Les déterminants géopolitiques congolais comme facteurs de l'émergence de la République Démocratique du Congopar Jeremie KANKU WA KADIMA Université de Kinshasa (UNIKIN) - Licence 2020 |
§.3. Le secteur informel et l'émergence de la RDCLe secteur informel est officiellement défini comme « un ensemble d'unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenues pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme » (BIT, 1993). Selon le RNDH 2O14, L'ensemble du territoire de la RDC est marqué par le foisonnement, çà et là, des activitéséconomiques du secteur informel, qui interviendrait pour plus de 70 % dans les opérations de la vie socio-économique. Le secteur informel est une réponse populaire contre la crise économique, et ses opérateurs se recrutent dans toutes les couches de la population. Il fait office de « maquis » pour la survie de ceux que le secteur formel n'a pas pu intégrer ou a rejetés.73(*) En effet, comme nous pouvons le remarquer en République Démocratique du Congo dans la distribution des emplois dans l'ensemble du secteur productif des agglomérations urbaines, le secteurinformel demeure le principal employeur avec plus de 75 % de l'emploi total. Le secteur informelqui joue un rôle de premier pourvoyeur d'emplois, surtout en milieu urbain, l'on constate de fortes disparités et inégalités entre les sexes. Les femmes sont lesplus nombreuses dans ce secteur, mais elles occupent généralement les emplois les moins rémunérés, principalement dans la transformation des produits alimentaires, le petit commerce et l'artisanat domestique, et la couture. En revanche, les hommes se retrouvent dans le bâtiment, les transports et le commerce de gros et de détail dans les magasins. Le secteur informel est aussi caractérisé par la faible productivité et la précarité des emplois. Cependant, en dépit de cette nature de stratégie de survie des masses laborieuses, le secteur informel est très souvent défini par la négative : fuite organisée devant l'impôt, concurrence déloyale, insalubrité urbaine, bref, une prolifération conceptuelle négativiste, qui détermine en grande partie les prises de position vis-à-vis de ce phénomène. En effet, le concept est un outil puissant qui modèle les perceptions, influence l'action et, de ce fait, affecte la réalité. On parle alors de l'économie noire, l'économie sauvage, l'économie de survie, l'économie de la cité informelle, l'économie ne tenant pas la comptabilité, l'économie de pauvre, etc. Alors que le secteur informel s'avère sans doute un acteur de la croissance et donc de l'émergence. Cependant, le gouvernement ne semble pas l'avoir compris de cette manière ou, du moins, il n'en fait pas un des fers de lance de l'émergence recherchée, en donnant aux « champions nationaux » en la matière les moyens pour leur faciliter la tâche. Dans ce sens, Hélène Rey répertorie six processus d'émergence du secteur informel dans des circonstances précises74(*) : Ø Maintien des activités traditionnelles à travers le bouleversement produit par la société industrielle ; Ø Surgissement du secteur informel comme ultime recours pour la survie : l'informalité devient une ressource quand il y a un bouleversement des solidarités traditionnelles, une pénurie d'emplois ou un manque de qualification ; Ø Incapacité des activités modernes à couvrir l'ensemble de l'espace économique, l'insertion peut se faire aussi par défaillance structurelle ; Ø Émergence du secteur informel en concurrence du secteur moderne ; Ø Substitution du secteur informel aux structures en crise à la suite d'une mauvaise conjoncture liée aux aléas du développement ; Ø Activités du secteur informel comme adaptation à des activités clandestines qui, selon l'auteur, peuvent être légales, « alégales » ou nettement illégales. Il convient de reconnaitre tout de même, que le secteur informel apporte une poche d'oxygène dans les poumons fragiles de la gouvernance socio-économique de la RDC qui se révèle incapable d'assumer l'effectivité des responsabilités, nonobstant ses côtés qui portent atteinte à la gestion normale du secteur formel c'est-à-dire dans la couverture de la fiscalité. Le gouvernement congolais est convié à prendre soin de ce secteur en le transformant en vrai acteur de son émergence. * 73RDNH 2014,Op.cit., p.194. * 74REY-VALETTE H. et AIT SOUDANE J., Le rôle du capital humain et social : marché du travail et secteur informel au Maroc, Thèse de doctorant, LASER-CEP, Faculté des Sciences économiques, Université de Montpellier, 2005,p.97. |
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