les efforts de conservation au cours des 10 dernières années.

La nécessité d'administrer les aires protégées en tenant compte des besoins et des droits des populations locales a été énoncée clairement lors du Congrès mondial sur les parcs, qui a eu lieu en 1982 à Bali (Indonésie). Par rapport aux politiques protectionnistes antérieures qui avaient souvent pour résultat de creuser un fossé entre les efforts de conservation et les populations locales cette approche devrait permettre d'éviter l'exclusion de ces dernières.

Gigure3 : Modèle de l'agencement territorial MAB pour une aire protégée (UNESCO), 1995

Fonction de développement

Fonction d'éducation et recherche

Fonction de conservation

Zone de transition

Zone tampon Zone centrale

Source : François Muhashy, décembre 2010

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La gouvernance, concept relativement nouveau qui a émergé lors du Congrès Mondial des Parcs Nationaux qui a eu lieu à Durban en 2002. La gouvernance concerne le pouvoir, les relations entre partenaires, la responsabilité et comment l'on rend compte de ce qu'on a fait. La gouvernance est la combinaison explicite ou implicite des politiques, pratiques et institutions qui affectent la vie publique.

La gouvernance vise l'atteinte des objectifs de l'aire protégée donc l'effectivité de la gestion. Elle détermine le partage des coûts et bénéfices donc l'équité de la gestion. La bonne gouvernance est essentielle à la prévention ou résolution de conflits. Conflits souvent liés à l'accès aux ressources comme les conflits entre la PNKB et la communauté autochtone qui l'entoure. La distinction fondamentale entre types de gouvernance peut être faite sur la base de: (a) qui détient l'autorité et la responsabilité de gestion; (b) qui a la responsabilité légitime de rendre compte suivant la loi ou la coutume (UNEP, 2008).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille