CHAPITRE III.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Ø III.1. Résultats
III.1.1. Caractérisation
des profils historico-écologique et socio-économique des
exploitations agricolesdes sites d'étude
III.1.1.1.
Caractérisation du profil historico-écologique et
socio-économique des sites d'étude
La présente étude a été
menée dans l'arrondissement de Ntui précisément dans les
villages Bindalima II, Nachtigal et Nguette. On y distingue principalement deux
groupes de population: les populations autochtones
«Bàkí» aussi appelées «Ossananga»
(Ossa'a medjo= voici le fleuve et nnangala medjié= voilà ma
maison.) qui vivent dans la région depuis plusieurs
générations et les populations allogènes ou immigrantes
arrivées à la suite de la construction du pont sur la Sanaga en
1979 (Etons et Manguissas) auxquels s'ajoutent les Yambassas, les
Bamilikés, les Toupouris, les ressortissants de la région du
Nord-Ouest sans oublier les Maliens et les Nigériansrécemment
installés.Les langues parlées sont letukí(le Tocenga
[tòt?é?gà] parlé, dans les villages Kela, Kousse,
Odon, Mbanga, Koro, Edjidingouli, Nguette, Essougli, Nachtigal etc.) et le
Tumbele [tùmbélè] (parlé, dans les villages
BiatsotaI, Biatsota II, Bindandjengué, Bindalima I, Bindalima II,
Koundoung, Kombé, Bilanga etc.). Les habitants de Bindalima II sont
issus d'une grande famille, ceux de Nachtigal forment trois grandes familles et
Nguette plusieurs familles.
Ces villages sont identiques. Les Bàkí sont
majoritairement des agriculteurs. Ils accordent un très grand
intérêt aux cultures de rente, principalement le cacao, sans pour
autant négliger les cultures vivrières. Les cultures
vivrières sont très diversifiées dans cette partie du
pays. Les Bàkí s'adonnent particulièrement à la
culture des ignames (Dioscorea spp.), du maïs (Zea
mays), des arachides (Arachis hypogea), du manioc(Manihot
esculenta), du macabo (Xanthosema spp.), de la patate douce
(Ipomoea batatas),du concombreet des cultures
maraîchères. Cette préférence est basée d'une
part sur les habitudes alimentaires, qui incluent une grande consommation de
maïs frais (grillé), d'arachides bouillis(à la coque), de
couscous et de bâton de manioc qui sont des dérivés du
manioc amer. D'autre part, le choix de ces cultures est porté sur le
revenu qu'elles procurent ; ce qui est le cas de l'igname blanche.Une nette
répartition du travail de la terre est remarquée dans cette
zoneagro écologique. Tandis que les femmes s'attellent aux cultures
vivrières pour la survie quotidienne de la famille, les hommes sont
beaucoup plus tournés vers la culture du cacao qui leur permet de
réaliser de grands projets tel que la construction ou l'agrandissement
de la maison familiale. Les cultures vivrières sont pratiquées en
milieu savanicole et l'agriculture de rente (cacao) se faisant tant dans les
galeries forestières et surtout actuellement dans les savanes. La coupe
artisanale des espèces commerciales par les particuliers et
l'agriculture itinérante sur brûlis entrainent une nette
diminution des forêts galeries de même que la disparition des
fruitsappelés localement «Mahoma'a» (espèce non
déterminée), qui étaient consommés
préférentiellement par les singes.La chasse est réduite
à la récolte des petits gibiers (écureuils, castors etc.).
L'activité pêche est réduite à sa plus simple
expression, elle se fait uniquement dans les cours d'eaux car il n'existe pas
d'étangs piscicoles. La cueillette du vin de palme est plus l'oeuvre des
jeunes hommes et quelques hommes âgés, les femmes quant à
elles récoltent les PFNL (Djansang, le poivre sauvage).Malgré les
initiatives dans les associations, et les interventions de l'IITA (Nguette)
à travers ses différents séminaires de formation,
l'absence de formations en agriculture et environnementales sont à noter
dans ces villages.
Malgré toutes les potentialités
susmentionnées, ces villages semblent connaitre un développement
lent car jusqu'à ce jour les routes sont dans un état piteux, les
coupures du réseau électrique sont courantes. Ces villages n'ont
pas de marché vivrier. Certains étrangers font l'achat des
récoltes agricoles porte à porte. Ils écoulent ces
produits au marché de Ntui ou les ramène à Yaoundé
via le bac ou par pirogue à moteur de Nachtigal. Bien que les
réseaux de téléphonie mobile soient au nombre de quatre au
Cameroun, la localité est uniquement couverte par deux réseaux
(MTN et Orange) qui accusent parfois des perturbations dans la transmission. De
ce fait, les points de chute se trouvent sur des zones de haute altitude.Il est
à noter que chaque ménage a presque son point de chute.
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