2- ... Par les sociétés multinationales,
obstacle au développement.
La société multinationale comme
« unité de production (des biens et services) ayant des
activités dans au moins deux pays, disposant d'une direction
multinationale et réalisant une partie importante de son chiffre
d'affaires de ses activités à
l'étranger158» se présente comme le
prolongement de la volonté des anciennes métropoles
vis-à-vis des États d'Afrique en général et
d'Afrique centrale en particulier à travers ses activités
extractives de matières brutes en disséminant des branches
productives par l'application d'investissements directs et
153 La théorie ricardienne repose sur le
postulat qui vise à inciter les États à valoriser une
production sur la base de ses avantages comparatifs au lieu de mobiliser des
facteurs rares qui augmentent son coût de production.
154 Nguway Kpalaingu (KADONY), Une introduction aux
relations internationales africaines, op. cit, p 53.
155 Voir : Grain, Les habits neufs du colonialisme les
accords de partenariat économique entre l'UE et l'Afrique, Août
2017, 12 p ; Roger (BLEIN), « Des Conventions de Yaoundé à
l'Accord de Cotonou : 40 ans de « je t'aime, moi non plus » ! »
in Grain de sel, N° 39, juin - août 2007, pp. 4-5
156 Nguway Kpalaingu (KADONY), Une introduction
aux relations internationales africaines, ...op. cit, p 54 ; Rapport
d'information, Le Cameroun face à l'APE avec l'Union Européenne :
Menace ou opportunité ?, Friedrich Ebert Stiftung, Yaoundé,
novembre 2015, p 52 : « La signature en 2009 et la ratification le 22
juillet 2014 de manière isolée d'un APE intérimaire par le
Cameroun a visiblement fragilisé la cohésion politique des pays
d'Afrique Centrale membres de la CEEAC et/ou de la CEMAC »
157 Voir NGNIADO NOGNOU KAMDEM (Edwige),
Incertitude et mise en oeuvre de la politique monétaire dans la
CEMAC, Thèse de Doctorat en Sciences Economiques, Université
de Bordeaux, 29 janvier 2016, p 94. « Il s'agit de l'incertitude sur
l'état réel de l'économie, l'incertitude sur la structure
et la dynamique de l'économie, et l'incertitude stratégique
liée à la réaction des agents économiques et des
marchés financiers aux décisions de politique monétaire de
la banque centrale ».
158 Nguway Kpalaingu (KADONY), Une introduction aux
relations internationales africaines, op. cit, p 185.
36
de portefeuille. « Depuis les
indépendances jusqu'à nos jours, les entreprises
étrangères ont confié à l'Afrique des
opérations de production à des niveaux inférieurs.
Parfois, les tâches des entreprises se limitent aux opérations de
montage, plaçant le continent dans une perpétuelle
dépendance 159 », caractérisée par le
consumérisme à outrance, l'assistance technique pour le
renforcement des capacités des ressources humaines locales
communautaires ainsi que pour sortir de la déliquescence de ses
infrastructures, l'insuffisance de sa production énergétique
causant des délestages multiples, la faible productivité
industrielle marquée par un tissu agroalimentaire rudimentaire
fournissant des denrées incompatibles avec les normes internationales.
La zone CEMAC dans cette division du travail à l'échelle
internationale s'en trouve par ce fait alourdi et peine à sortir du
peloton des pays pauvres. Prenant l'exemple de la CEDEAO (Communauté
Économique des États de l'Afrique de l'Ouest), une enquête
fût menée dans les années 1980160 en Côte
d'Ivoire auprès des sociétés multinationales à
savoir : Nestlé, Air-liquid et Carnaud S.A. montrant la stagnation en
termes de recrutement du personnel et d'investissement dans le domaine
technologique. Dans la zone CEMAC, les programmes de l'Union Européenne
ne sont pas en reste dans cette logique de stagnation en dépit
l'expertise technique et des moyens financiers mobilisés. Les
sociétés multinationales se caractérisent donc par
« la discrimination dans les investissements (dans les pays africains,
elles s'intéressent aux secteurs des produits de base qui ne postulent
pas généralement le capital intensif) ; l'internationalisation de
la production ou la nouvelle division internationale du travail (elle est plus
meurtrière que la forme traditionnelle d'autant plus qu'elle renforce
vigoureusement la dépendance) , · la maîtrise de la
révolution scientifique et technique (les multinationales
détiennent la technologie de pointe qui favorise l'économie
d'échelle et conséquemment la croissance économique, mais
en Afrique les multinationales transfèrent les « miettes »
technologiques , · les techniques pour échapper à la
fiscalité (à cet effet plusieurs techniques sont mises sur pied)
, · la mystification du « secret d'exploitation » , ·
la recherche du contrôle univoque , · le système
industriel singleton , · le transfert des bénéfices
, · le flottement monétaire, la corruption
161».
PARAGRAPHE II : L'ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
SOCIOPOLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DES PAYS DE LA CEMAC.
A- Les enjeux de démocratie et de bonne
gouvernance.
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