III.1.3.5. Pratiques
liées à l'utilisation des intrants agricoles pour
réduction de faible rendement et limitation des effets des maladies
La principale raison de l'augmentation de l'utilisation des
intrants agricoles (engrais, herbicides et insecticides) est la recrudescence
des maladies sur les cultures ou le faible rendement de ces dernières
(cacaoyer, manioc...). Environ 61,7 % font usage des engrais chimiques contre
18,3 % qui utilisent les engrais locaux (fientes de poules, crottes de porcs).
En ce qui concerne l'usage des pesticides chimiques, 73,3 % de paysans les
utilisent contre seulement 16,7 % qui ont développé des
pesticides biologiques à base des feuilles de l'espèce
Tithonia diversifolia (Asteraceae).
III.1.3.6.Corrélation entre les perceptions-
stratégie paysanne d'adaptation face aux variabilités
climatiques
Ø Niveau de cohérence entre les perceptions
paysannes et les résultatssur l'évolution des
précipitations et températures
Les changements climatiques peuvent être
considérés comme une variation statistiquement significative de
l'état moyen du climat et de sa variabilité, persistant pendant
une période prolongée (généralement des
décennies). Les facteurs du climat qui sont considérés
dans la détermination de ces indicateurs des changements climatiques
sont les précipitations (hauteurs et nombres de jours de pluies) et les
températures maximales et minimales. Les perceptions paysannes
notées étant essentiellement liées au déroulement
de la saison pluvieuse, les modifications du facteur pluviométrie seront
analysées à travers son influence sur la saison pluvieuse. Les
données pluviométriques utilisées sont celles du poste
d'observation de Ntui (2013 et 2014).
Ø Analyse des tendances pluviométriques
(2013 et 2014) à Ntui
L'étude des paramètres pluviométriques
permet d'examiner les modifications éventuelles qu'il y a eu ces deux
(2) années. Pour ce faire, la pluviométrie a été
caractérisée dans le but de comparer l'évolution de
celle-ci au cours des 2 années. Un aperçu sur l'évolution
des hauteurs pluviométriques annuelles et du nombre de jours pluvieux
par années est perceptible (Fig. 15 et 16).L'analyse montre une
variation des hauteurs pluviométriques annuelles avec des maximums en
octobre, avril et mars brutale et minimum août, juillet et janvier pour
l'année 2013. Par contre l'année 2014 a eu les maximums en
août, juin et septembre et des minimums en février et
décembre. Ces résultats révèlent bien que ces
années se succèdent, elles ont une évolution
différente. Ils confirment les perceptions des producteurs.
Ø Analyse des tendances
thermométriques
En dehors de la pluviométrie, la température est
un paramètre climatique qui affecte le cadre de vie aussi bien des
hommes que des animaux et végétaux. Ayant aussi marqué les
populations par son évolution, est présenté ici
l'évolution de la température des années 2013 et 2014. La
tendance thermométrique annuelle présentée montre qu'il n
y a pas une grande différence entre les deux années. Cependant,
l'année 2014 a connu cinq mois où les températures ont
été élevées (quatre mois successifs). De même
l'année 2013 a connu aussi cinq mois (non successifs) avec des
températures élevées. Les affirmations des producteurs sur
la hausse des températures sont confirmées.
Fig.15. Diagramme ombrothermique
(année d'observation 2013; Poste d'observation: Ntui)
Fig.16. Diagramme ombrothermique
(année d'observation 2014; Poste d'observation: Ntui)
Ø Relation entre perceptions et trajectoires de
vie des paysans producteurs
Après les analyses uni-variée et
bi-variée qui ont essayé d'apporter une certaine
compréhension à ces différents liens, les analyses des
correspondances multiples (ACM) vont essayer à leur tour de confirmer ou
d'infirmer.
Les résultats de l'analyse en composante multiple
montrent que 100 % des perceptionssont expliquées par le plan
factoriel composé des axes 1 et 2 représentant
respectivement75,27 % et 24,74 % de l'inertie totale. L'axe 1 est
formé par les variables changement de température saison
pluvieuse >10 ans élevé (TSPE>10), changement
quantité de pluie il y a 10 ans faible (QP10F), changement de
température saison sèche il y a 5 ans faible (TSP5F) par actif et
âge et niveau d'instruction par actif lui sont significativement
associés. L'axe 2 par changement de température saison
sèche il y a 5 ans faible (TSP5F), changement de température
saison pluvieuse >10 ans élevé (TSPE>10), changement
quantité de pluie il y a 5 ans faible (QP5F) et changement
quantité de pluie actuellement faible (QPAF) par actif lui sont
significativement associés (Fig. 17). Il en ressort que la variable sexe
n'influence sur les perceptions. Par contre les variables niveau d'instruction
et tranche d'âge ont une influence. D'où la gente féminine
perçoivent les changements dans leur environnement au même titre
que les hommes.
Fig.17. ACM sur les perceptions
paysannes face aux variabilités climatiques et changements
environnementaux.
Indicateurs : SP=température pendant
la saison pluvieuse; SS=température pendant la saison sèche;
FVV=fréquence des vents violents; QP=quantité de pluie;
FP=fréquence des pluies.
Périodes : AE=actuellement
élevé; AM=actuellement moyen; AF=actuellement faible; 5E=5ans
élevé; 5M=5ans moyen; 5F=5ans faible; 10E=10ans
élevé; 10M=10ans moyen; 10F=10ans faible; >10E=plus de 10 ans
élevé; >10M=plus de 10 ans moyen; >10F=plus de 10 ans
faible.
Ø Relation entrepratiques d'adaptationet
trajectoires de vie des paysans producteurs
Les résultats de l'analyse en composante multiple
montrent que 84,12 % des pratiques d'adaptationsont expliquées par
le plan factoriel composé des axes 1 et 2 représentant
respectivement58,22 % et 25,90 % de l'inertie totale. L'axe 1 est
formé par les variables :pas Association des Cultures (AC non), Lutte
contre les extrêmes Précipitations rien à signaler (LCEP
ras), Lutte contre les extrêmes Précipitations recommencement
(LCEP rec) et menace des criquets invasion par les chenilles abandon de la
parcelle détruite (MCIC apad) par actif et âge et niveau
d'instruction par actif qui lui sont significativement associés. L'axe 2
par Lutte contre les extrêmes Précipitations recommencement (LCEP
rec), menace des criquets invasion par les chenilles utilisation des
insecticides (MCIC ins), adoption de nouvelles variétés non (AnV
non), Lutte contre les extrêmes Précipitations rien à
signaler (LCEP ras)par actif et niveau d'instruction et estimation du capital
foncier qui qui lui sont significativement associés (Fig. 18). Le sexe
au même titre que l'âge n'influence pas sur les pratiques
d'adaptation alors que le niveau d'instruction, capital foncier et niveau
d'instruction influence pour leur part ce dernier.
Fig.18. ACM sur les pratiques
paysannes d'adaptation face aux variabilités climatiques et changements
environnementaux.
LCEP=lutte contre les extrêmes précipitations
(absi: abandon du site, uculac: utilisation des cultures adaptées, rec:
recommencement, ras: rien à signaler) ; LCIn=lutte contre les
insectes nuisibles (unpl: utilisation des nouveaux plants, abpar: abandon de la
parcelle) ; AC=association des cultures (non, oui) ; UPL=utilisation
des pesticides locaux (oui, non) ; UEC=utilisation des engrais chimiques
(non, oui) ; UPC=utilisation des pesticides chimiques (non, oui) ;
UEL=utilisation des engrais locaux (non, oui) ; DPR=décalage de la
période de semis (non, oui) ; MCIC=menace des criquets invasion par
les chenilles (ins: utilisation des insecticides chimiques, apad: abandon de la
parcelle détruite, uc: utilisation des cendres de bois) ; AnV=adoption
de nouvelle variétés (non, oui).
|