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Mémoire professionnel ERP Vincent Auriol (Muret)

( Télécharger le fichier original )
par Marlène BEDOS
Université de Toulouse Jean Jaurès - Master 2 Professionnel Psychologie Sociale du Travail et des Organisations 2017
  

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CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU DANS

L'ANALYSE DE LA DEMANDE

1. LE TRAVAILLEUR HANDICAPÉ

« Est considéré comme travailleur handicapé, toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par les suites de l'altération d'une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale ou psychique ». (Article L. 5213-1 du Code du travail)

Pour se voir reconnaître la qualité de travailleur handicapé, la personne, à partir de 16 ans (en activité, en apprentissage, demandeur d'emploi, en recherche d'emploi) doit résider sur le territoire français, être de nationalité française ou européenne (Union Européenne) ou disposer d'un titre de séjour régulier l'autorisant à travailler.

Cette reconnaissance peut permettre de bénéficier de l'obligation d'emploi définie par la loi du 10 juillet 1987 modifiée par la loi du 11 février 2005 à laquelle sont soumis les employeurs (secteur public et secteur privé) qui ouvre droit :

- Si la personne est en recherche d'emploi :

- au bénéfice des aides de l'AGEFIPH1,

- à l'accès à la Fonction Publique par concours ou par recrutement contractuel spécifique,

- à des aides spécifiques vers l'emploi, versées ponctuellement par l'AGEFIPH ou par le FIPHPF2.

- Si la personne est en emploi :

- à une reconnaissance officielle des difficultés auxquelles elle peut être confrontée dans le cadre de son travail,

- au bénéfice d'avantages liés à son poste (aménagement de locaux, horaires adaptés ...) mais en restant soumis aux droits et aux obligations du Code du Travail,

1 Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées.

2 Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées pour la Fonction Publique.

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- au bénéfice de l'aide des SAMETH3 (ex : ergonomie du poste de travail, reconversion professionnelle ...) pour se maintenir dans l'emploi,

- à un accès plus facile au bilan de compétences, aux formations professionnelles si la personne souhaite se former ou changer de métier,

- au bénéfice d'un doublement du préavis légal en cas de licenciement (maximum 3 mois).

> Travaux autour du handicap et du travail

Plusieurs études (Ville & Ravaud, 1994 ; Ravaud & Ville, 1986) montrent l'impact direct ou indirect de la situation de handicap sur le représentation de soi, l'image de soi et l'estime de soi. La situation est différente selon que le handicap résulte d'un déficit acquis ou d'un déficit précoce.

Dans le premier cas, il est question d'un certain travail de deuil et les recherches reprennent les mêmes modèles et les conclusions quant aux processus engagés par la perte. Pour les déficits de naissance ou précoces, les mécanismes divergent des précédents. Portalier (2010) met en évidence un processus qui débute par l'annonce du handicap, puis par une période de doute, qu'il nomme « phase apocryptique », de culpabilité et de secret, pour aboutir à une phase de reconstruction parfois perturbée par une instrumentation importante du déficit.

D'autres études (Anaut, 2008 ; Samuel-Lajeunesse et al., 2008) traitent plutôt des processus d e coping, de « faire face », de résilience mis en place par le sujet confronté à cette nouvelle situation.

Le concept de résilience s'adapte bien à l'étude des comportements propres à certaines personnes en situation de handicap. Les préoccupations se concentrent sur l'étude des stratégies cognitives et les ressources utilisées pour « accepter » le handicap et retrouver l'estime de soi supposée perdue. On parle alors de coping ou de « capacité à faire face » qui renvoie à « tous les types d'efforts individuels mis en oeuvre pour diminuer ou contrôler les situations sources de stress et réduire les émotions négatives consécutives à ces situations » (Le Disert, 1985). Les études tendent à révéler qu'il s'agit d'un deuil impossible et que le handicap et ses conséquences restent, sur le fond, inacceptables.

Les stagiaires accueillis à l'ERP Vincent Auriol présentent tout type de handicap, que ce soit physique, sensoriel, neurologique ou psychique. La psychologue nous indique que les stagiaires accueillis présentent de plus en plus de polypathologies.

3 Service d'Appui au Maintien dans l'Emploi des Travailleurs Handicapées.

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2. LA MOTIVATION

La motivation est définie comme étant « le processus physiologique et psychologique responsable du déclenchement, de l'entretien et de la cessation d'un comportement, ainsi que de la

valeur appétitive ou aversive conférée aux éléments du milieu sur lesquels s'exerce ce comportement. » (Grand Larousse de la Psychologie, 2011, p. 589). Dit autrement « le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement. » (Vallerand et Thill ; 1993).

Plusieurs études permettent de faire ressortir trois caractéristiques de la motivation (Dolan, Lamoureux & Gosselin, 1996 ; Feertchak, 1996 ; Vallerand & Thill, 1993) : l'effort, la persistance et l'orientation :

- l'effort renvoie à la force ou à l'énergie déployée par le sujet pour atteindre son objectif : « [...] c'est ce qui déclenche l'activité, la dirige [...] » (Lévy-Leboyer, 1984, p. 50).

- la persistance fait référence à la persévérance et à la constance dont fait preuve le sujet dans son comportement : « [...] la [l'activité] prolonge tant que ces buts ne sont pas atteints [...] » (Lévy-Leboyer, 1984, p. 50).

- l'orientation représente la qualité et la pertinence des comportements adoptés par le sujet : « [...] la [l'activité] dirige vers certains buts [...] » (Lévy-Leboyer, 1984, p. 50).

La motivation présente deux aspects différents, la motivation liée à des facteurs internes, c'est-à-dire la motivation intrinsèque et celle liée à des facteurs externes, c'est-à-dire la motivation extrinsèque. Il nous semble important de souligner ces deux aspects de la motivation, afin de ne pas tomber dans l'écueil de la déresponsabilisation liée à une perte ou une absence de motivation. Nous souhaitons relever qu'au vu de la demande formulée, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur cette double dimension de la motivation ; la demande portant sur l'adéquation de la motivation de certains stagiaires avec la mission principale de l'établissement, nous devons envisager l'hypothèse où la personne arriverait en formation très motivée et verrait celle-ci s'estomper du fait de facteurs extérieurs liés à son environnement.

Les motivations intrinsèques réfèrent donc à des activités effectuées pour elles-mêmes et pour la satisfaction qu'elles génèrent. On distingue les sources de motivation à l'accomplissement (liées au sentiment de se réaliser dans l'activité), à la connaissance (liées à la

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possibilité d'acquérir des connaissances, d'explorer de nouvelles questions dans l'activité) et à la stimulation (liées au plaisir sensoriel, aux émotions éprouvées dans l'activité). Une personne intrinsèquement motivée choisit librement de s'impliquer dans son activité et tire « l'énergie » qu'elle y déploie de l'adéquation qu'elle éprouve entre la pratique de cette activité et ses valeurs et compétences. C'est ce que l'on appelle « l'auto-détermination » de la régulation, qui signifie que le sujet a une part prépondérante dans la régulation sujet/activité.

Les sources extrinsèques de la motivation sont extérieures à l'exercice de l'activité car elles proviennent des buts que celle-ci permet d'atteindre : l'activité est ici envisagée dans son caractère instrumental. Quatre types de régulations extrinsèques existent, qui se différencient par leur degré d'auto-détermination. La régulation intégrée provient de la représentation du métier exercé comme constitutif de l'image de soi, comme composante importante de l'identité. La régulation identifiée provient d'une activité qui satisfait à des aspirations importantes de la personne dans sa vie : par exemple, trouver un équilibre entre la vie de travail et la vie hors travail. La régulation introjectée renvoie à une activité effectuée par obligation personnelle, selon des règles ou des contraintes sociales que la personne a intériorisées et auxquelles sa conformation préserve son image de soi ou l'image renvoyée par autrui. Le contrôle de cette régulation étant à l'origine externe, celle-ci est nettement moins déterminée que les deux précédentes. La régulation externe, très peu auto-déterminée, est liée à une activité contrôlée par l'extérieur. Un but poursuivi est ici la recherche (ou l'évitement) de renforcements positifs (ou négatifs).

Vallerand et al. (1989, 1992, 1993) montrent qu'au regard de cette approche, les comportements volitifs qui se manifestent par plaisir pour l'activité et qui aboutissent à un sentiment d'autonomie et de compétence persisteraient dans le temps alors que ceux issus de motivations ou de contraintes externes seraient plus instables. D'autres études plus récentes (Carré, 1998, 2004 ; Battistelli, Majer et Odoardi, 1993, 1994, 1998 ; Battistelli et Odoardi, 200, 2004) ont également mis au jour cette disparité de persistance des comportements volitifs en situation de formation professionnelle ; ces recherches révèlent que la motivation à la formation est constituée d'orientations, de motifs et de dimensions, articulés différemment selon les catégories des sujets et les objectifs de formation avec toutefois une constante : les facteurs intrinsèques liés au souhait d'apprendre et de développer de nouvelles compétences activeraient davantage et de façon privilégiée les conduites d'inscription et de persistance en formation. En outre, ces composantes motivationnelles seraient à même d'évoluer et de se combiner différemment au cours du parcours formatif, en fonction de l'expérience et de la redéfinition des projets pendant la formation.

3. CHAPITRE III : ÉLÉMENTS NOTIONNELS EN JEU DANS L'ANALYSE DE LA DEMANDE 18

L'EMPLOYABILITÉ

Désormais l'État demande aux institutions pédagogiques non seulement de présenter des taux de réussite importants aux examens mais aussi de mieux gérer l'insertion professionnelle des bénéficiaires des formations ; et nous le percevons bien quand la psychologue nous dit que désormais l'ERP Vincent Auriol est amené à être évalué sur ses résultats en termes d'insertion professionnelle. Nous pouvons donc dire que désormais c'est la capacité à rendre « employable » qui est évaluée au-delà de la réussite aux examens. Nous intégrons donc cette notion d'employabilité mais à quoi renvoie-t-elle ?

Selon le Ministère du Travail, la notion d'employabilité renvoie à « la capacité d'évoluer de façon autonome à l'intérieur du marché du travail, de façon à réaliser, de manière durable, par l'emploi, le potentiel qu'on a en soi... L'employabilité dépend des connaissances, des qualifications et des comportements qu'on a, de la façon dont on s'en sert et dont on les présente à l'employeur ». Selon l'Organisation Internationale du Travail (OIT), l'employabilité est « l'aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s'adapter au changement tout au long de la vie professionnelle ».

4. LE PROJET

Selon Boutinet (1993) « le projet caractérise cette conduite éminemment personnelle par laquelle je concrétise ma pensée, mes intentions à travers un dessin approprié ; c'est en même temps cette conduite éminemment relationnelle qui me fait communiquer à autrui mes intentions pour le laisser juge de leur contenu. Tout projet à l'instar de n'importe quel dessin accomplit donc deux fonctions : il matérialise une pensée intentionnelle, ce qui donne l'occasion à l'auteur de mieux savoir ce qu'il veut ; il communique cette pensée, ce qui permet à autrui de ne pas rester indifférent face à l'intention qui lui est présentée.»

Boutinet définit trois traits spécifiques du projet :

- son exemplarité : « le projet s'éloigne du banal et du quotidien pour penser un inédit idéalisé, un ailleurs souhaitable à réaliser » ;

- son opérativité : « nous ne sommes pas dans le rêve ou dans l'utopie, mais dans une réalisation désirée à faire advenir d'une façon ou d'une autre, d'où la nécessité pour un projet de se laisser concrétiser à travers l'une ou l'autre forme appropriée d'explicitation ;

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c'est cette dernière qui va rendre opératoire l'intention » ;

- sa pronominalisation : « le projet n'a rien à voir avec l'anonymat ; il est toujours lié à un acteur individuel ou collectif bien identifié qui se décide, se détermine, s'oriente, s'organise - en un mot- se comporte comme auteur ».

Boutinet (1993) précise la notion de projet professionnel comme « étant un projet par lequel l'individu effectue des choix à travers lesquels il entend se réaliser dans la sphère professionnelle » ; celui-ci peut comporter trois variantes autonomes mais complémentaires, qui sont destinées à entrer en interaction voire en tension :

- le projet professionnel d'emploi à quart, tiers, mi-temps ou plus ;

- le projet professionnel identitaire marqué par une perspective de réalisation et de continuité dans le même travail ;

- et le projet professionnel de mobilité ou projet de carrière échafaudant un itinéraire fait de changements pour les années à venir.

5. LE CHANGEMENT INSTITUTIONNEL

Comme nous l'avons expliqué dans la présentation de l'école, l'ERP Vincent Auriol vit actuellement une période transitoire suite au changement de personne morale effectif depuis le 1er janvier 2017. Comme toute période de transition, des changements sont en train et vont s'opérer dans les prochains mois. Les changements vont probablement impacter la politique stratégique de l'école, ses lignes directrices et donc certainement les valeurs portées par l'école. Ceux-ci s'accompagnent ou vont s'accompagner de résistances potentielles.

5. 1. Les modèles du changement.

Lewin (1951) définit le changement organisationnel comme le résultat d'une série de forces qui s'exercent sur l'organisation. Il souligne le caractère dynamique du processus de changement, en le caractérisant par trois phases qu'il nomme décristallisation (defreezing), déplacement (moving) e t recristallisation (refreezing). Ces phases s'appliquent aussi bien aux organisations qu'aux systèmes d'action et aux personnes. La décristallisation correspond à l'abandon des comportements et des attitudes habituelles et s'accompagne d'une motivation à changer. En organisation de travail, l'organisation abandonne certains réflexes professionnels et remet en cause des compétences clés.

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Les mécanismes qui interviennent dans cette phase sont d'abord l'inconfort, voire le malaise ou l'anxiété, qui entraînent le besoin de changer, puis la reconstruction d'une certaine sécurité psychologique pour pouvoir apprendre autre chose. Le déplacement est la deuxième phase du processus et correspond à une phase d'initiation à de nouveaux modes de fonctionnement, les individus expérimentent de nouvelles actions et changent progressivement leurs pratiques. Les mécanismes psychologiques en jeu dans cette phase transitoire sont l'identification à de nouveaux modèles et l'intériorisation des nouveaux comportements, permettant d'acquérir une nouvelle manière de penser et d'agir. Enfin, la recristallisation consiste à rendre permanent un nouveau champ de forces et à stabiliser le nouvel équilibre atteint ; il s'agit de rendre le changement durable.

Lewin complète cette théorie par celle du champ de forces, en insistant sur le fait que toute réalité consiste en une sorte d'équilibre provisoire entre des forces de stabilisation et des forces de changement. Pour faciliter un changement, il est parfois plus facile de supprimer ou de réduire des forces contraires que de rajouter ou d'augmenter des forces de soutien. Mieux vaut que l'équilibre ne soit pas trop sous-tension. Si l'équilibration se réalise en douceur, avec un peu plus de forces incitatives et un peu moins de forces de résistance ou d'opposition, le mouvement se fera de lui-même, sans trop d'efforts ou de conflits.

Crozier (1977), quant à lui, propose une autre définition du changement : « le changement ne peut se comprendre que comme un processus de création collective à travers lequel les membres d'une collectivité donnée apprennent ensemble, c'est-à-dire inventent et fixent de nouvelle façons de jouer le jeu social de la coopération et du conflit, et acquièrent les capacités cognitives, relationnelles et organisationnelles correspondantes. C'est un processus d'apprentissage collectif permettant d'instituer de nouveaux construits d'action collective qui créent et expérimentent à la fois une nouvelle structuration du ou des champs. [...] L'alternative aux formules de changement technocratiques et/ou autoritaires ne peut être que l'extension et la généralisation progressive de l'expérimentation, c'est-à-dire de l'apprentissage collectif et institutionnel à tous les niveaux, ou plutôt l'organisation des conditions rendant une telle extension possible. » Au travers de son analyse sociologique des organisations, il met en évidence le fait que les acteurs d'une organisation ont des enjeux qui ne coïncident pas toujours exactement avec ceux de leur structure. Ils veulent maintenir ou accroître leur marge de liberté, ou même le pouvoir informel lié à la maîtrise d'une zone d'incertitude qu'ils sont seuls à détenir. Le changement vient souvent bousculer ces relations de pouvoir informel qui se constituent inévitablement, indépendamment des organigrammes et des hiérarchies.

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Après cet exposé théorique des modèles du changement, il convient d'appréhender concrètement les changements qui sont en cours ou bien qui se profilent dans les mois prochains. Pour ce faire le Directeur de l'établissement nous a proposé de nous entretenir directement avec le Directeur-Adjoint de l'EPNAK, en charge des ERP. Cet entretien a eu lieu le 2 mai par téléphone, du fait de la distance entre l'ERP Vincent Auriol et l'EPNAK.

5.2. Synthèse de l'entretien téléphonique avec le Directeur Adjoint de l'EPNAK, en charge des ERP.

L'EPNAK, qui est désormais le nouvel organisme gestionnaire des neuf ERP de France, a les mêmes missions que l'ONAC c'est-à-dire :

- piloter les écoles au niveau national,

- mettre en place un projet national pour les écoles sur lequel viendra s'adosser les projets de chaque école.

Mais son ambition première, qui la distingue de l'ONAC, c'est de créer un collectif des directeurs d'écoles qui mette en place des réunions communes que ce soit concernant les budgets, la gestion, les contenus des projets, choses qui sont déjà mises en place depuis peu.

Au niveau des changements techniques et juridiques c'est-à-dire des changements de statuts de l'institution et donc du personnel repris, il n'y aura pas de changement important au niveau de l'exercice professionnel à proprement parlé. Ce sont les professeurs titulaires qui voient leur cadre juridique être le plus modifié : aujourd'hui ils appartiennent à l'Education Nationale dans la branche de l'ONAC-VG, or l'ONAC-VG a décidé de se séparer des ERP et l'Education Nationale en a profité pour éteindre le corps de métier des professeurs de l'ONAC-VG qui était un corps à part, donc ces professeurs titulaires vont être transférés à l'Education Nationale, ils deviennent des PLP (professeurs de lycée professionnel) : soit ils décident d'aller enseigner en lycée professionnel dans leur région soit ils décident de conserver leur activité dans les ERP et signent un contrat de détachement de 5 ans avec l'EPNAK. De fait, ils deviennent contractuels, avec la possibilité de renouveler le contrat tous les cinq ans. Ce nouveau cadre règlementaire est imposé par les conditions du transfert. Les organisations syndicales de l'ONAC-VG n'ont pas souhaité que la reprise se fasse sous droit privé, il a donc été décidé de reprendre les 500 salariés des neuf ERP de France sous la fonction publique hospitalière ; les postes d'enseignants n'existant pas dans ce cadre légal, ils deviennent contractuels. Le fait d'être contractuels vient impacter le temps de travail c'est-à-dire qu'il y aura désormais plus de temps de présence directe avec les stagiaires quand les stagiaires seront présents et moins voire plus de temps

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de présence quand les stagiaires ne seront pas dans les murs : les temps de présence seront lissés et adaptés aux présences effectives des stagiaires. Il y aura désormais 735 heures de contact direct auprès des stagiaires, 735 heures de temps de préparation des cours en autonomie et 130 heures de participation au projet médico-social de l'établissement et à l'accompagnement vers l'insertion professionnelle des stagiaires.

La mission de l'EPNAK va être autrement plus importante que le transfert des contrats de travail des personnels, puisqu'elle se donne comme objectif de moderniser les ERP en leur permettant de s'adapter aux enjeux actuels de la rééducation professionnelle. Les ERP sont sous-dotés financièrement ce qui implique qu'il sont également sous-dotés en moyens médico-psycho-sociaux et d'accompagnement à l'insertion. La mission de chaque ERP est définie nationalement par un décret en cours d'écriture, cette mission c'est l'insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap, par un biais de formation. Or, on constate, et un rapport institutionnel de l'ONAC-VG le constatait dès 2012, qu'il y a un réel décalage entre le projet actuel des ERP et leur mission nationale ; par exemple, dans un CRP qui a la même mission d'insertion sociale et professionnelle, les équipes médico-psycho-sociale et les équipes d'insertion sociale et professionnelle représentent 20 % du personnel, alors que dans les ERP ce taux n'est que de 2 % en moyenne, aucun ERP ne dépasse les 5 %. On peut donc dire qu'aujourd'hui la mission de formation est exclusive dans les ERP. Il est impératif de moderniser les ERP parce que les financeurs, qui sont l'ARS pour le prix de journée et la Région pour les rémunérations des stagiaires, peuvent à tout moment demander aux ERP de fermer en raison soit du manque d'adaptation des formations aux personnes en situation de handicap soit du manquement à la mission d'insertion sociale et professionnelle. L'EPNAK a donc comme objectif de développer les pôles MPD et ISP afin d'adapter l'accompagnement proposé au public accueilli.

Enfin la dernière mission confiée à l'EPNAK dans le cadre de cette reprise d'activité est de mettre en place des laboratoires d'idées, de développer d'autres formes d'accompagnement des personnes en situation de handicap : par exemple concernant le dispositif d'emploi accompagné entré en vigueur au 1er janvier, l'EPNAK va proposer à une ou deux écoles de tester le dispositif. L'emploi accompagné est un dispositif qui propose un accompagnement professionnalisé et individualisé à des personnes en situation de handicap rencontrant des difficultés dans leur insertion sociale et professionnelle ou dans leur maintien dans l'emploi, sans passer par un dispositif de formation en ERP ou CRP.

CHAPITRE IV. ANALYSE DOCUMENTAIRE ET RECUEIL D'INDICATEURS 23

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon