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Démarche lean et respect des bonnes pratiques de fabrication.


par Pauline Bezault
Université François Rabelais de TOURS - Master 2 Management de la Qualité et des Projets 2019
  

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IV. L'intérêt économique d'une stratégie Lean pour l'entreprise

Pour se protéger des crises financières, qui affectent leur stabilité, toutes les entreprises cherchent à améliorer leurs performances, afin de maximiser les profits et minimiser les pertes. C'est particulièrement vrai depuis les années 2000, avec la volonté des gouvernements de diminuer les dépenses de santé.

Nous allons tout d'abord définir la performance de façon générale. Ensuite, nous étudieront comment le Lean peut influencer cette performance, à travers la chasse aux gaspillages.

Qu'est-ce que la performance?

Nous pouvons décrire la performance grâce à deux outils. Le premier est couramment utilisé dans le domaine de la gestion de projet. La performance peut être décrite à l'aide d'un triangle, dont les trois sommets sont une bonne qualité, un coût maitrisé et des délais respectés :

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Figure 1 : Modèle de la performance en gestion de projets

L'évaluation de la performance se fait alors en analysant l'équilibre entre ces trois dimensions. Cet équilibre doit correspondre aux besoins du client, et cela influencera sa satisfaction.

Le deuxième est le modèle de performance de Gilbert, qui décrit la performance comme « Un équilibre entre les objectifs visés, les moyens matériels et immatériels pour les réaliser, et les résultats obtenus » (GILBERT & YALENIOS, 2017). On peut alors préciser trois axes d'évaluation de la performance :

- La pertinence, qui est définie par le rapport entre les objectifs initiaux et les ressources acquises pour les atteindre.

- L'efficience, qui est le rapport entre les résultats obtenus et les ressources utilisées - L'efficacité, qui est le rapport entre les résultats obtenus et les objectifs initiaux.

Figure 2 : Schéma représentant le modèle de performance de Gibert (GILBERT & YALENIOS, 2017)

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On peut développer la performance d'une organisation en agissant sur ces trois axes. On cherchera alors à optimiser les méthodes d'acquisition des ressources pour n'obtenir que ce qui est nécessaire (pertinence), ou bien améliorer les méthodes de production des résultats afin de diminuer la consommation des ressources (efficience) ou encore fixer des objectifs au en tenant compte des capacités réelles de l'organisation (efficacité).

Ces deux modèles peuvent être appliqués à un service d'Assurance Qualité, qui agit alors comme une organisation à l'intérieur de l'entreprise, en étant à la fois un fournisseur de services, mais aussi un client, vis-à-vis des autres départements de l'entreprise.

Les gaspillages nuisent à la performance

Nous avons vu précédemment cinq valeurs appliquées par les japonais sur l'usine Toyota, pour redresser la performance de l'entreprise :

- Réduire les gaspillages

- Assurer une qualité optimale des produits, dès le début de la production

- Produire à la demande des clients, pour réduire les stocks

- Impliquer le personnel de production dans le diagnostic et la résolution des problèmes

- Favoriser l'amélioration en continu, de façon dynamique et en intégrant tous les acteurs

concernés

Nous allons voir que la réduction des gaspillages facilite l'adoption des quatre autres valeurs. Les gaspillages nuisent à la performance, car ils ajoutent un coût supplémentaire et non essentiel au cout de fabrication d'un produit. Michael BALLE et Godefroy BEAUVALLET définissent dans leur ouvrage Le Management Lean (2016) la marge d'une entreprise. C'est un facteur de rentabilité, qui représente la différence entre le prix, c'est-à-dire ce que le client donne pour un produit, et les couts engagés par l'entreprise pour ce produit :

Marge = Prix - Coût

Selon ces deux auteurs, « toute activité industrielle a un coût inévitable, auquel s'ajoute un surcoût évitable : le coût de gaspillage (BALLE & BEAUVALLET, Le Management Lean, 2016). On peut donc écrire :

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Marge = Prix -- (Coût inévitable + surcoût évitable)

En diminuant le surcout évitable, on diminue le coût global de production, et on augmente donc la marge engendrée.

Dans la philosophie Lean, le gaspillage est défini comme « le coût de la non-valeur ajoutée » ( (BALLE & BEAUVALLET, Le Management Lean, 2016). Cela nous amène à définir le terme de valeur ajoutée, qui peut être traduit par « la valeur que le client est en droit d'attendre d'un produit ou service, qui correspond à la satisfaction d'un besoin » (DEMETRESCOUX, 2017).

Nous retrouvons ici la satisfaction du client, qui est au coeur d'une démarche qualité. Le gaspillage serait alors l'utilisation de ressources pour produire un produit ou un service, mais qui n'ajouterait pas de valeur au produit, du point de vue du client.

Taiichi Ôhno, ingénieur chez Toyota, est le premier à avoir étudié en détail cette non-valeur ajoutée. Il montre dans son livre Toyota Production System4 que la vraie valeur du travail ne représente qu'une partie du temps des opérateurs, le reste pouvant être qualifié de gaspillage. Il a ainsi détaillé sept catégories de gaspillages, qu'il appelle Mudas (déchets en japonais). Ils peuvent être rencontrés dans tous les domaines, comme les zones de production ou les espaces de bureaux.

- Surproduction : produire plus que le besoin, ou bien trop tôt par rapport au besoin. C'est le plus important des types de gaspillages, car il peut entrainer d'autres types de gaspillages, comme les stocks.

- Attente : toute ressource (machine, personnel, matière) à l'arrêt, en attente. Cela entraine des stocks, mais peut aussi altérer la ressource (péremption de matière, désengagement du personnel)

- Transport : tout déplacement de ressource (matériel, personnes, information), qui n'est pas nécessaire à la production.

4 Source : Source : Taiichi Ôhno, Toyota Production System : beyond large-scale production, Productivity Press, (1988)

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- Stocks : accumulation de plus de matière que le minimum raisonnable pour la production. Cela engendre un cout très important, car un stock nécessite de la place qui n'est plus disponible pour la production, mais il faut aussi garantir de bonnes conditions pour éviter d'altérer la matière. Enfin, d'un point de vue comptable, les produits stockés sont une perte, car ils ont consommé de la ressource, nais n'ont pas encore été valorisés.

- Mouvement : tout mouvement superflu, qui est dangereux ou pénible pour le personnel. - Défaut : toute perte entrainée par une activité qui ne correspond pas à l'exigence. Cela

concerne aussi les activités qui ne sont pas « bonnes du premier coup », et qui nécessitent

une correction, ne réparation ou la mise au rebut de la production.

- Processus excessif (ou sur-qualité) : processus qui comporte des actions superflues, ou excessivement complexe. Cela peut être la source d'erreurs, et donc paradoxalement, de défauts.

Un huitième gaspillage a été rajouté ultérieurement, et concerne une mauvaise utilisation du potentiel humain des collaborateurs, par exemple, en ignorant le potentiel des opérateurs dans les activités d'amélioration continue, qui sont pourtant au contact de l'outil de production et ses dysfonctionnements.

Ces gaspillages peuvent être engendrés par deux autres formes de gâchis, qui en sont donc des causes plus profondes. Le premier est appelé Mura, ou variabilité et le deuxième Muri, l'excès.

La variabilité et l'excès, des causes de gaspillages

Le mot Mura désigne en japonais ce qui est irrégulier, variable ou aléatoire. En pratique, cela se traduit par des pics d'activités en fin de période, une répartition inégale de la charge de travail, un manque de standards conduisant à la variabilité des résultats, mais aussi des pannes, l'absentéisme, ou encore des ruptures d'approvisionnement.

Tout cela conduit à produire des gaspillages, qui ont pour rôle de prévenir ces évènements aléatoires. On peut penser aux stocks de matière première ou d'en-cours, pour pallier des ruptures de la chaine de production, ou encore à l'attente engendrée si ces stocks ne sont pas suffisants. Des défauts sont aussi engendrés par la variabilité des processus, qui ne sont alors plus conformes aux exigences.

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Le mot Muri désigne tout ce qui est excessif dans une organisation. Cela peut être l'achat d'un trop grand nombre de machines pour les besoins de la production, une sur-utilisation d'un équipement, ou bien la fixation de délais excessivement courts, une surcharge de travail ou de pression sur les employés. Cela peut entrainer des pannes, qui provoquent des attentes sur la chaine de production, mais aussi de la fatigue et du stress pour le personnel.

Pour conclure, nous avons vu que l'ensemble des outils Lean ont pour but de réduire ces gaspillages, en préservant les ressources utilisées à mauvais escient, et en améliorant les processus de production, ce qui permet d'augmenter la productivité d'une entreprise.

Cependant, les Hommes sont au coeur du travail, et de la performance d'une entreprise. En effet ils dirigent l'entreprise, prennent des décisions et contrôlent l'outil de production. Quelle est leur place dans une démarche Lean, et quels sont les apports d'une telle démarche pour le management ?

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein