Chapitre 2 : Cadre physique et approche
méthodologique
2.1. Cadre physique de l'étude
2.1.1. Situation Géographique de la
RB-BVO
Située entre les latitudes 6° 20' 19.3" N et
7° 7' 41.7" N et entre les longitudes 2° 4' 16.7" E et 2° 4'
22.1" E, la RB-BVO couvre une superficie de 314 300 ha et fait partie
intégrante du site Ramsar 1018. Le zonage soumis à MAB-UNESCO
permet de distinguer trois (03) zones d'affectation au sein de la
réserve. Il s'agit des aires centrales (13867,80 ha), les zones tampons
(19917,10 ha) et enfin les zones de transition (280515,34 ha). Elle occupe
entièrement ou partiellement les communes d'Abomey-Calavi, Adjarra,
Adjohoun, Aguégués, Akpro-Missérété,
Avrankou, Bonou, Cotonou, Dangbo, Porto-Novo, Sèmè-Podji,
Sô-Ava, Toffo, Zè et Zogbodomey (MCVDD, 2020). Le climat est du
type subéquatorial à rythme pluviométrique bimodal et aux
températures favorables toute l'année au développement de
la végétation. Il est caractérisé par deux saisons
de pluie (avril à mi-juillet pour la grande saison des pluies et
mi-août à octobre pour la petite) et deux saisons sèches
(novembre à mars pour la grande saison sèche et mi-juillet
à mi-août pour la petite). La pluviométrie annuelle varie
entre 1150 mm et 1400 mm avec des températures moyennes annuelles
comprises entre 25,7 et 29,3 °C (Kpadonou & al, 2010).
2.1.2. Réseau hydrographique
Le réseau hydrographique de la RB-BVO est
édifié quatre (04) principaux cours et plans d'eau. Il s'agit du
fleuve Ouémé, la rivière Sô, le lac Nokoué et
la lagune de Porto-Novo. Il est constitué de deux axes
parallèles, la rivière Sô et le fleuve Ouémé
(MCVDD, 2020). Cet ensemble forme la vallée de l'Ouémé. La
Sô et l'Ouémé se jettent dans le lac Nokoué
respectivement aux environs de Ganvié et à l'Ouest de Porto-Novo.
La remontée du fleuve Ouémé et du lac Nokoué
provoque de graves inondations dans toute la réserve. Ces inondations
ont lieu en général de fin août à mi-octobre, mais
peuvent survenir dès juillet et se terminer au début novembre.
Les hauteurs et débits varient de façon considérable au
cours d'une même année. Lorsque les pluies intenses au Nord du
delta coïncident avec une forte pluie dans le sud, la vallée de
l'Ouémé est inondée dès juin, ce qui cause de
graves dégâts aux exploitations. Les cours et plans d'eau de la
RB-BVO ont des caractéristiques variées ce qui constitue un
élément fondamental dans la manifestation des inondations en ce
sens que l'eau qui s'y écoule sature les sols et diminue leur
capacité d'infiltration (Pelissier, 1962).
Le fleuve Ouémé : Son relief
est marqué avec une pente très faible favorisant
l'étalement des eaux pendant la crue. Composé du moyen et du bas
delta, l'Ouémé forme un triangle allongé qui
s'étend sur 70 Km de Bonou à Porto-Novo. Le moyen delta est une
plaine longue de 50 km environ qui s'étend de Bonou à
Azowlissè dans la commune d'Adjohoun. Le lit du
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fleuve est sablonneux ; l'eau est peu profonde en saison
sèche et les berges sont assez hautes. Cette étendue plaine
deltaïque est limitée à l'est par le plateau Pobè
Porto-Novo et à l'Ouest par les marais de la rivière Sô.
Quant au bas delta de l'Ouémé, il débute à la
sortie d'Azowlissè, où la vallée s'étale
soudainement jusqu'à 20 km et se termine à l'extrême sud
où le fleuve se jette dans la lagune de Porto-novo. Dans cette partie,
le lit du fleuve est vaseux, l'eau profonde en saison sèche et les
berges sont basses. La plaine inondable est également basse et reste
marécageuse toute l'année (Pelissier, 1962).
La rivière Sô : Avec une
longueur totale de 84,4 km, la rivière Sô prend sa source dans le
lac Hlan sur le plateau sédimentaire argilo-sableux. Il est dit que la
rivière Sô est un ancien bras du fleuve Ouémé, qui
s'en est détaché. A l'Est, la plaine d'inondation de la
rivière Sô est attenante à celle du fleuve
Ouémé ce qui favorise les échanges de courant. Elle
évolue ensuite parallèlement au fleuve Ouémé. Dans
sa partie supérieure la rivière Sô se subdivise en deux
(02) bras d'importance égale avant de se jeter dans le lac Nokoué
à la hauteur de Ganvié dans la commune de Sô-Ava
(Lalèyè, 1995).
Le lac Nokoué : D'une superficie de
150 Km2, le lac Nokoué à une longueur moyenne de 20 km dans sa
direction est-ouest et une largeur de 11 km dans sa direction nord-sud. Sa
profondeur est comprise entre 0,4 m et 3,4 m et, est directement relié
à l'Océan par le chenal de Cotonou sur une longueur de 4,5 km
avec une largeur de 300 m environ (Gnohossou, 2006). Les crues dans le lac
Nokoué sont modérées lors de la grande saison pluvieuse au
sud. Mais lorsque les apports d'eau du fleuve Ouémé et la
rivière Sô coïncident avec la petite saison pluvieuse au sud,
cette crue est forte et est suivie d'un étiage jusqu'au mois de mars.
L'ouverture ou non du chenal de Cotonou sur la mer conditionne la durée
des crues dans le lac Nokoué. Il se ferme par l'accumulation du sable
d'origine marine, mais il s'ouvre périodiquement sous l'effet des
tempêtes. Cette alternance d'isolement et de communication directe avec
la mer, jointe à l'effet des crues naturelles du fleuve
Ouémé et de la rivière Sô, provoque des variations
très importantes de salinité dans le lac Nokoué
(Gnohossou, 2006).
La lagune de Porto-Novo : Située au
Sud-Est, la lagune de Porto-Novo a une superficie de 35 Km2. Elle communique
d'une part au Nord avec le fleuve Ouémé par
l'intermédiaire d'une multitude de défluents d'où elle
reçoit de l'eau douce et des apports alluviaux en période de
crue. D'autre part elle prend contact avec le lac Nokoué au Sud-Ouest
par le canal de Totché et plus à l'Est avec l'océan
atlantique à Lagos d'où elle reçoit de l'eau salée
en saison sèche (Akogbeto & al, 2018). La figure 2 présente
la situation géographique et le réseau hydrographique de la
RB-BVO.
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Figure 1: Carte de la situation
géographique et du réseau hydrographique de la RB-BVO
Source : MCVDD, 2020
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2.2. Approche méthodologique 2.2.1.
Matériel d'étude
Les matériels utilisés pour collecter les
données et leurs utilités sont consignés dans le tableau
ci-dessous.
Tableau 1 : Matériels d'étude
N° MATÉRIELS UTILITÉ
01 Questionnaire Il a permis de recueillir les données
aussi bien qualitatives que
qualitatives auprès de sujet (ménage)
individuellement pris à travers l'échantillonnage.
02 Guide d'entretien Cet outil spécifique aux
autorités et autres personnes ressources a permis de recueillir des
informations relatives aux usages communautaires des services
écosystémiques d'approvisionnement dans la RB-BVO.
03 Appareil photo Il a permis de faire des prises de vues lors de
nos observations
directes des formes d'utilisation des services
écosystémiques d'approvisionnement de la réserve.
04 Enregistreur Cet outil a été utilisé
surtout lors des entretiens directs avec les
autorités communales d'une part, et d'autre part pour
l'enregistrement des témoignages des acteurs locaux au cours des
enquêtes.
05 Drone Cet appareil a servi à faire des photographies
aériennes des différents
écosystèmes édifiés par les cours
et plans d'eau de la réserve afin de procéder à leur
description.
Source : Adikpeto, (2021)
2.2.2. Collecte de données
Recherche documentaire et
pré-enquête
C'est la phase de recours à la littérature dans
divers centres documentaires ainsi que les recherches via internet pour avoir
des informations de base sur les services écosystémiques en
général avec un focus sur les travaux antérieurs sur les
services écosystémiques d'approvisionnement de la basse
vallée de l'Ouémé. Notre champ de lecture a
également été élargi à la gestion des aires
protégées et réserves de biosphère MAB-UNESCO,
ainsi que d'autres thématiques en rapport avec la présente
étude.
Quant à la pré-enquête, elle a eu lieu
durant les mois de Mars et Avril, et a consisté à faire une
prospection des vingt-huit (28) villages de cette étude. Cette descente
a permis de s'assurer de la conformité des données
géographiques issues de la littérature. Cette étape aura
également permis de prendre attache avec les principaux acteurs au
niveau de chacun des villages prospectés. Ce premier contact avec
l'univers statistique a permis de faire un diagnostic sommaire des services
écosystémiques afin de dégager les principaux facteurs de
pression pour définir les grandes orientations à donner à
ce travail de recherche.
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Technique d'échantillonnage
La technique d'échantillonnage adoptée dans le
cadre de cette étude a été à la fois
raisonnée et aléatoire simple. Le choix raisonné des
villages est justifié par des critères géographiques et
démographiques. D'abord, les villages considérés doivent
être riverains de l'un des principaux cours et plan d'eau de la
réserve (fleuve Ouémé, lagune de Porto-Novo, lac
Nokoué et rivière Sô). Ensuite, ils doivent avoir la plus
forte densité de ménages parmi les villages du même
arrondissement ayant le même positionnement géographique. Ainsi,
les villages de Zoukou, Dagba Hè, Ahouanzonmè, Abéokouta,
Ouébossou dans la commune de Bonou ; Dékanmè,
Alanzoumè, Fanvi, Agonlin, Kodé Akpo et Togbota Oudjra dans la
commune d'Adjohoun ; Hounhouè, Damè et Hêtin-Sota dans la
commune de Dangbo ; Hoiunta, Dogodo, Aniviékomè et Gbodjè
dans la commune des Aguégués ; Assakomey, Domeguédji,
Somai, Sokomey, Dakomey, Ahomey-Gbékpa et Ahomey Lokpo Centre dans la
commune de Sô-Ava ; et enfin Kpoguidi, Kétonou et Tchonvi dans la
commune de Sèmè-Podji sont retenus
La taille de l'échantillon a été
déterminée à l'aide d'un calculateur en ligne utilisant la
formule de Dagnelie en situation de taille de population inconnue (Rahmann
et al, 2018). La formule utilisée par le calculateur est la
suivante :
n = z2*P(1-P) / e2
où n est la taille de
l'échantillon, z est une constante issue de la loi
normale selon le seuil de confiance 95% et z=1,96, p
: est le pourcentage de gens qui représente le caractère
observé, et e est la marge d'erreur
d'échantillonnage choisie. La répartition des
enquêtés groupés par commune est présentés
par les données du tableau 2.
Tableau 2 : Synthèse de
l'échantillonnage
COMMUNES
|
EFFECTIF
|
z2*P(1-P) / e2
|
PERSONNES RESSOURCES
|
TOTAL
|
COMMUNE
|
ETUDE
|
Aguégués
|
8463
|
1988
|
85
|
2
|
87
|
Sô-Ava
|
20356
|
6961
|
126
|
2
|
128
|
Sèmè-Podji
|
49490
|
3900
|
29
|
2
|
31
|
Bonou
|
7721
|
1614
|
78
|
2
|
80
|
Adjohoun
|
15309
|
1272
|
32
|
2
|
34
|
Dangbo
|
19613
|
2362
|
45
|
2
|
47
|
RB-BVO
|
120952
|
18097
|
|
|
407
|
Source : INSAE, 2013 ; Adikpéto, 2021
A la lumière de cette technique
d'échantillonnage, le nombre de ménages enquêtés par
commune varie entre 32 à 126 pour un total 407 ménages pour
l'ensemble de l'étude. Deux personnes ressources ont été
identifiées et enquêtées dans chacune des communes
considérées. Cependant, le choix des ménages pour
administrer les questionnaires a été fait suivant la technique
d'échantillonnage par réseau ou technique de boule-de-neige
(Dufour &
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2021
Larivière, 2014). Cette technique a
consisté à faire construire un échantillon par les
enquêtés eux-mêmes. L'échantillon est
constitué à partir d'un petit nombre d'individus répondant
aux caractéristiques des personnes à enquêter. Par la suite
d'autres répondants sont ajoutés au fur et à mesure
à partir de recommandations faites par les premiers.
2.2.3. Traitement des données
Catégorisation des principales formes
d'utilisation des ressources en eau de surface de la RB-BVO par les
différents groupes ethniques riverains.
- Valeur d'importance des services
écosystémiques
La valeur d'importance (IV) des services
écosystémiques telle que proposée par (Byg & Balslev,
2001), traduit ici la proportion d'enquêtés qui identifie une
activité ou un usage comme service écosystémique. Sa
valeur varie de 0 à 1. Elle est déterminée par la formule
suivante :
IV= nis/n
Avec nis le nombre d'enquêtés
qui identifie une activité ou un usage comme service
écosystémique et n le nombre total
d'enquêtés.
- Valeur consensuelle (UCs)
La valeur consensuelle des formes d'utilisation (Cs)
a permis de mesurer le degré de concordance entre les
enquêtés sur les usages faites des services
écosystémiques selon la méthode (Thomas & al,
2009 ; Lougbegnon & al, 2015). Elle s'exprime par :
Cs= (2ni/n) - 1
Avec ni le nombre d'enquêtés
utilisant un service écosystémique dans les formes d'utilisation
proposées, et n le nombre total d'enquêtés. Elle
est comprise entre [-1 et 1]. Si ni = 0 ; Cs = -1 et si ni = n, Cs = 1. Ceci
traduit le degré de consensus des enquêtés sur les
différentes utilisations possibles des services
écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de
surface de la réserve.
Caractérisation des techniques d'usage des
principaux services écosystémiques d'approvisionnement des
ressources en eau de surface de la RB-BVO
- Fréquence de citation (FC)
Pour chaque technique d'usage des services
écosystémiques identifiée, l'analyse de l'importance s'est
faite à base de la fréquence et de citation (FC) suivant le
modèle de (Byg & Balslev, 2001). Elle est
déterminée par la formule :
FC = Nombre de citation d'une technique x 100 Nombre
total de répondant
Pour l'analyse des fréquences de citation, les
intervalles de valeurs permettent d'apprécier l'importance relative de
chaque technique en présence.
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Evaluation de l'impact des techniques d'usage des
services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau
de surface sur les composantes environnementales de la RB-BVO, et perspectives
pour une utilisation durable des ressources.
- Analyse des Composantes Multiples
(ACM)
L'ACM a été utilisée pour rassembler les
points de vue de différents acteurs sur les impacts probables des
techniques d'usage des services écosystémiques sur les
composantes environnementales de la réserve. Les axes
d'interprétation des résultats dépendent de plusieurs
variables. D'abord, les deux dimensions 1 et 2 capturent le pourcentage (%) de
l'inertie totale (variation) contenue dans les données. Si le % est
inférieur à 50 % alors on dit que tous les points ne sont pas
aussi bien représentés par les deux dimensions. Ensuite, les
catégories avec un profil similaire sont regroupées. Ces
catégories corrélées négativement sont
positionnées sur les côtés opposés de l'origine du
graphique (quadrants opposés). Enfin, la distance entre les
catégories et l'origine mesure la qualité des catégories.
Les points qui sont loin de l'origine sont bien représentés par
l'ACM.
- Gradient écologique
Sur les principaux cours et plans d'eau de la réserve
(fleuve Ouémé, lagune de Porto-Novo, lac Nokoué et
rivière Sô) il a été réalisée une
analyse suivant les gradients écologiques à travers des
toposéquences. Ainsi, le point en amont est pris au nord du fleuve
Ouémé (Ts1 : Village Dogba-Hê), le point médian est
pris sur la rivière Sô (Ts2 : village Ahomey-lokpo Centre). En
fonction de la base évasée de la réserve, deux points ont
été pris en aval ; le lac Nokoué (Ts3 : village de
Sokomey) et sur la lagune de Porto-Novo (Ts4 : village de Goho). En dehors du
point de la lagune de Porto-Novo qui est orienté (Nord - Sud) les 3
autres toposéquences ont été réalisées
suivant une orientation (Ouest - Est). Les paramètres liés
à la qualité et quantité de l'eau, l'état de la
terre, de la faune et la flore ont été appréciés
par les communautés elles-mêmes. Un total de 4
toposéquences permettra de faire une analyse croisée des impacts
des techniques d'usage des services écosystémiques
d'approvisionnement des ressources en eau de surface sur la réserve.
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