2- La promotion de la bonne gouvernance par la prise de
conscience de l'intérêt
général.
Les différents programmes de l'Union
Européenne en zone CEMAC mettent un accent sur l'assainissement dans la
gestion des finances. En revanche, cet idéal est encore fortement
gangréné par la mentalité coloniale qui pousse les
administrateurs africains à se comporter comme des héritiers d'un
système où leurs populations sont vouées à les
servir sans contrepartie. C'est ainsi que les pouvoirs publics en Afrique
centrale en particulier jouissent de passe-droits exorbitants adossés
sur un système de corruption bien enraciné. Or, toutes les
politiques publiques prévoient de garantir le bien-être de toutes
les strates sociales tant il vrai que les frustrations qui peuvent naître
au sein d'une frange de la population ont un impact décisif sur le reste
du système politique, alimentant par le fait, la résurgence d'une
multiplicité d'externalités à la fois sur plan national et
même sous-régional et international, comme le terrorisme qui
plonge dans les méandres d'une jeunesse oubliée en quête de
liberté. Cela dit, dans le cadre du PACIE, une batterie de mesures ont
été édictées de concert avec le «
Stratégies de développement & Finances Publiques
» du PNUD pour éviter l'évasion fiscale et la fraude.
Cet esprit est le même qui anime les autres programmes européens
et même ceux qui sont propres à la CEMAC comme les cas du
PREF-CEMAC et du PER, malgré les velléités des agents
publics à suivre cette dynamique. En cela, un effort devrait être
effectué par les pouvoirs publics - dans le cadre des relations
internationales - pour empêcher leurs agents de se livrer à des
actes de corruption en leur assurant un minimum de confort nécessaire
à l'exercice de leurs fonctions, mais aussi par la sensibilisation sur
les inconvénients de ces comportements par rapport au
développement individuel et collectif. Au-delà de cette
perception, c'est le bien-être de l'Homme et de la collectivité
qui doit être recherché.
B- Le calibrage nécessaire de la balance de
paiement et de la situation monétaire
« cémacoise ».
1- Sortir du déficit lié à la
dégradation des composantes de la balance de paiement.
« De nombreux pays africains
éprouvaient des difficultés à équilibrer leurs
balances de paiements, à assurer le service de leur dette, à
obtenir de nouvelles liquidités, à financer leurs importations,
ou à équilibrer leurs finances publiques. Les institutions de
Bretton Woods se devaient donc aussi d'apporter leur contribution dans cette
quête de sortie de sous-développement, étant donné
qu'elles étaient aussi souvent sollicitées par ces pays
en
315 Agbessi Komla (AMEWOA), L'aide au
développement aide-t-elle le développement ?... op. cit, p
67.
89
difficulté. La solution
préconisée par elles fut donc la mise en place de politiques
d'ajustement structurel (PAS) souvent qualifiée de «
conditionnalité économique 316». Pour en
revenir à la balance de paiement317 en tant que reflet du
niveau de développement d'un pays, il s'agit d'un compte-rendu en
crédits et débits ; en crédits sont enregistrés
toutes les ventes et session d'actifs tels que des marchandises, des titres, ou
monnaies entre les résidents et les non-résidents d'un pays ; et
en débits sont enregistrés les achats ou acquisitions d'actifs
par les résidents auprès des non-résidents d'un pays. Cet
instrument rend donc compte des transactions réelles, monétaires
et financières des résidents d'une économie nationale avec
les non-résidents. Sont considérés comme résidents
les nationaux ayant une activité régulière dans le pays
mais aussi les filiales et succursales des firmes étrangères. La
balance de paiement présente ainsi les échanges entre un pays et
le reste du monde qui sont regroupés en trois comptes : le compte de
transactions courantes318 ; le compte de capital319 et le
compte financier320. Durant l'année 2016, les transactions
courantes hors dons de la CEMAC se sont soldé par un déficit
fixé à 6 285,1 milliards de Francs CFA, soit -14,2 % du PIB,
contre 7 119,8 milliards de Francs CFA, soit -15,6 % du PIB en 2015. Cela dit,
l'excédent commercial évalué à 999 milliards de
Francs CFA en 2015 est retombé à 774,8 milliards de Francs CFA en
2016. Les exportations ont donc diminué de 18,9 % pour revenir à
10 649,2 milliards de Francs CFA en 2016, à cause de la réduction
des ventes de pétrole brut soit -22,2 %, de méthanol et autres
gaz soit -15 %, du bois soit -8,1 % et du cacao étant de - 12,6 % soit
une perte de plusieurs centaines de milliards. En revanche, l'augmentation des
ventes de la banane de 4 % et du tabac de 14,5 % a permis de réaliser
une certaine embellie. Ce qui aurait été meilleure dans une
situation où le tissu industriel local est dense et compétitif en
lieu et place d'une économie extravertie basée sur le commerce
des produits de base. Autrement dit, le calibrage de la balance de paiement des
pays de la CEMAC passe par l'industrialisation de pointe et la formation des
ressources humaines de haute qualité. D'autre part, les importations ont
baissé de 18,6 % pour se situer à 9 874,4 milliards de Francs CFA
en 2016. Les déficits des balances des services et des revenus sont
demeurés élevés en 2016, mais en légère
baisse par rapport à l'année 2015, pendant que l'excédent
du compte de capital et des opérations financières a
augmenté à 2 793,7 milliards de Francs CFA en 2016 contre 2 621,2
milliards de Francs CFA en 2015321.
316 Lantame Jean (NIKABOU), Les conventions ACP-EU et
les sanctions économiques ... op. cit, p 11.
317 Gabriel (EBA EBE), séminaire ... op. cit, pp
14-17.
318 Les transactions courantes concernent les biens,
les services, les revenus des travailleurs ou d'investissement, ainsi que la
contrepartie des biens, services et capitaux exportés
gratuitement.
319 Le compte de capital concerne les remises ou
diminutions de la dette d'un pays.
320 Le compte financier comprend les investissements
directs, les investissements de portefeuilles, les autres investissements
(crédits commerciaux) et les avoirs de réserve (or, devises,
DTS).
321 CEMAC, Rapport définitif de surveillance
multilatérale 2016 et perspectives pour 2017, 33e éd,
octobre 2017, p 24.
90
Graphique en pourcentage du PIB du commerce
extérieur de la CEMAC de 2010 à 2017.
Source : CEMAC, Rapport définitif de
Surveillance Multilatérale 2016 et Perspectives pour 2017, 33e
éd, octobre 2017, p 25.
En 2017 et 2018, les échanges extérieurs
de la zone CEMAC ont connu une nette avancée grâce aux
exportations pétrolières. Toutefois, cette situation s'est
dégradée suite au redressement des cours du pétrole brut
en 2019. C'est dire qu'une économie basée sur l'exportation du
pétrole brut ne saurait réaliser la promesse d'un
développement réel, d'où l'urgence de sortir de la
dépendance, loin des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) qui ont
toujours été soldés par un aveu d'échec. D'autre
part, la détérioration du déficit courant en 2019 est
également à mettre en lien avec la dégradation du
déficit de la balance des revenus et du déficit de la balance des
services en dépit de l'augmentation de l'excédent de la balance
des transferts courants. L'excédent de la balance commerciale,
après avoir connu en 2018 comme en 2017 une amélioration
conséquente de 56,3% et 53,8% respectivement, grâce à un
redressement des cours du pétrole brut, a connu une légère
récession en 2019 (-3,0%). Quant à la balance des revenus, elle a
été marquée en 2019 par la détérioration de
son déficit engrangée depuis l'avènement du choc
pétrolier. Celui-ci s'est dégradé de 15,7% en 2019
après 19,5% en 2018. L'augmentation des dividendes versés aux
filiales locales des entreprises étrangères ainsi que les
intérêts et commissions servis sur la dette publique
extérieure est au demeurant un plomb dans l'aile de la balance des
revenus des pays de la CEMAC322.
322 CEMAC, Rapport définitif de Surveillance
Multilatérale 2019 et Perspectives pour 2020 et 2021, 39e
édition, octobre 2020, pp 46-47.
91
Graphique en pourcentage du PIB du commerce
extérieur de la CEMAC de 2014 à 2021.
Source : CEMAC, Rapport définitif de
Surveillance Multilatérale 2019 et Perspectives pour 2020 et 2021, 39e
édition, octobre 2020, p 48.
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