WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Démarche lean et respect des bonnes pratiques de fabrication.


par Pauline Bezault
Université François Rabelais de TOURS - Master 2 Management de la Qualité et des Projets 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARTIE 1 : Etat de l'art

I. Evolution du concept de la qualité et de sa perception

La qualité, un concept général

Le mot qualité est utilisé dans différents contextes. On parle ainsi de « qualité de lumière » en photographie, ou encore de « qualité morales » ou « qualités de coeur » pour un trait de caractère. Le dictionnaire Larousse nous donne les définitions suivantes : « Chacun des aspects positifs de quelque chose qui font qu'il correspond au mieux à ce qu'on en attend ; Ce qui rend quelque chose supérieur à la moyenne ». (Larousse, 2019)

L'Organisation Internationale de Normalisation (International Standardization Organization ou ISO), plus grand organisme de normalisation au monde, caractérise quant à elle la qualité comme étant « l'aptitude d'un ensemble de traits distinctifs intrinsèques d'un objet à satisfaire des exigences » (Editions ISO, 2015). La qualité d'un produit est donc sa capacité à correspondre aux attentes de l'utilisateur, à le satisfaire.

Dans le cas d'un produit pharmaceutique, on peut définir deux types d'utilisateurs, ou clients : les médecins, qui vont prescrire le produit, et les patients, qui vont l'utiliser. En marketing, la satisfaction d'un client est « le sentiment de plaisir qui naît de la comparaison entre des attentes préalables et une expérience de consommation » (BAYNAST, LEVY, & LENDREVIE, 2017).

Les démarches qualités depuis les révolutions industrielles

Après le XIXe siècle et la Révolution Industrielle, le paysage économique est profondément modifié. En effet, on passe d'une économie agraire et artisanale, à une économie tournée vers l'industrie.

Avec le XXe siècle, ces changements économiques conséquents aboutissent à l'apparition d'une consommation et une production de masse. Cela entraîne bien sûr une modification profonde de l'entreprise mais aussi du management dans son ensemble, et notamment de la notion de qualité.

En effet, c'est dans les années 1880 que Frederik Winslow Taylor met au point sa méthode d'organisation scientifique du travail, qui prône une analyse rigoureuse des éléments de travail,

4

en recherchant la « meilleure façon de faire » comme référence. En 1908, Henry Ford reprend ces principes et présente un nouveau modèle d'organisation du travail, basé sur la simplification et la standardisation des composants, afin de permettre une production en série.

C'est aussi à cette époque que des découvertes capitales en médecine sont effectuées, en particulier la pénicilline et l'insuline, respectivement en 1928 et 1921, qui commencent peu après à être produites en quantité industrielle, et donnent le jour à l'industrie pharmaceutique.

Dans la première partie du XXe siècle, la démarche qualité est avant tout une méthode de contrôle, destinée à améliorer la fiabilité des produits fabriqués, et ainsi garantir le bon fonctionnement de l'entreprise. Cette période est caractérisée par deux phases, selon Caby et Jambart (CABY & JAMBART, 2000).

Apparue dès le début des années 1900, la première phase est une phase d'inspection. En effet, la production de masse induit le besoin d'établir des modèles de fabrication standards, pour comparer tous les produits fabriqués à ce standard. Le principal inconvénient de cette méthode est le coût de contrôle rapidement prohibitif, avec l'augmentation des quantités produites. L'année 1924 mène à la deuxième phase, celle de la maîtrise statistique. Les spécialistes de la qualité cherchent alors, en utilisant des outils mathématiques et statistiques, à s'assurer de la fiabilité d'un processus. Il n'y a plus alors de nécessité de contrôler tous les produits créés, mais seulement des échantillons, abaissant considérablement le coût de contrôle.

Une démarche qualité pour rassurer les clients et contrôler les produits

Walter A. Shewhart (1931), dans son livre Economic Control of Quality of Manufactured Products, nous dit que « la qualité maitrisée n'est pas la qualité constante » (SHEWART, 1931). En effet, quand on mesure la fiabilité d'un processus, la mesure obtenue variera, en fonction de différents paramètres. Selon Shewhart, l'important n'est pas d'obtenir une mesure qui ne variera pas, mais que cette mesure varie dans des limites acceptables. Pour cela, il est nécessaire d'évaluer à quel moment il n'est plus intéressant économiquement de produire : c'est une limite à ne pas dépasser.

5

Edward Deming reprend les travaux de Shewhart, et développe les outils statistiques d'un point de vue managérial, dans son livre Out Of The Crisis. Il y développe les « 14 principes de fondamentaux du management » (DEMING, 1982).

L'Assurance Qualité a pris toute son importance pendant la deuxième guerre mondiale. Il était alors vital de contrôler la qualité de la production de masse pour l'industrie de la défense. L'Assurance Qualité provient du mot anglais insurance qui signifie inspirer confiance, rassurer. Elle a pour but de garantir au client la qualité des produits proposés, et de montrer l'aptitude d'une entreprise à acquérir et pérenniser le niveau de qualité recherché.

Cette démarche a donc pour objectif de donner l'assurance au client que l'on met en oeuvre des moyens pour proposer des produits de qualité, afin de lui donner confiance. Le but est d'atteindre et de maintenir les objectifs de qualité définis.

Le modèle de la Qualité totale

Après la 2e Guerre Mondiale, le Japon, totalement détruit, cherche à relancer son économie. Les dirigeants de Toyota mettent au point un système de gestion de l'entreprise simple mais efficace, avec pour objectif de rattraper la production américaine, qui était alors la première puissance mondiale. Ils s'appuient sur cinq valeurs :

- Réduire les gaspillages

- Assurer une qualité optimale des produits, dès le début de la production

- Produire à la demande des clients, pour réduire les stocks

- Impliquer le personnel de production dans le diagnostic et la résolution des problèmes

- Favoriser l'amélioration en continu, de façon dynamique et en intégrant tous les acteurs

concernés

Cette méthode de management est aussi appelée Total Production System, ou système de production totale. L'objectif de cette méthode de management est d'impliquer la totalité de l'entreprise dans la démarche qualité. Elle permet une production plus efficace, et une implication des travailleurs, qui sont directement investis dans la performance de l'entreprise.

6

En 1979, Philippe Crosby publie un livre intitulé Quality is Free2. Il y définit le concept du zéro défaut comme standard de la performance : le but d'une entreprise étant de vendre ce qu'elle produit à des clients, il est primordial de satisfaire ces clients. Pour cela, il lui faut livrer un produit conforme aux attentes du client, à ce qu'on lui a promis. Une dérogation à cette conformité est une entorse à la parole donnée. L'entreprise perd alors de sa crédibilité envers ses clients externes, mais aussi envers ses clients internes. Cela nuit fortement à la capacité d'amélioration de l'entreprise, car elle a perdu en considération, vis-à-vis des clients et des employés.

L'AFNOR retient la définition suivante pour la Qualité totale : « Mode de management d'un organisme, centré sur la qualité, basé sur la participation de tous ses membres et visant au succès à long terme par la satisfaction du client et à des avantages pour les membres de l'organisation et pour la société » (ERNOULT, 2010).

Cette définition place la satisfaction du client comme objectif à long terme d'une démarche qualité, et comme condition sine qua non du succès d'une entreprise. Le management total de la qualité implique aussi la mise en valeur des individus, à travers la valorisation du personnel ou la reconnaissance des mérites. La qualité totale est ainsi une politique de management, qui implique tous les membres de l'organisation, qu'ils soient concernés directement ou non par le processus de production de l'entreprise.

Dans les années 1990, le succès grandissant de Toyota, attribué au Total Production System intrigue les américains. Jim Womak, Daniel Ross et Daniel Jones publient en 1990 un livre intitulé The Machine That Changed The World3, où ils exposent le système de production japonais, comparé aux méthodes de productions américaines ou européennes. Ce livre va permettre la diffusion des méthodes japonaises en occident, qui sera alors appelé Lean Manufacturing, littéralement « production allégée ».

2 Source : Crosby P. (1979). Quality is Free : the art of Making Quality Certain. New American Library (NewYork)

3 Source : Jones, D.T; Ross D. & Womak,J.P (1991). The Machine that changed the World. Simon and Schuster (New York)

7

L'objectif de la méthode Lean est d'améliorer la performance, en se basant sur les principes et techniques déjà à la disposition des managers, et en suivant deux concepts principaux, déclinés en principes de production :

- Le Juste-à-temps : défini comme « La durée idéale de production d'un bien idéale, quand elle correspond aux besoins du client » (BALLE & BEAUVALLET, Le Management Lean, 2016)

o Nivelage de la production en fonction du volume et de la période

o Le flux tiré : on produit pour honorer une commande et pas avant

o Le changement rapide d'outils (SMED)

o L'intégration de la logistique

- L'Autonomation ou jidoka : défini par « la responsabilisation des personnes chargées d'effectuer un travail » (DELBALDO, 2009).

o La séparation de la machine et de l'Homme

o L'arrêt automatique de la chaine de production dès le moindre défaut, sans devoir attendre une décision de la hiérarchie

o Des détrompeurs pour éliminer les causes d'erreur

o Analyser méthodiquement et systématiquement les causes d'erreurs

Le Lean Management est une application des méthodes Lean au management, c'est-à-dire au système d'organisation de l'entreprise. Cette technique de gestion est décrite comme « l'amélioration des performances de l'entreprise par le développement de tous les employés » (BALLE, La définition du Lean management, 2007). L'objectif est alors double : permettre la satisfaction complète des clients, mais aussi le succès et le développement de chacun des employés.

Pour résumer, la philosophie dérivant du Toyota Production System, que l'on nomme « Lean », est un état d'esprit appliqué au monde de l'entreprise, qui vise à réduire toutes les formes de gaspillage, afin de créer de la valeur pour les clients, internes ou externes. Il peut être appliqué à la production, ou encore au management.

8

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci